9 novembre 2000 |
Pour sa première pièce de la saison, la troupe
de théâtre Les Treize présente Les huit
péchés capitaux, un collectif d'auteurs
québécois de renom, dans une mise en scène
collective, du jeudi 16 au samedi 18 novembre, à 20 h,
à l'Amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon
Alphonse-Desjardins. Constituée de huit piécettes
écrites par autant d'auteurs différents, cette
oeuvre présente des séquences de la vie de gens
ordinaires qui se complaisent dans la gourmandise, l'avarice,
l'envie, la paresse, la colère, l'orgueil, la luxure et
un huitième péché à découvrir.
Tout le registre des émotions est touché et un aspect
peu commun de chacun de ces péchés est dévoilé,
assure-t-on. La scénographe professionnelle Annabelle Roy
a confectionné tous les décors et les costumes.
Danny Quine a réalisé une trame musicale originale.
S'adapter rapidement au style et au ton qui varient d'un tableau
à l'autre, voilà le défi à relever
pour les quatre comédiens: Jean-François Cauchon,
Ysabelle Huard, Pierre-Olivier Nadeau et Michelle Therrien. "On
débute avec un texte de Michel Tremblay sur la gourmandise
dans lequel on parle, non pas de bouffe, mais du plaisir de compulser,
de surconsommer, souligne Ysabelle Huard. Ensuite, on aborde l'avarice,
tout le contraire. Ce texte de Jean-François Caron raconte
en effet l'histoire de deux femmes avaricieuses, engagées
dans un mouvement pour apprendre à dépenser et qui
décident un soir de rechuter."
Du rire à la colère
On passe aussi de la comédie burlesque, avec le texte
de Larry Tremblay sur la paresse, au drame obscur avec celui de
René-Daniel Dubois sur la colère. Le premier
raconte les déboires d'un homme d'affaire extrêmement
nerveux qui décide d'entreprendre une thérapie
pour découvrir des trucs pour se détendre. Pour
l'aider dans cette voie, il demande les services peu banals d'une
prostituée. "L'homme se paie les services d'une prostituée,
mais pour des raisons fort différentes de celles auxquelles
on peut s'attendre, explique Michelle Therrien. C'est la piécette
la plus hilarante. La paresse suprême y est représentée."
Le deuxième tableau dépeint le combat que se livrent
deux souvenirs dans la mémoire d'une femme. "C'est
le tableau le plus noir, le plus expérimental, estime Michelle
Therrien. L'auteur veut amener le spectateur à différencier
la haine de la colère."
Avec la courte pièce de Lise Vaillancourt sur la luxure,
on touche au surréalisme. On y relate en effet l'histoire
de deux vieillards qui attribuent une personnalité au sexe,
qui le considère comme une entité distincte. Au
début de la scène, une vielle dame s'approche d'un
vieil homme assis sur un banc et lui dit tout bonnement: "Un
sexe américain n'est pas la même chose qu'un sexe
russe. On croit que c'est la même chose, mais ça
ne l'est pas. Les sexes russes ont quelque chose de moins athlétique,
de moins spectaculaire peut-être, mais de beaucoup plus
théâtral, de beaucoup plus nostalgique."
Vision bouleversante
"Le texte sur l'orgueil de Michel-Marc Bouchard, l'un
des plus grands auteurs de théâtre québécois,
est le plus fort et le plus dramatique de tous", fait valoir
Ysabelle Huard. "On y présente les multiples visages
de l'orgueil et y montre jusqu'où peut mener ce vilain
péché, souligne Michelle Therrien. Et comment les
gens s'enferment dans leur orgueil et refusent l'aide qui leur
est offerte. C'est une vision extrémiste qui m'a bouleversée."
Enfin, L'envie, un texte de Normand Canac-Marquis, raconte
sur un ton dramatique l'histoire de deux amis d'enfance que la
jalousie déchire.
Et le huitième péché ? Personne n'a voulu
le dévoiler. L'auteur René-Richard Cyr proposerait
ici, selon Cloé Paquette, la responsable du projet, un
questionnement intéressant sur la complaisance des gens
dans la société d'aujourd'hui. Ce dernier tableau
ferme la boucle en tissant un lien entre les courtes pièces
pour permettre aux spectateurs de repartir avec une vision d'ensemble.
Par ailleurs, la pièce est conçue de façon
à éviter les coupures entre les tableaux. "On
s'organise sur scène, il n'y a pas de changements de décors.
Des figurants sont d'ailleurs introduits un par un pour aider
dans ces tâches. La musique aussi assure une transition
efficace. Le rythme n'est donc jamais brisé", fait
remarquer Ysabelle Huard.
On peut se procurer des billets en prévente au coût
de 8 $ au Service des activités socioculturelles, au local
2344 du pavillon Alphonse-Desjardins et les soirs de spectacle,
au coût de 10 $. Information : 656-2765.
|