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9 novembre 2000 ![]() |
Il est grand temps de tester l'efficacité réelle
des produits naturels que les femmes utilisent pour contrer les
désagréments de la ménopause, estime la chercheure
Sylvie Dodin. D'une part, parce que ces recherches nous donneraient
l'heure juste sur les bienfaits annoncés de ces produits
et d'autre part, parce qu'elles nous renseigneraient quant à
leurs effets négatifs potentiels sur la santé.
Professeure au Département d'obstétrique et gynécologie
et directrice du Centre ménopause Québec, Sylvie
Dodin s'adressait à un auditoire visiblement captivé
par ce sujet lors du premier colloque annuel du Centre, présenté
à Sainte-Foy, le 27 octobre. L'intérêt des
quelque 300 personnes présentes est représentatif
de l'engouement des Canadiens - et surtout des Canadiennes - pour
les produits naturels auxquels on prête des vertus médicinales.
Cette quête d'alternatives témoigne d'un certain
désenchantement face à la médecine traditionnelle
et à son inséparable allié, le traitement
pharmaceutique. "Près de 70 % des Canadiens utilisent
des suppléments nutritionnels et la consommation d'herbes
médicinales a augmenté de façon exponentielle,
passant de 10 % en 1997 à 28 % en 1999, a souligné
Sylvie Dodin. Seulement le tiers des personnes qui consomment
ces produits l'avouent à leur médecin. Elles croient
que les médecins ne connaissent rien au sujet, ce qui est
un peu vrai, et elles craignent aussi d'être jugées."
Des épines aux plantes
Plusieurs plantes et extraits de plantes médicinales
ont déjà fait l'objet d'études reliées
à la ménopause: vitamine E, huile d'onagre, Don
Quai, actée à grappe noire, millepertuis, Ginkgo
biloba et valériane. Bien peu d'entre elles cependant ont
été conduites selon les règles de l'art,
de sorte qu'un flou scientifique entoure toujours ces produits.
Sylvie Dodin n'écarte pas en bloc les alternatives naturelles
soupçonnées d'adoucir la ménopause. Elle-même
supervise des essais cliniques sur l'efficacité des graines
de lin comme substituts aux hormones pendant la ménopause.
"Ces graines contiennent des phytoestrogènes qui agissent
comme des oestrogènes faibles au niveau du sein, explique-t-elle.
Elles pourraient donc avoir un effet protecteur sur les maladies
cardiaques, sur l'ostéoporose et sur le cancer du sein."
Mais les plantes ont aussi leurs épines, prévient-elle.
"On sait déjà que certaines espèces
peuvent interagir avec des médicaments et provoquer des
effets secondaires indésirables. Il faut être ouvert
aux alternatives non médicamenteuses et aider les femmes
à prendre des décisions éclairées,
conformes à leurs valeurs, poursuit-elle. Malheureusement,
celles qui consomment ces produits sont souvent guidées
par des informations erronées ou incomplètes. C'est
pourquoi il faut favoriser la recherche afin de pouvoir mieux
les conseiller."
Pour qui l'hormonothérapie?
Moins du tiers des Québécoises de plus de 45
ans prennent des hormones de remplacement pendant la ménopause,
en dépit des bienfaits attribués à ces produits.
Les femmes éprouveraient, semble-t-il, des réticences
à consommer de tels médicaments sur une base régulière.
Pour permettre aux femmes de poser un choix plus éclairé
sur le sujet, Sylvie Dodin a procédé mardi, au Centre
ménopause Québec, au lancement d'un outil d'aide
à la décision pour les femmes en questionnement
au sujet de l'hormonothérapie de remplacement. Grâce
à une approche structurée qui intègre les
valeurs personnelles de chaque femme, l'outil L'hormonothérapie,
est-ce pour moi? promet de faciliter ce difficile choix.
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