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2 novembre 2000 ![]() |
La première étude d'importance sur la prévalence
de la coqueluche chez les adolescents et les adultes démontre
clairement que cette maladie ne frappe pas que les enfants. Plus
du quart des 4 900 cas rapportés au Québec en 1998
concernaient des patients âgés de plus de douze ans.
De plus, cette étude, publiée dans un récent
numéro du Journal of Infectious Diseases par Gaston
De Serres, Ramak Shadmani, Bernard Duval, Nicole Boulianne, Pierre
Déry et Louis Rochette de la Faculté de médecine,
et leurs collègues Monique Douville Fradet et Scott Halperin,
révèle que les complications de cette maladie sont
plus fréquentes chez les adultes (28 %) que chez les adolescents
(16 %). La coqueluche a dégénéré en
pneumonie chez 2 % des patients de moins de 30 ans alors qu'elle
a frappé entre 5 à 9 % de leurs aînés.
La liste des autres problèmes rapportés comprend
la sinusite (13 % des cas), l'otite (4 %), l'incontinence urinaire
(4 %), les fractures de côtes (2 %) et les évanouissements
(2 %).
Chez les adolescents, la maladie est surtout transmise par les confrères et consoeurs de classe (39 %) alors que chez les adultes, la famille est pointée du doigt (32 %). Les professeurs semblent particulièrement vulnérables puisqu'ils représentent 17 % des cas rapportés chez les adultes, soit un facteur de risque quatre fois plus élevé que l'adulte moyen.
Seulement 58 % des cas de coqueluche rapportés dans cette étude ont été correctement diagnostiqués dès la première visite chez le médecin. L'année dernière, l'équipe de Gaston De Serres avait découvert que plus de 85 % des cas de coqueluche n'étaient pas diagnostiqués par les médecins; ceux-ci reconnaissent mal les principaux symptômes de cette maladie ou hésitent à poser un diagnostic de coqueluche. Les symptômes incluent une toux persistante pendant deux semaines ou plus, accompagnée de quintes soudaines, intenses et sporadiques, d'un "chant du coq" bruyant au moment de l'inspiration et de vomissements ou d'apnée en fin de toux. Les personnes atteintes sont malades longtemps, parfois jusqu'à dix semaines. D'ailleurs, la traduction littérale du nom chinois de cette maladie est "la toux des cents jours". Il existe des antibiotiques efficaces contre la coqueluche, mais encore faut-il que la maladie soit diagnostiquée.
Le Québec a commencé la vaccination contre la coqueluche en 1946. En 25 ans, les cas ont dégringolé de 4 000 à 300 par année. Sa rareté pendant les années 1980 a fait en sorte que les médecins ont peu d'expérience pour en reconnaître les symptômes. Le haut taux de vaccination contre cette maladie amène les médecins à écarter parfois trop rapidement ce diagnostic. L'épidémie de coqueluche, qui dure depuis le début des années 1990, serait attribuable à une baisse d'efficacité des vaccins. "L'efficacité normale est de 85 % mais elle a chuté à 60 %, explique Gaston De Serres. Depuis 1998, nous avons un bon vaccin mais il est donné aux nouveau-nés seulement. Il risque donc d'y avoir encore de nombreux cas chez les enfants vaccinés avant 1998."
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