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2 novembre 2000 ![]() |
Reddition de comptes, n'importe quand; interférence,
jamais. Telle est la ligne d'action qui guide l'Université
Laval dans les discussions qu'elle mène en ce moment, avec
les représentants du ministère de l'Éducation
du Québec, sur sa Convention de développement institutionnel
ou sur son "contrat de performance".
"Nous allons gérer nos affaires en fonction de nos
préoccupations. Nous rendrons des comptes, sans aucun doute.
De ce côté-là, nous aurons une très
belle histoire à raconter", a lancé le recteur
François Tavenas au cours d'une conférence qu'il
a prononcée en fin d'après-midi, le 26 octobre,
devant une soixantaine de membres de la communauté universitaire.
Le recteur avait accepté l'invitation du Département
de science politique à venir se prononcer sur l'avenir
des universités et sur celui de l'Université Laval.
François Tavenas a d'ailleurs informé son auditoire
qu'il allait rencontrer les responsables du MEQ au début
de la présente semaine et qu'il devait discuter avec le
ministre François Legault le jeudi 2 novembre. "Les
premières informations que nous avons eues de façon
informelle nous indiquent que le projet soumis au ministère
a été généralement bien reçu",
a-t-il fait savoir.
Retard à rattraper
C'est à un appréciable tour d'horizon sur la
situation des universités d'ici et dans le monde et à
un examen minutieux du contexte général dans lequel
celles-ci vivent sur les scènes internationale, nationale
et locale qu'ont eu droit, pendant trois quarts d'heure, les étudiants,
les étudiantes, les professeurs et les professeures qui
avaient pris place dans l'amphithéâtre 0-A du pavillon
Charles-De Koninck.
Appelée à jouer un nouveau rôle d'acteur central,
l'université moderne, où qu'elle se situe sur la
mappemonde, doit faire face à nombre de défis dont
celui d'être à l'écoute des besoins de la
société et, en même temps, celui de la protection
de l'autonomie institutionnelle. "Il faut écouter,
mais pas vendre son âme", de rappeler le recteur Tavenas.
Le thème du financement, et ses variations sur le réinvestissement,
l'autonomie ou la non-ingérence, est revenu tel un leitmotiv
tout au long de la présentation du recteur.
"Il y a du mouvement partout, a constaté François
Tavenas. Il y a du réinvestissement public substantiel
à peu près partout dans le monde. Nous étions,
jusqu'à cette année, l'exception dans le monde développé.
Nous ne le sommes plus, c'est tant mieux. Mais comme le réinvestissement
ailleurs dans le monde ne nous a pas attendus - il continue à
se faire de façon très substantielle - je ne suis
pas sûr qu'on ait encore atteint un rythme qui va nous permettre
de rattraper le retard. Cela doit donc être pour nous une
préoccupation."
Pour le recteur de l'Université Laval, le gouvernement
du Québec devra consentir des efforts particuliers s'il
veut protéger et améliorer la situation qui a prévalu
chez nous, depuis 20, 30 ou 40 ans, dans le secteur de l'éducation
supérieure. "On peut tous se réjouir de voir
se terminer la période de coupures et de voir réapparaître
celle du réinvestissement. Il faut cependant se rappeler
que les 300 millions de dollars annoncés pour 2002 doivent
être comparés aux 400 millions (et plus) qui ont
été coupés durant la période de 1994
à 1998. Je ne suis pas certain qu'on en ait vraiment regagné",
devait répéter plus tard ce dernier.
Capitale avec une minuscule?
Par ailleurs, le sort de la région de Québec,
au sein de laquelle l'Université Laval joue un rôle
majeur comme catalyseur de revitalisation, préoccupe grandement
le recteur François Tavenas. Selon lui, le gouvernement
québécois a surtout investi dans la région
de Montréal; il s'est aussi engagé à la pièce
de façon relativement importante dans certaines régions
(comme la Gaspésie) pour régler des problèmes
ponctuels, mais il a de la difficulté à se positionner
par rapport à la Capitale, qui se situe "quelque part
entre les deux".
"Il est clair que le gouvernement du Québec a un petit
examen de conscience à faire, juge le recteur. Il a été
à l'origine d'une bonne partie du chômage qui se
trouve dans notre région. Il faut qu'il soit à l'origine
de la solution de ce problème, maintenant qu'il a des ressources
disponibles."
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