2 novembre 2000 |
Ce soir, lorsque Marc-André Sirard montera sur la scène
de la salle de banquet du Westin Harbour Castle à Toronto
pour y recevoir le prix Synergie, ce sont les dix dernières
années de sa vie que le chercheur évoquera en trois
minutes. Dans sa courte allocution, il n'entend faire passer qu'un
message: le partenariat avec Semex Canada a été
la locomotive qui a mis le Centre de recherche en biologie de
la reproduction (CRBR) sur les rails et qui l'a propulsé
pendant ses premières années d'existence.
"L'obtention de la Chaire industrielle CRSNG/Semex nous a
permis de recruter des chercheurs, d'accepter plus d'étudiants-chercheurs
et éventuellement d'atteindre la masse critique nécessaire
pour former le CRBR", raconte le professeur du Département
des sciences animales, qui cumule les fonctions de titulaire de
la Chaire et de directeur du CRBR. En retour, Semex, un regroupement
de centres canadiens de reproduction bovine, a bénéficié
de l'expertise de ce groupe de chercheurs. "La moitié
des techniques que Semex utilise aujourd'hui proviennent de transferts
technologiques que nous avons réalisés avec eux",
estime-t-il.
Le partenariat entre l'Université et la firme Semex constitue l'un des quatre cas de transferts technologiques que le Conference Board du Canada et le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie (CRSNG) récompensent cette année à travers tout le réseau universitaire canadien. Quarante projets se faisaient la lutte dans la catégorie d'où l'Université Laval est sortie gagnante (partenariat avec une entreprise de moins de 500 employés).
Donnant, donnant
Depuis la création de la Chaire en 1990, Semex et le
CRSNG ont versé 1 million de dollars pour la recherche
et 500 000 $ en salaires dans ce projet. "Pour une compagnie
comme Nortel, ce sont de petits investissements en R&D, souligne
Marc-André Sirard. Mais pour l'industrie de l'élevage
bovin, c'est considérable parce que les éleveurs
ne sont pas regroupés en grosses compagnies et qu'ils ne
sont pas riches. La création de Semex pour la commercialisation
internationale de la génétique bovine canadienne
a dégagé une marge de manoeuvre suffisante pour
permettre des investissements en R&D."
L'investissement de Semex lui a permis d'exploiter des technologies inédites qui font maintenant école à travers le monde. "Ils ont été les premiers à utiliser le système d'aspiration transvaginale mis au point ici, signale Marc-André Sirard. Cette technique, élaborée par Patrick Blondeau, donne les meilleurs taux de transferts d'embryons au monde. On obtient un taux de réussite de près de 100 % alors que ceux qui ont conservé l'ancienne méthode plafonnent à 25 %."
En dix ans, les fonds investis par Semex ont également permis la formation de 24 étudiants à la maîtrise et de 18 étudiants au doctorat dans le laboratoire de Marc-André Sirard. La plupart d'entre eux ont déniché un emploi en génétique bovine. "Grâce à ce partenariat, nous sommes en mesure de trouver les gens dont nous avons besoin dans nos laboratoires, affirme Robert Chicoine de L'Alliance Bovitech, la filiale R&D de Semex, installée à Saint-Hyacinthe. Autrement, il serait difficile de trouver ce genre de spécialistes." Plus de la moitié des scientifiques à l'emploi de L'Alliance Boviteq ont fait leurs études au Centre de recherche en biologie de la reproduction.
Tel que prévu lors de sa création, la Chaire
CRSNG/Semex fermera ses portes à Noël cette année.
Mais, ça ne signifie pas pour autant que la collaboration
avec Semex est terminée, ajoute aussitôt Marc-André
Sirard. À preuve, en 1997, Semex et le CRSNG s'engageaient
à investir 2 millions de dollars dans le Réseau
canadien sur l'étude du sperme bovin dans lequel l'Université
est partenaire par l'intermédiaire du Centre de recherche
en biologie de la reproduction. "Et nous avons d'autres projets
de collaboration qui pourraient être annoncés bientôt",
ajoute l'inépuisable chercheur.
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