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2 novembre 2000 ![]() |
N'investir que dans des compagnies très bien gérées
et performantes, à l'oeuvre dans des secteurs en croissance.
Ensuite, être patient. Tel est l'essentiel de la communication
qu'a livrée le réputé financier montréalais
Stephen Jarislowsky, le 20 octobre dernier, dans le cadre du Club
des présidents, une nouvelle activité de la Faculté
des sciences de l'administration. Chaque mois, le PDG d'une entreprise
d'envergure internationale s'adressera à un auditoire composé
d'étudiants et de professeurs. Cette formule vise à
permettre un contact privilégié entre les dirigeants
d'entreprises et la relève en gestion.
Âgé de 75 ans, Stephen Jarislowsky est le président-fondateur
de Jarislowsky, Fraser Limitée, une société
de gestion dont les actifs totalisent 23 milliards de dollars.
Il est aussi président d'une fondation qui, il y a quelques
mois, a contribué pour un demi-million de dollars à
la dotation de la nouvelle Chaire Stephen Jarislowsky en gestion
des affaires internationales de l'Université Laval.
Devenir riche sans risques exagérés
Stephen Jarislowsky a expliqué les grandes lignes de
sa philosophie de gestion. Cette philosophie est basée
sur une cinquantaine d'années d'expérience. Selon
lui, elle peut faire éviter des pertes en Bourse et est
suffisamment pratique pour être utilisée par des
non-spécialistes du placement.
"J'ai découvert qu'il n'est pas nécessaire
de prendre de gros risques pour devenir riche sur le marché
boursier, indique-t-il. Coca-Cola, Johnson & Johnson, Loblaws
ne sont pas exactement des titres à risque et chacun peut
donner un rendement annuel constant se situant entre 12 et 15
%. De plus, ma philosophie n'exige pas une énorme connaissance
technique. Seulement du gros bon sens." Selon lui, un placement
de 10 000 $, qui doublerait de valeur à tous les cinq ans
grâce à l'effet combiné du rendement de l'action
et des intérêts composés, rapporterait à
l'investisseur 2,5 millions $, 40 ans plus tard.
Stephen Jarislowsky se tient loin des titres spéculatifs
comme ceux de la technologie parce qu'on ne sait pas, dans bien
des cas, si les compagnies seront toujours en affaires un an plus
tard. Il trouve également peu d'attraits aux obligations
qui, selon lui, ne rapportent pas grand-chose une fois que l'on
a déduit l'impôt et l'inflation. Pour attirer son
attention, une entreprise doit évoluer dans un secteur
d'activité en croissance, de préférence non
cyclique (ex.: le secteur pharmaceutique). Plus important encore,
elle doit être extrêmement bien gérée
afin de satisfaire aux nouveaux critères de concurrence.
Pour le conférencier, un portefeuille qui diversifie adéquatement
les risques doit contenir de 20 à 30 titres de qualité.
Sur le plan géographique, il recommande de se limiter à
cinq ou six sociétés canadiennes. Une bonne manière
de réussir la sélection de ses titres consiste à
suivre un certain nombre de compagnies intrinsèquement
excellentes que l'on aura préalablement identifiées.
"À l'occasion, dit-il, l'une de ces entreprises, pour
des raisons de court terme (ex.: un mauvais trimestre), verra
son action chuter. Achetez, avec les liquidités que vous
aurez en réserve, si le prix représente une aubaine.
Puis, soyez patient." Une autre approche de sélection
consiste à investir dans les sociétés les
plus pondérées d'un fonds commun de placement performant.
De Nortel à Philip Morris
Au cours de la période de questions, Stephen Jarislowsky
a indiqué que Nortel Networks, le géant canadien
des télécommunications, est une entreprise très
bien gérée, mais dont le prix de l'action est par
trop élevé. Lui qui n'a jamais fait d'argent en
Amérique du Sud, il comprend mal pourquoi la division internationale
des Entreprises Bell Canada concentre ses activités dans
cette région. Quant à l'Europe, il estime qu'elle
pourrait assez difficilement concurrencer une économie
entièrement libre comme celle des États-Unis. Le
géant japonais, lui, est à ses yeux très
mal géré. "C'est surtout aux États-Unis
que ça se passe", précise-t-il. Au fait: l'action
du cigarettier américain Philip Morris est actuellement
très payante et très bon marché.
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