19 octobre 2000 |
Deux associations étudiantes s'opposent à ce qu'une partie du boisé situé derrière le pavillon Casault soit coupée pour permettre l'installation d'un dépôt à neige. L'Association des étudiants en foresterie (AFEUL) et le groupe environnemental Univert Laval s'interrogent sur la nécessité d'empiéter sur cet espace vert et questionnent même le choix de l'emplacement retenu pour ce projet. Dans leurs revendications, les deux groupes soulignent la valeur pédagogique et écologique de ce boisé.
Plus tôt cette année, l'Université a reçu une mise en demeure du ministère de l'Environnement l'avisant que les dépôts à neige utilisés jusqu'à maintenant sur le campus n'étaient pas conformes aux nouvelles normes québécoises. "À partir de là, l'Université avait deux options, explique le directeur du Service des immeubles, Gilles Daoust. Ou bien on paie pour faire transporter la neige à l'extérieur du campus dans un site conforme aux normes du ministère ou bien on aménage un site conforme sur le campus. Bon an, mal an, on transporte entre 5 000 et 10 000 voyages de neige en camion chaque hiver de sorte que la première option aurait coûté entre 300 000 $ et 500 000 $ annuellement. De l'autre côté, l'aménagement d'un dépôt à neige coûterait entre 100 000$ et 125 000$ avec des frais récurrents de quelques milliers de dollars par an, ce qui est nettement avantageux sur le plan financier."
Deux sites potentiels
Après analyse des spécifications requises pour
le dépôt à neige, le Service des immeubles
a retenu deux sites potentiels pour le projet: le terrain de pratique
de golf et le terrain au sud de ce dernier, sur lequel on retrouve
présentement des terrains de soccer et de balle ainsi que
le boisé du Casault. Le Service des activités sportives
a choisi de conserver son terrain de golf, dit Gilles Daoust.
Ce choix implique qu'une coupe de 5m de large par 200m de long
doit être pratiquée dans le boisé. "Selon
mon appréciation, une bonne partie de ce que l'on va couper
est de la fardoche, poursuit-il. Le terrain est mal drainé,
les arbres dépérissent depuis quelques années
et on n'a pas d'argent pour aménager le boisé."
Un inventaire réalisé par Denis Verge, technicien au Département des sciences du bois et de la forêt, révèle cependant que ce boisé est le seul site du campus qui abrite du ginseng sauvage, du bouleau gris, un peuplement pur d'érable rouge et du mélèze laricin. Ce boisé est d'ailleurs utilisé dans des cours offerts aux étudiants de foresterie. "C'est le site par excellence pour démontrer l'effet de la dénivellation, de l'humidité et de la richesse du sol sur la végétation", souligne Denis Verge. Ce serait une grosse perte pour le campus s'il était coupé."
Un autre choix ?
Évelyne Thiffault, présidente de l'AEFUL, reconnaît
qu'une partie du boisé ne paie pas de mine, "mais,
c'est quand même un habitat intéressant pour les
plantes et les animaux. De toute façon, ce boisé
ne sert pas à faire du bois de sciage. Il a une valeur
écologique qui lui est propre et on l'utilise dans nos
cours de Systématique forestière et de Fondements
de la foresterie." Ni le Service des immeubles
ni les associations étudiantes n'ont évalué
les impacts qu'auraient la coupe prévue et la proximité
du dépôt à neige sur la valeur écologique
et pédagogique du boisé.
Néanmoins, les deux associations étudiantes tiennent à ce que l'Université reconsidère son choix. "Est-ce que le site choisi est vraiment le meilleur sur le campus?, demande Sophie Dallaire, déléguée aux affaires externes d'Univert Laval. Ne pourrait-on pas envisager l'installation du dépôt sur un site qui a une moins grande valeur écologique comme des gazons par exemple?"
Lundi, l'AEFUL devait manifester son opposition en acheminant au recteur une lettre cosignée par des professeurs de foresterie, accompagnée d'une pétition signée par les étudiants. De son côté, Univert Laval devait se réunir mardi pour décider des suites à donner au dossier. Le même jour, le Service des immeubles entendait aller en appel d'offres afin de sélectionner la firme qui réalisera les travaux. "La construction commencera aussitôt que le contracteur aura été choisi afin que le site soit prêt pour l'hiver, avise Gilles Daoust. Nous y sommes tenus par la loi."
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