19 octobre 2000 |
Qu'est-ce qui peut bien pousser un étudiant ou une étudiante
à s'inscrire à l'université? Poser cette
question, toute simple en apparences, c'est inévitablement
soulever le voile de la complexité qui cache les multiples
visages de la motivation chez la population étudiante.
"Si être motivé dans la vie, c'est d'abord pouvoir
trouver un sens à son action, être motivé
dans ses études, c'est également d'abord pouvoir
leur donner un sens", affirment la psychologue Louise Turgeon
et le conseiller en orientation Henri Hamel. Les deux professionnels
du Service d'orientation et de consultation psychologique de l'Université
se penchent, depuis quelques années, sur les raisons d'étudier
et sur les nombreuses significations attribuées aux études.
Sept paysages
Brodant sur le canevas des croyances, des espoirs, des doutes,
des habiletés et des compétences, ils en sont arrivés
à établir sept grandes catégories de significations
à travers le sens, les couleurs particulières que
peut prendre l'université pour ceux et celles qui la fréquentent.
Turgeon et Hamel ont d'abord identifié l'université
"vide de sens", celle qui correspond à une absence
de motivation. "Ces périodes ne sont pas graves
en soi; elles peuvent même devenir des moments privilégiés
de prise en charge... pourvu qu'elles ne se prolongent pas indûment",
indiquent-ils. Puis, celle du "mal nécessaire":
"Les raisons de fréquentation sont loin de la personne,
loin dans le temps et l'université constitue une espèce
de passage obligé sans grande satisfaction immédiate",
de constater les deux professionnels.
Ensuite, apparaît parfois dans le décor l'université
"norme personnelle", celle des personnes préoccupées
avant tout de faire leurs preuves à leurs propres yeux
et tirant un certain sentiment d'importance d'être à
l'université. "On comprend ici que l'estime de soi
est en jeu. Si tout va bien, les personnes concernées vont
probablement développer une meilleure confiance en elles.
Par contre, si elles vivent des échecs, c'est leur valeur
personnelle qui est touchée et les échecs risquent
d'être très douloureux", fait remarquer Henri
Hamel.
Un exposé, intitulé "La motivation scolaire: comment la maintenir", sera donné les mardi 24 et mercredi 25 octobre à 11 h 30, à la salle 3-B, pavillon Charles-De Koninck.
Quand l'horizon commence à se dégager, c'est
alors l'université "instrument du futur" qui
se profile dans une perspective mieux définie. "Choix
et autodétermination sont les deux mots qui font toute
la différence entre le "mal nécessaire"
et "l'instrument du futur", souligne Louise Turgeon.
Les études deviennent un moyen d'atteindre ses objectifs.
Ici, c'est déjà beaucoup plus que le seul diplôme."
Nous arrivons dès à présent au beau milieu
de cités universitaires plus ensoleillées. Celle,
en premier lieu, de l'université "démarche
de connaissance", où les étudiants sont mus
par le plaisir d'apprendre. Celle, en second lieu, de sa voisine,
l'université "occasion de développement",
au sein de laquelle on veut repousser ses limites, développer
son potentiel, relever des défis. Celle, enfin, de l'université
"sensations", avec son côté stimulant,
excitant, amusant, qui fait dire: "Je me sens plus vivant,
plus vivante quand je viens à l'université; j'aime
les rencontres que j'y fais."
Ces différents paysages de cités de la connaissance
perçues à travers le prisme de l'expérience
personnelle de chaque étudiante et de chaque étudiant,
autrement dit ces "catégories de signification",
ne sont pas étanches; elles peuvent s'influencer, assurent
la psychologue et le conseiller en orientation. On peut même
passer de l'une à l'autre au cours de son expérience
universitaire, et elles peuvent presque toutes habiter un individu
en même temps, révèlent-ils.
Motivation mouvante
Les observations auxquelles les deux professionnels du Service
d'orientation et de consultation psychologique ont pu s'adonner
dans le milieu recoupent d'ailleurs les données d'autres
recherches qui ont porté le même sujet. Selon eux,
l'université "instrument du futur" et l'université
"mal nécessaire" sont des significations partagées
par bon nombre d'étudiants et d'étudiantes qui arrivent
à l'université. Graduellement, cependant, avec les
années, croissent le plaisir et la satisfaction d'apprendre
de nouvelles choses, faisant de plus en plus de place à
l'université "démarche de connaissance".
"Nous pensons que pour que l'université soit une expérience
satisfaisante, il y a lieu d'élargir les assises de sa
motivation tout en sachant bien que l'importance de ces différentes
assises va fluctuer sans cesse au cours du séjour à
l'université", de conclure Louise Turgeon et Henri
Hamel.
Signalons qu'un exposé, intitulé "La motivation
scolaire: comment la maintenir", sera donné les mardi
24 et mercredi 25 octobre à 11 h 30, à la salle
3-B, pavillon Charles-De Koninck.
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