12 octobre 2000 |
Le Centre de recherche de l'Hôpital Laval a réalisé
la première étude sur la mycoflore des scieries
de l'Est du Canada
Le premier inventaire des champignons microscopiques qui flottent
dans l'air des scieries de l'Est du Canada s'est soldé
par une bonne et par une mauvaise nouvelle. La mauvaise d'abord:
l'équipe du Centre de recherche de l'Hôpital Laval
a isolé 1 700 souches de moisissures appartenant à
63 groupes de champignons. La bonne maintenant: cette soupe aérosol
aux champignons ne semble pas affecter la santé respiratoire
des travailleurs de scierie. Voilà ce que rapportent Caroline Duchaine et Anne Mériaux
dans un récent numéro de la revue scientifique Canadian
Journal of Microbiology. Les deux chercheures ont échantillonné
l'air de 17 scieries de l'Est canadien à différentes
étapes de la chaîne de travail: écorçage,
sciage, planage et triage.
Des essences spécifiques
À première vue, l'étape de l'écorçage
semblait problématique puisque, avant d'entrer dans l'usine,
les arbres sont entreposés à l'extérieur,
pour des périodes allant de quelques jours à quelques
mois, dans des conditions qui favorisent la multiplication des
champignons. Des études antérieures menées
en Europe ont montré que la présence de champignons
du genre Rhizopus et Paecilomyces causaient des
maladies pulmonaires (alvéolite allergique) chez les travailleurs
de scierie. "Les études européennes ne peuvent
pas être extrapolées directement ici, parce que nous
n'avons pas les mêmes espèces d'arbres, ni le même
climat", signale Caroline Duchaine.
Grâce au soutien de l'Institut de recherche en santé
et sécurité du travail, les deux chercheures ont
donc réalisé la première étude sur
la mycoflore de nos scieries. Leurs données révèlent
que certaines des espèces qui causent des problèmes
en Europe sont présentes ici mais en concentrations trop
faibles pour avoir un impact sur la santé des travailleurs.
Les espèces les plus courantes appartiennent au genre Penecillium
avec 37 espèces. Des échantillons sanguins prélevés
chez des travailleurs n'ont cependant pas révélé
la présence d'anticorps spécifiques à ces
espèces, indiquant ainsi l'absence de réaction allergique.
Entre l'arbre et l'écorce
Dans une autre étude qui sera bientôt publiée
dans l'American Industrial Hygiene Association Journal,
les deux chercheures et leur collègue Yvon Cormier constatent
que les sites d'écorçage sont les endroits où
les concentrations de champignons, de bactéries et d'endotoxines
sont les plus élevées. "À première
vue, c'est étonnant qu'on ne trouve pas plus de problèmes
respiratoires aux postes d'écorçage qu'ailleurs
dans la scierie, observe Caroline Duchaine. Mais, dans l'usine,
l'écorçage se fait à partir d'une cabine
qui sert sans doute à protéger les travailleurs
contre le bruit mais qui protège aussi leur santé
respiratoire."
Des tests médicaux effectués sur 1 205 travailleurs
révèlent qu'ils ne souffrent pas de problèmes
respiratoires particuliers. Certaines espèces d'arbres
semblent cependant plus allergènes; 5 % des personnes qui
travaillent avec le pin réagissent à un test d'allergie
cutanée contre 2 % pour ceux qui travaillent avec les autres
essences. "Certains travailleurs ont des réactions
allergènes à la plupart des essences mais ce sont
des cas isolés", précise Caroline Duchaine.
Cette dernière étude sera publiée sous peu
dans Archives of Environmental Health.
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