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5 octobre 2000 ![]() |
Les femmes ont joué un rôle prépondérant dans l'édification du passé religieux au Québec. Cette importante contribution a fait l'objet d'une des 12 séances au programme du 67e Congrès annuel de la Société canadienne d'histoire de l'Église catholique, qui a eu lieu sur le campus du 27 au 30 septembre sur le thème "Nouvelles tendances et perspectives en histoire socioreligieuse". Les conférenciers étaient au nombre d'une trentaine. Ils provenaient du Canada et d'Europe et sont actifs en théologie, en sciences religieuses et humaines, en histoire et en littérature.
Plus de 200 publications
La séance intitulée Femmes, religion, histoire
a d'abord permis d'entendre la présentation de Jean-Paul
Rouleau, professeur à la retraite de la Faculté
de théologie et de sciences religieuses. Son exposé
a porté sur les grands axes de la recherche qui s'effectue
depuis 1960 en sciences humaines et sociales, sur les communautés
ou ordres religieux au Québec. Pourquoi les années
1960? "La déstabilisation des communautés religieuses
par les effets conjugués de la Révolution tranquille
et du concile Vatican II, explique le conférencier, a engendré
à cette époque un souci d'acquérir à
leur sujet la connaissance la plus proche possible de la réalité."
En 40 ans, les chercheurs ont accouché de plus de 200 ouvrages
sur les communautés et ordres religieux du Québec,
le gros de cette production paraissant entre 1960 et 1980. L'histoire,
comme discipline scientifique, vient au premier rang pour le nombre
de publications. Les communautés enseignantes, le changement
social et la condition féminine font partie des principaux
thèmes abordés.
Pour sa part, l'étudiante au doctorat Gaétane Guillemette a livré quelques résultats d'une recherche sur sa propre congrégation, la communauté missionnaire des soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Elle dit avoir observé un dysfonctionnement qui a pris la forme d'une stratégie d'évitement. "Cette stratégie, a-t-elle souligné, peut conduire à l'émergence de pathologies sociales et à une forme de névrose institutionnelle. Il s'ensuit une sorte de désocialisation." En plénière, la conférencière a expliqué que sa communauté éprouve de la difficulté aujourd'hui à articuler sa mission apostolique à partir de la vie spirituelle et communautaire de ses membres. "La tendance au veillissement et l'insécurité que provoque le phénomène de décomposition font que les personnes ont tendance à se replier sur elles-mêmes et sur le communautaire, a-t-elle précisé. Et la mission est éclipsée de plus en plus." Cependant, Gaétane Guillemette dit croire en l'avenir de sa congrégation: "Je crois qu'une communauté ne doit pas complètement démissionner. Elle peut voir poindre en son sein des personnes charismatiques capables d'apporter un renouvellement."
L'invisibilité historique des femmes
D'entrée de jeu, Micheline Dumont, professeure au Département
d'histoire et de sciences politiques de l'Université de
Sherbrooke, a indiqué que la perspective féministe
a du mal à s'insérer dans le courant principal de
l'histoire religieuse, ici et ailleurs, courant qui est centré
sur le mâle et sur sa vision des choses. "Les femmes
ont été des actrices du passage à la modernité
de la religion, et cela n'effleure pas les préoccupations
des chercheurs", a-t-elle déploré. La conférencière
a référé à l'ouvrage d'une historienne
féministe américaine pour dire que même une
institution patriarcale comme l'Église catholique a pu
être un lieu d'émancipation pour les femmes ayant
un engagement religieux et mystique. "Poser les femmes comme
sujets de l'histoire religieuse, a expliqué Micheline Dumont,
risque ainsi de nous faire appréhender des aspects entièrement
méconnus de la psyché religieuse."
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