28 septembre 2000 |
À l'occasion de la Manifestation internationale d'art
de Québec qui se poursuit jusqu'au 8 octobre, le licier
québécois de renommée internationale Marcel
Marois expose ses tapisseries à la Galerie des arts visuels.
L'ensemble des travaux présentés à l'Édifice
La Fabrique puise à une technique traditionnelle rigoureuse
dont l'orthodoxie se marie avec bonheur à des thèmes
visuels originaux et à certaines préoccupations
de l'art actuel chères à cet artiste.
Soucieux de respecter la tradition, Marcel Marois utilise un procédé
de fabrication datant du Moyen âge et observe les règles
inhérentes à ce médium. Ses créations
exigent un long et patient travail de répétition,
duquel émergent des oeuvres d'une grande sophistication.
Seules les images représentées, inspirées
de la nature ou d'événements médiatiques,
rompent avec la tradition de la tapisserie.
Un travail minutieux
Artiste méthodique, Marcel Marois suit à la
lettre les étapes traditionnelles d'exécution d'une
tapisserie. "Je dessine d'abord une esquisse très
détaillée de l'oeuvre finale, explique-t-il. Ensuite,
je fais effectuer un agrandissement photo, à l'échelle,
de la maquette. C'est un procédé extrêmement
précis et coûteux. Puis, sur la photo, je délimite
au crayon les zones de démarcation des couleurs. Mon instrument
de travail prêt, je monte le métier, c'est-à-dire
que je transfère l'image sur les fils. Cette opération
prend beaucoup de temps, soit deux jours en moyenne par six pouces
tracés. Enfin, toutes ces opérations préliminaires
accomplies, je commence à tisser."
Exécutées point par point, ces tapisseries représentent
le fruit d'un travail long et fastidieux. À l'ère
où le leitmotiv le plus répondu est "productivité,
rapidité et efficacité", il peut sembler incongru
à certains qu'un artiste consacre des mois, voire des
années, à la réalisation d'une seule oeuvre.
"En voyant mon travail, beaucoup de gens pensent que j'utilise
l'ordinateur et que mes tapisseries sont tissées à
la machine., fait remarquer Marcel Marois. En réaliser
une seule prend un temps considérable. Il n'existe pas
de marché d'art au Québec, alors pourquoi me presser
et voir s'empiler mes oeuvres au fond de mon atelier?"
Une forme d'engagement
Pour créer ses images, Marcel Marois s'appuie, comme
le veut la tradition de la lice, sur une trame narrative. "Les
liciers du Moyen âge s'inspiraient, entre autres, de scènes
bibliques ou mythologiques, souligne-t-il. Moi, je fais souvent
référence à des désastres naturels,
où simplement aux quatre éléments: la terre,
l'eau, l'air et le feu. C'est une forme d'engagement. Mon travail
est d'ailleurs souvent assimilé à des topologies."
Dans ses tapisseries, les bordures constituent une composante
active et, parfois même, dominante. "Dans la série
Pluie, par exemple, fait-il valoir, l'encadrement tissé,
qui occupe le plus vaste espace, se veut une extension du sujet
central. Le cadre donne à chacune des oeuvres son climat,
son caractère, son identité. D'ailleurs, si on regarde
des tapisseries de l'art médiéval, on perçoit
également cette volonté de former une cohésion
entre ces deux éléments." Chaque couleur est
composée de plusieurs fils superposés, donnant à
l'oeuvre un côté vibrant et évanescent, plutôt
inhabituels. "Traditionnellement, la tapisserie était
considérée comme un médium statique, systématique
et opaque. Tout le contraire de mon oeuvre qui n'est que mouvement,
fluidité et nuance", affirme Marcel Marois.
Au cours des années, Marcel Marois a reçu plusieurs
prix et distinctions, notamment le Prix Saidye Bronfman en 1998
et le Canadian Airlines Award for the Arts d'Australie en 1999.
Il a aussi participé à près d'une soixantaine
d'expositions et ses oeuvres font partie de plusieurs collections,
dont celle du Minneapolis Institute of Arts, aux États-Unis.
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