21 septembre 2000 |
C'était le branle-bas, le 18 septembre, à la
Direction générale de la formation continue de l'Université
Laval. La cause de tout cet émoi: la rentrée scolaire
de quelque 3 000 étudiants de plus de 50 ans inscrits à
l'Université du troisième âge de Québec
(UTAQ).
Selon le coordonnateur des programmes de l'Université Laval
du troisième âge, Jean-Benoit Caron, entre 4 000
et 4 500 aînés, âgés en moyenne de 60
ans, fréquentent chaque année le campus universitaire.
"Il y a 10 ans, rappelle-t-il, ce nombre était d'environ
650."
De Bach à Sartre
L'UTAQ a vu le jour en 1983. Elle a pour mission le développement
individuel, culturel et social des 50 ans et plus de la grande
région de Québec. Aucun préalable scolaire
n'est exigé et les cours ne comportent ni travaux ni examens.
Le programme multidisciplinaire se présente sous la forme
de cours, d'entretiens, d'ateliers et de petits déjeuners
culturels offerts par des professeurs ou des chargés de
cours de l'Université.
Cet automne, plus d'une centaine d'activités sont offertes
dans des domaines variés, notamment en art, en histoire,
en droit, en langues vivantes et, bien sûr, en informatique.
"Les gens ici sont fous des cours d'introduction au micro-ordinateur,
précise Jean-Benoit Caron. Nous en formons 200 par trimestre.
Ils veulent pouvoir bien naviguer dans Internet." Très
éclectique, le contenu de la programmation va de Bach à
Sartre, en passant par des sujets tels l'interprétation
des rêves, la conversation italienne, l'astronomie, la Bible
et le yoga.
Une majorité de femmes
En 1983, les femmes constituaient la presque totalité
de la clientèle de l'UTAQ. De nos jours, et malgré
le fait que le nombre d'hommes augmente sans cesse, elles représentent
encore un solide deux tiers de l'effectif. Quant aux diplômés
universitaires (60 % de l'ensemble), leur nombre est également
croissant. "Ces personnes sont pour plusieurs des retraités
du gouvernement et de l'enseignement, explique le coordonnateur
des programmes. Les diplômés universitaires assistent
en très grand nombre aux cours de littérature et
de philosophie. Ensemble, les diplômés collégiaux
et universitaires constituent plus de 80 % de l'effectif."
Plusieurs professeurs renommés prêtent leur concours
à l'UTAQ. Parmi les habitués de longue date, mentionnons
Chantal Masson-Bourque (musique), Louis Balthazar (science politique)
et Jean Du Berger (histoire). Selon Jean-Benoit Caron, il peut
être très stimulant d'enseigner à une clientèle
mature. "Les plus jeunes étudiants posent des questions
d'ignorance, dit-il. Les gens du troisième âge, eux,
peuvent discuter de la matière. L'acte pédagogique
devient alors plus intéressant." Autre chose: contrairement
au jeune étudiant, l'étudiant mature fait le choix
d'assister à un cours. Sa motivation, dès lors,
n'en est que plus grande. "Louis Balthazar, rappelle le coordonnateur
des programmes, m'a déjà dit à propos des
aînés: "C'est sûr que personne ne dort.""
Un lieu de rencontre
Lieu de transmission de connaissances, l'UTAQ est également
un lieu de socialisation pour plusieurs. Un sondage, effectué
en mars 1999 pour l'Association des étudiantes et étudiants
de l'UTAQ, révélait que près de 30 % des
répondants vivaient seuls. "Une fois retraités,
les gens se retrouvent souvent seuls avec leur conjoint, ou tout
seuls, souligne Jean-Benoit Caron. L'UTAQ représente pour
eux un excellent lieu de rencontre."
Le même sondage indiquait également que la très
grande majorité des répondants fréquentaient
l'UTAQ dans le but d'acquérir des connaissances et de développer
des habilités. La géographie/voyage, l'histoire
et la musique venaient aux premiers rangs des matières
choisies par le plus grand nombre.
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