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21 septembre 2000 ![]() |
Pour la première fois de son histoire, la Faculté de foresterie et de géomatique (FFG) a produit un mémoire exposant sa position institutionnelle sur un projet de loi touchant la forêt québécoise. En effet, la Faculté vient de déposer un mémoire dans le cadre des travaux de la Commission de l'économie et du travail chargée d'étudier le projet de loi 136 modifiant la Loi sur les forêts.
Selon le nouveau doyen de la FFG, Denis Brière, il s'agissait là d'une occasion unique qu'il fallait saisir. "Dès mon entrée en fonction, j'ai insisté pour qu'on participe à cette consultation. Il m'apparaissait important de positionner la Faculté sur un sujet aussi important. C'était une belle opportunité de nous mettre en contact avec le milieu forestier et avec le ministère des Ressources naturelles."
Plus de la moitié des professeurs de la Faculté de foresterie et de géomatique ont participé à cet exercice en dépit du fait que la consultation du doyen se soit déroulée en plein coeur des vacances d'été. "Ce n'était pas parfait comme démarche, admet Denis Brière. Nous n'avions que trois semaines pour produire le mémoire et nous savions que nous allions manquer de temps. Mais, de grandes consultations publiques sur la forêt, ça n'arrive qu'une fois à tous les 15 ans et il ne fallait pas laisser passer la chance d'exprimer nos opinions."
Dynamiser la gestion forestière
Le mémoire sera présenté devant la Commission
parlementaire le 5 ou le 6 octobre. Déjà cependant,
le doyen a reçu des appels du ministère et de l'opposition
officielle qui souhaitent le rencontrer avant sa présentation
pour discuter des recommandations de la Faculté. "Le
principal message de notre mémoire est qu'il faut instaurer
des mécanismes pour que l'expertise en R&D des professeurs
de la Faculté soit intégrée dans la réflexion
sur la gestion forestière, insiste Denis Brière.
La gestion forestière doit être quelque chose de
dynamique et la Faculté peut apporter son expertise dans
ce processus d'amélioration continue."
Le mémoire de la FFG porte principalement les aspects qui se rapportent à sa mission d'enseignement et de recherche. Ses recommandations touchent notamment le support financier à la formation de base et à la formation continue de l'ingénieur forestier, l'adoption d'une Politique de recherche forestière et le financement de la recherche, la mise en oeuvre d'une Politique de concertation qui favorisera la participation de la population dans la gestion forestière, l'adoption d'une Politique d'intensification de l'aménagement forestier et la création d'un groupe de travail permanent chargé d'examiner le suivi global des activités d'aménagement forestier. "Nous voulons contribuer de façon constructive afin de permettre au Québec de demeurer un chef de file, au niveau mondial, en matière de gestion durable des ressources forestières", conclut le mémoire.
Deux autres mémoires
L'Équipe de recherche en économie politique
appliquée à la forêt a également déposé
un mémoire dans le cadre de ces consultations. Supervisé
par le professeur Luc Bouthillier, du Département des sciences
du bois et de la forêt, ce groupe réunit une douzaine
d'étudiants-chercheurs intéressés par l'analyse
des modes actuels de gestion forestière et par les nouvelles
avenues visant l'amélioration de la foresterie québécoise.
Selon l'équipe, les propositions contenues dans le projet
de loi 136 ne reflètent pas l'ensemble des préoccupations
de la population québécoise. "La population
réclame une gestion de l'ensemble des ressources forestières
et non une bonification du régime actuel qui vise à
optimiser la production de matières ligneuses tout en minimisant
l'impact sur les autres ressources de la forêt. Il devrait
y avoir des consensus sociaux sur ces questions avant d'autoriser
de nouvelles pratiques sur le terrain."
De son côté, le Groupe interdisciplinaire pour le développement durable, supervisé par Jean-Jacques Chevallier, du Département des sciences géomatiques, estime "que le projet de loi 136 ne permettra pas l'atteinte des objectifs énoncés par le Ministère, en raison de dispositions trop restrictives sur certains aspects, et trop vagues ou lacunaires sur d'autres". Selon les membres de ce groupe de réflexion, il faut "modifier profondément les modes de fonctionnement de l'ensemble du système social, politique et économique concerné par le milieu forestier. Les diverses disciplines scientifiques disposent actuellement d'éléments de solutions opérationnels pouvant efficacement contribuer à l'atteinte des objectifs de la réforme en cours."
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