7 septembre 2000 |
Recherche fondamentale, sciences humaines et sociales, plusieurs secteurs des sciences appliquées, notamment les sciences forestières, semblent avoir été oubliées dans le projet de Politique scientifique du Québec, rendu public cet été par le ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Jean Rochon. C'est ce qui ressort du mémoire de l'Université, présenté le 22 août par la vice-rectrice à la recherche, Louise Filion, dans le cadre des consultations menées par le ministre. |
"Nous nous réjouissons que le Québec se
dote d'une politique scientifique qui reconnaisse pleinement le
rôle que jouent les universités dans le système
de recherche et d'innovation, a souligné la vice-rectrice,
en guise d'introduction. Il est encourageant de voir la place
qui est faite aux universités et aux chercheurs universitaires
et la confiance qui leur est accordée comme acteurs premiers
de cette Politique scientifique."
Cependant, a-t-elle poursuivi, le document s'apparente davantage
à une politique de l'innovation technologique qu'à
une véritable politique scientifique. "L'objectif
de repérer les meilleures façons de relever les
défis de l'innovation technologique dans une perspective
de développement durable est légitime et pertinent
mais il laisse pour compte des pans entiers de la recherche scientifique
qui n'ont pas d'impact économique apparent à court
ou à moyen terme. La Politique ne semble pas donner la
place qui lui revient à la recherche fondamentale dans
des disciplines comme les mathématiques, l'astrophysique,
l'histoire ou les arts et les lettres."
Coller à la réalité économique
Dans un document annexé au mémoire de l'Université,
la Faculté de foresterie et de géomatique estime
qu'il est surprenant que la Politique ne considère pas
la recherche forestière parmi les secteurs "prioritaires
porteurs pour le Québec". La Politique doit, dans
une certaine mesure, coller à la réalité
économique du Québec, souligne le document. Comme
ce secteur d'activité économique se classe au premier
rang avec 15 % du PIB et 80 000 emplois directs, la Politique
devrait en reconnaître l'importance en l'ajoutant à
la liste des secteurs prioritaires ou, au moins, en identifiant
la sylviculture parmi les "secteurs porteurs et émergents".
D'autres domaines dans lesquels l'Université possède
une forte expertise, notamment la francophonie, les études
autochtones, l'enseignement et la pégagogie, les matériaux,
la plasturgie et la biodiversité ont également été
oubliés dans les secteurs prioritaires.
La relève: une urgence certaine
Louise Filion a également insisté sur le fait
que le recrutement de jeunes professeurs était devenu primordial
pour les universités à la suite des coupures budgétaires
des dernières années. Par contre, le mémoire
s'oppose à l'idée de favoriser une "filière
recherche" comme cheminement universitaire. "Les deux
volets enseignement et recherche sont essentiels au professeur
universitaire", a souligné la vice-rectrice, en proposant
plutôt un programme de chercheurs-boursiers identique pour
tous les conseils subventionnaires, avec prise en charge graduelle
du salaire par l'université.
Le mémoire de l'Université Laval salue la volonté
du gouvernement d'augmenter le nombre de bourses d'excellence
du FCAR ainsi que le nombre de stages dans des entreprises. Mais,
ajoute Louise Filion, il faudrait également rendre ces
bourses et ces stages accessibles à un plus large éventail
de secteurs scientifiques, en harmonie avec l'ouverture de la
Politique scientifique vers les domaines des sciences sociales
et humaines. Par ailleurs, une hausse du montant des bourses gouvernementales
nous permettrait d'être mieux armés pour retenir
nos étudiants au Québec.
Le texte intégral du mémoire de l'Université est disponible à l'adresse http://www.ulaval.ca/sg/greffe/Avis/Polscientif.pdf
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