7 septembre 2000 |
Les cinq oies blanches qui, chaque jour depuis quelques semaines, trottent cahin-caha sur l'herbe fraîche à proximité du pavillon Vachon, ne sont ni égarées, ni enrôlées dans une expérience de coupe biologique des gazons. Elles profitent tout simplement d'une pause bien méritée puisque le reste de la journée, elles participent à d'intensives recherches en thermorégulation dans le laboratoire du professeur Jacques Larochelle du Département de biologie.
L'étudiante-chercheure Pascale Otis est la "mère" de cette petite marmaille. C'est elle qui est allée chercher les oeufs sur l'Île Bylot dans l'Arctique canadien à la fin juin, qui les a ramenés à Québec et qui les a veillés jusqu'à l'éclosion. Le premier visage que les oisons ont vu en sortant de leur coquille est le sien. "Les oies sont imprégnées et me considèrent comme leur mère, dit-elle. Elles me suivent et m'obéissent, ce qui facilite les expériences en laboratoire. Il faut maintenir ce lien en étant présent auprès d'elles, en leur parlant et en les amenant marcher dehors chaque jour. Un peu comme des enfants!"
Les travaux de l'étudiante-chercheure portent sur la
thermorégulation chez les oies blanches. "Pendant
la saison de croissance des oisons sur Bylot, la température
moyenne est de 5 degrés Celsius et il vente constamment.
Les oies passent presque 24 heures par jour à manger et
à se déplacer. Malgré cela, leur taux de
croissance est l'un des plus élevés chez les animaux.
En 50 jours, leur poids augmente par un facteur 25. Il faut 15
ans à un être humain pour en faire autant. Ça
en fait donc des sujets intéressants pour étudier
les coûts de la thermorégulation et de la locomotion
dans le bilan énergétique." Dans une chambre
métabolique munie d'un tapis roulant qui lui permet de
reproduire les conditions qui prévalent dans l'Arctique,
Pascale Otis conduit depuis six semaines des tests qui commencent
à 7h30 le matin pour se terminer à 1h ou 2h de la
nuit. Les oies se relaient sur le tapis roulant mais l'étudiante
est continuellement au poste afin de recueillir le plus de données
possible avant que les oisons ne soient grands.
Âgés de 50 jours bientôt, les oisons achèvent
leur carrière en recherche. "Ils sont presque adolescents
et ça paraît, constate l'étudiante-chercheure.
Ils sont indisciplinés et ils respectent moins mes ordres."
Comme les expériences sont terminées, les oies seront
bientôt confiées à un éleveur. La séparation
s'annonce-t-elle difficile? "Non, répond-elle sans
hésitation. L'éleveur est mon oncle et je vais retourner
les voir au moins une fois par mois!", promet-elle.
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