7 septembre 2000 |
Si la flamme olympique arrive à bon port le 15 septembre, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Sydney, le Centre de recherche en aménagement et en développement (CRAD) de l'Université Laval pourra revendiquer, en toute modestie, une partie du succès de l'opération. En effet, les organisateurs des Jeux ont eu recours à un logiciel mis au point par une équipe du CRAD dans la préparation du trajet de la flamme olympique à travers l'Australie. Ce logiciel, MapLogix, a servi à structurer les données numérisées portant sur le territoire australien, une étape préalable indispensable au choix du parcours de la flamme. Au cours des 100 jours de son périple, la flamme olympique a couvert 27 000 km, soit le plus long relais de l'histoire des Jeux. Transportée le plus souvent à pied par quelque 11 000 coureurs, la flamme a également parcouru une partie du trajet en bateau, en train, en avion, à dos de cheval et de chameau! Elle a croisé sur son chemin 1000 villes et banlieues, qui, sur un écran d'ordinateur, forment un écheveau inextricable de routes et de rues. |
Démêler l'écheveau
MapLogix a été conçu et réalisé
par deux membres du CRAD, le directeur Marius Thériault
et l'informaticien Pierre Lemieux. "Nous avons écrit
ce programme pour répondre d'abord à nos propres
besoins de recherche et de formation, signale le directeur. Les
produits commerciaux qui faisaient le même travail coûtaient
environ 10 000 $. C'était trop cher pour équiper
tous nos laboratoires." MapLogix est un utilitaire qui complémente
un logiciel américain, MapInfo, vendu à des centaines
de milliers d'exemplaires à travers le monde. Plusieurs
unités de l'Université, notamment le CRAD, le Département
de géographie, le Département d'aménagement
et le Département des sciences géomatiques, utilisent
couramment le logiciel américain à des fins d'enseignement
et de recherche. "Une fois notre programme écrit et
validé, nous nous sommes dit que s'il était utile
pour nous, il pourrait bien l'être pour d'autres usagers
de MapInfo", poursuit Marius Thériault.
En 1998, le CRAD a confié la mise en marché de MapLogix au groupe KOREM, une entreprise de Québec, dirigée par de jeunes diplômés du Département de géographie. Josée Bouchard, du CRAD, a établi les premiers contacts avec les Australiens alors qu'elle était à l'emploi de KOREM. "Les responsables du parcours de la flamme olympique disposaient d'une base de données géographiques sur toute l'Australie qu'ils exploitaient avec MapInfo, explique-t-elle. Ils devaient planifier le trajet en tenant compte d'un certain nombre de contraintes. Mais ils devaient d'abord s'assurer que leurs données respectaient les règles topologiques, et c'est exactement à quoi sert MapLogix."
Le logiciel du CRAD "nettoie et structure les données cartographiques" et permet, entre autres, d'identifier les rues et routes qui communiquent entre elles dans le spaghetti de lignes qui figurent sur une série de cartes numérisées. Dans le cas de Sydney, les planificateurs du trajet ont ainsi pu éviter de choisir un parcours conduisant dans un cul-de-sac ou encore d'engager la flamme sur une voie surélevée qui ne communique pas avec les rues situées en dessous, même si elles donnent l'impression de se croiser sur une carte en deux dimensions.
La flamme olympique a déjà connu son lot de problèmes dans son périple vers Sydney: népotisme dans le choix des porteurs, attaque à l'extincteur, tentative de vol et décès par arrêt cardiaque d'un coureur. MapLogix a peut-être évité aux organisateurs l'ultime embarras, celui de voir la flamme rater son grand rendez-vous avec l'histoire pour une simple erreur d'aiguillage.
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