7 septembre 2000 |
Un groupe de chercheurs de la Faculté de médecine
et du Centre de recherche en infectiologie a annoncé, dans
une récente édition du New England Journal of
Medicine, qu'il avait mis au point un test de détection
rapide du streptocoque du groupe B. Cette bactérie est
responsable de 80 % des infections qui surviennent chez les enfants
dans les premiers jours qui suivent leur naissance, notamment
les méningites et les pneumonies. Le test pourrait être
utilisé pour diagnostiquer la présence de ce micro-organisme
chez la mère juste avant l'accouchement. Le streptocoque
est transmis lorsque l'enfant entre en contact avec la faune microbienne
du vagin ou de l'anus de sa mère au moment de l'accouchement.
Entre 15 % et 40 % des femmes seraient porteuses du microbe.
Le streptocoque de groupe B provoque des infections qui peuvent
laisser de sérieuses séquelles, notamment la cécité,
la surdité ou le retard mental, et même provoquer
la mort chez les bébés naissants. En 1998, par exemple,
2 000 nouveau-nés américains ont eu une infection
causée par le streptocoque du groupe B et 100 d'entre eux
en sont décédés. Les mères porteuses
du microbe courent également le risque d'être victimes
d'infections graves.
Vite et bien
Les chercheurs Michel Bergeron, Danbing Ke, Christian Ménard,
François Picard, Martin Gagnon, Marthe Bernier, Marc Ouellette,
Paul Roy, Sylvie Marcoux et William Fraser ont mis au point un
test qui repose sur la signature génétique de cette
bactérie. Ce test fournit un diagnostic en seulement 30
à 45 minutes alors que les méthodes conventionnelles
de culture en laboratoire exigent de trois à quatre jours
d'attente. Les essais réalisés au Centre hospitalier
universitaire de Québec chez 112 femmes enceintes ont révélé
la présence du microbe chez 30 % d'entre elles. Un seul
cas a échappé au test, ce qui établit sa
sensibilité à 97 %.
Au début des années 1990, les autorités médicales
américaines ont publié une série de recommandations
visant la prévention de la contamination mère-enfant
du streptocoque du groupe B. En 1998, un hôpital sur trois
n'appliquait toujours pas ces recommandations. Les chercheurs
de Laval souhaitent que leur test soit utilisé de façon
systématique chez toutes les femmes qui s'apprêtent
à accoucher. "Cette approche réserverait le
traitement aux antibiotiques aux personnes qui en ont vraiment
besoin. On préviendrait ainsi le développement de
nouvelles résistances bactériennes", estiment-ils.
En éditorial de son numéro du 20 juillet, le New
England Journal of Medicine estime que "si ce test peut
être adapté à un usage clinique et donner
d'aussi bons résultats, les hôpitaux qui disposent
de l'équipement requis pourraient remplacer la méthode
de culture actuelle (par le test rapide) et réserver les
traitements antibiotiques aux patientes qui ont des complications
avant que les résultats de leur test ne soient disponibles".
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