31 août 2000 |
La Fondation Bagatelle présente, jusqu'au 1er octobre, l'exposition "Pages d'un herbier", une sélection de plus de 70 spécimens botaniques issus de l'Herbier Louis-Marie de l'Université Laval. Cette sélection a été effectuée en fonction des espèces vivantes retrouvées dans le jardin "à l'anglaise" de la Villa Bagatelle. C'est une chance unique d'admirer quelques planches de cet herbier qui compte quelque 435 000 spécimens recueillis depuis le début du siècle, et ainsi, de constater qu'au-delà de leur valeur scientifique, les planches d'herbier possèdent d'inestimables qualités esthétiques.
L'exposition met en valeur plusieurs spécimens indigènes: plantes de sous-bois, arbustes, fleurs sauvages, plantes grimpantes et fougères, dans le but, comme le souligne Lucie Couillard, conservatrice à la Fondation Bagatelle, de sensibiliser le public à la rareté et à la fragilité de ce patrimoine végétal. L'introduction, dans les grands domaines jardiniers de Sillery, de nouvelles espèces vivaces, importées d'Europe et des États-Unis, remonte au XIXe siècle. Cultivées, en partie, pour leurs vertus curatives, certaines de ces plantes ont continué de croître dans leur milieu d'adoption et sont encore présentes de nos jours. Un volet de "Pages d'un herbier " vise à faire connaître quelques-unes de ces échappées de culture.
Chapeau aux précurseurs
Cette exposition se veut également un hommage aux pionniers
de la botanique au Québec. Parmi eux, Michel Sarrazin,
premier médecin du Roi en Nouvelle-France, reconnu pour
avoir expérimenté les propriétés officinales
des plantes sauvages dont les Amérindiens vantaient les
vertus. "Ce qui est intéressant dans le travail de
Michel Sarrazin, c'est qu'il a abondamment commenté les
spécimens qu'il a étudiés", fait valoir
Lucie Couillard. Ses citations accompagnent quelques planches
exposées. On peut lire, entre autres, à propos de
la Podophyllum peltatum, que "sa racine est un poison
très présent dont les sauvages se servent quand
ils ne peuvent survivre à leurs chagrins".
Plusieurs des spécimens anciens présentés dans cette exposition ont été récoltés par l'abbé Léon Provancher, un naturaliste érudit dont les travaux ont servi de base à la publication du manuel Flore canadienne, en 1862. "On peut aisément les reconnaître, notamment à la couleur bleutée du papier servant de support aux récoltes et à la présence, sur une même page d'herbier, du nom latin et des noms vernaculaires, calligraphiés, de la plante recueillie ", fait remarquer Lucie Couillard.
Les plaques de métal gravées et les dessins originaux ayant servi à illustrer le manuel Flore-Manuel de la province de Québec, du père Louis-Marie, publié en 1931, sont également présentés. "Ce matériel possède une grande valeur puisqu'il participe à la dimension artistique inhérente à l'univers de l'herbier par une mise à contribution du talent artistique des passionnés d'horticulture ", estime Lucie Couillard.
La Villa Bagatelle, située au 1563, chemin Saint-Louis, est ouverte du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h. Pour informations: 681-3010.
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