24 août 2000 |
Lucy, la plus lointaine ancêtre du genre humain, a-t-elle
connu le grand amour ? L'amour-passion, longtemps considéré
comme l'apanage des cultures individualistes d'Occident, serait-il
en train de faire une percée dans les sociétés
collectivistes d'Asie grâce aux technologies de l'information
? Voilà deux aspects qu'a abordés la psychologue
et auteure Elaine Hatfield, professeure à l'Université
d'Hawaï, dans le cadre de sa conférence présentée
lors du onzième congrès bisannuel de la Société
internationale de recherche sur les émotions (ISRE).
Elaine Hatfield a d'abord soutenu que, depuis les temps les plus
reculés, l'amour-passion fait partie des universaux culturels
de l'humanité. Pour appuyer ses dires, la chercheure a
projeté une diapositive prise au Musée américain
d'histoire naturelle de New York. Sur cette photographie, un couple
d'hominidés préhistoriques, poilus et simiesques,
marchent côte à côte, le mâle posant
sa main droite sur l'épaule droite de la femelle.
"Cette reconstitution est celle de Lucy et de son compagnon,
a précisé Elaine Hatfield. Elle explique 70 différentes
traces de pas laissées par un couple préhistorique
et préservées jusqu'à nos jours à
la suite d'une éruption volcanique. La position des pieds
était si bizarre que les chercheurs n'avaient aucune idée
de ce qui se passait. Puis, ils ont compris que le couple s'étreignait
et que la femelle se serrait contre le mâle."
L'amour-passion, comme on sait, est ce sentiment inhabituel
et puissant qui fait battre le coeur à tout rompre pour
une personne en particulier, et qui conduit bien souvent à
une vie de couple. Dans un passé récent, les chercheurs
avaient tendance à croire que ce sentiment n'existait que
dans les cultures individualistes d'Europe du Nord et de l'Ouest,
ainsi que dans les pays anglo-saxons. Or, une étude récente
menée en Inde et au Pakistan a révélé
que près de la moitié des répondants, hommes
comme femmes, n'épouseraient pas une personne dont ils
ne seraient pas amoureux et ce, bien qu'elle possédât
toutes les qualités souhaitées.
"Dans des sociétés que l'on croit privées
de romance, a conclu la conférencière, les vidéoclips,
le cinéma et le World Wide Web semblent vraiment en train
de changer les choses."
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