24 août 2000 |
La toilette graphique dont vous avez les résultats sous les yeux a demandé plusieurs semaines de travail intensif, pendant lesquelles la rédaction du Fil et la conceptrice-designer Évangéline LeBlanc ont planché ensemble sur la création d'une grille graphique devant, à la fois, se démarquer de celle du quotidien Le Soleil, se conformer au mandat spécifique du journal de la communauté universitaire et répondre aux contraintes du nouveau calendrier de production établi avec nos partenaires du Soleil.
Le contexte du Fil
Qui a bossé à l'édition et à la
fabrication d'un hebdomadaire a compris, dans sa chair et ses
nerfs, le sens bien concret du mythe de Sisyphe. Comme le rocher
que le fils d'Éole s'échinait à rouler en
haut de la montagne et qui redescendait implacablement à
son point de départ, la fabrication d'un journal repose
sur une logistique quotidienne rigoureuse, faite d'échéances
("deadlines") sectorielles imparables mais assez souple
pour gérer l'imprévu. Une logistique qui mène
inéluctablement à ce jeudi matin où il faudra
tout recommencer à zéro et mettre le numéro
suivant rapidement sur les rails pour que la moitié de
ses pages soit bouclée le vendredi après-midi, à
17 h.
Chaque journal a ses priorités, sa culture et ses contraintes propres. Le fait que le Fil doive passer de 20-24 pages en format tabloid à 8 pages grand format, et que son édition hebdomadaire et la version condensée préparée pour Le Soleil du samedi soient montées et livrées en même temps - le mercredi à 16 h 30 - faisait partie des réalités dont a dû tenir compte Évangéline LeBlanc dans son travail.
À l'écoute du client
Pour concevoir la nouvelle grille graphique et revamper l'architecture
générale du Fil, Évangéline
LeBlanc a fait ce qu'elle fait depuis toujours dans son métier
de designer, et qui est devenu sa marque de commerce : se mettre
à l'écoute du client tout en exercant sa créativité.
Dans ce cas-ci, cela voulait dire bien comprendre le mandat du
journal de la communauté universitaire et ses procédures
d'édition et de production. L'architecture générale
de la publication devait en effet permettre de boucler, à
des moments précis, des pages complètes ou des sections
du journal, pour que sa fabrication progresse sans heurts, et
surtout sans bouchons de dernière minute.
La conception du logotype, un élément qui annonce la couleur et le style d'une publication, le choix des fontes de caractères typographiques, qui devaient se démarquer de celles utilisées dans Le Soleil tout en conservant une lisibilité maximale, ont fait l'objet de nombreux tests et d'un long travail de réflexion et de consultations. En résultent, à notre avis, une signature graphique novatrice à plusieurs égards, comme le démontrent l'emploi inusité, dans le logotype, de trois fontes différentes et l'utilisation originale d'une figure de cercle que l'on retrouve en rappel dans les lettrines et les en-têtes de pages, ce qui contribue à l'homogénéité du produit. Les fontes retenues par Évangéline LeBlanc parmi les milliers de jeux de caractères actuellement sur le marché se répondent et se complètent dans leurs différences, et résultent d'un choix autant esthétique que pratique. Enfin, en raison de la réduction du nombre de pages, un nettoyage et une refonte des différentes sections du journal ont été effectués en collaboration étroite avec la rédaction pour que les lecteurs se retrouvent facilement dans le nouveau format et que les nombreux diffuseurs d'informations qui utilisent le Fil ne soient pas lésés dans leurs attentes.
Un numéro zéro a été imprimé
le 9 août pour tester, en temps réel, plusieurs paramètres
comme le calibrage électronique des photos, l'effet de
l'encrage sur les trames, la lisibilité des caractères
typographiques, et le redoutable "gain de presse" qui
fait que parfois, si on n'est pas vigilant, le rendu des photos
n'a rien à voir avec les couleurs vibrantes affichées
à l'écran de l'ordinateur. Au cours des derniers
jours, le réseau informatique reliant les artisans du journal
(la rédaction est
sur le campus, le photographe à Charny, l'infographiste
à Cap-Rouge et l'imprimeur à Québec) et les
logiciels nécessaires à sa fabrication ont été
testés et les bogues, solutionnés. Lors de ces opérations,
comme d'ailleurs depuis le lancement du projet, l'équipe
du journal a bénéficié de la collaboration
attentive de ses partenaires du journal Le Soleil, en particulier
André Forgues, adjoint à l'éditeur, Line
Baillargeon, directrice artistique et Gilles Garneau, directeur
de production et de technologie. Claudine Robitaille, analyste
de l'informatique au Bureau du soutien financier de l'Université,
nous a fait profiter de son expertise à et Madeleine Richard,
de la Division de la reprographie, a promené son redoutable
regard critique sur toutes les étapes des transformations
graphiques.
Une période de rodage
Le Fil nouveau est donc dans les présentoirs
et sur les rails. Les semaines qui viennent vont permettre de
roder nos opérations, en temps réel, et de procéder
aux ajustements nécessaires. Le talent, la rigueur et la
capacité d'écoute d'Évangéline LeBlanc
continueront d'être mis à contribution puisqu'elle
a reçu, du journal Le Soleil, le mandat de faire
le montage infographique des 33 prochains numéros du Fil.
Une décision qui est une excellente nouvelle pour la rédaction
du Fil. Et aussi pour cette étudiante qui voit ainsi
la valeur de son travail reconnue au moment où commence
pour elle une année particulièrement fébrile.
Outre son travail au Fil, Évangéline LeBlanc terminera en effet cette année une maîtrise en arts visuels, avec spécialité en photographie et multimédia, à l'École des arts visuels, où elle est également assistante d'enseignement dans le microprogramme de deuxième cycle en édition de livres d'artistes. Elle prépare actuellement exposition solo qui couronnera ses travaux de maîtrise avec le professeur Richard Ste-Marie. Cette exposition se tiendra en octobre à la Galerie Rouge de Québec.
Évangéline LeBlanc est titulaire d'un baccalauréat en beaux-arts de l'Université Concordia, avec majeure en design graphique. Elle a été finaliste du concours GRAFIKA 2000. Comme photographe, elle compte à son actif quatre expositions individuelles, à Québec et en Angleterre.
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