24 août 2000 |
De son propre aveu, Charles Brunet n'est pas un crack des mathématiques. "J'ai de la difficulté à faire des additions et des soustractions en calcul mental, avoue-t-il candidement. Je n'ai jamais fait des maths très pointues et dans mon domaine, le génie, nous faisons surtout des maths appliquées." Par contre, quand vient le temps de résoudre des jeux mathématiques, l'étudiant en génie informatique se métamorphose en véritable "bollé". "Ces jeux font appel à la logique et à l'intuition et de ce côté-là, je me débrouille assez bien." Mieux que ça, en fait, puisque Charles Brunet a terminé troisième parmi les étudiants universitaires au Championnat québécois des jeux mathématiques tenu le printemps dernier. Cette performance lui a d'ailleurs valu une place au sein de l'équipe québécoise qui se rendra à Paris pour participer au 14e Championnat international des jeux mathématiques et logiques. Cette compétition, qui se déroulera les 28 et 29 août, oppose les champions nationaux d'une dizaine de pays dont ceux de France, de Belgique, de Suisse et du Québec.
Contacté quelques semaines avant son départ, Charles Brunet ne semblait pas préoccupé outre mesure par l'épreuve qui l'attendait. "J'y vais parce que j'aime participer à ce genre de concours et que l'expérience d'un championnat international à Paris me tente. Mon seul objectif à ce moment-ci est de ne pas finir dernier", lance-t-il en riant. "Je n'ai pas la prétention de me classer parmi les premiers, mais je ne l'avais pas non plus au Championnat québécois. Alors, tout peut arriver."
Muscler son cerveau
Comme dans le sport, le secret pour performer à un
concours mathématique international réside dans
la préparation. "Il n'y a pas de livres qui expliquent
comment résoudre ces problèmes, souligne Charles
Brunet. Il existe des techniques mais le seul vrai truc est de
pratiquer en consultant les anciens concours. C'est ce que je
fais depuis le secondaire: pratiquer."
Frédéric Gourdeau, professeur au Département de mathématiques et de statistique et responsable de l'Association québécoise des jeux mathématiques, confirme les propos de l'étudiant. Il existe des trucs et des astuces qui permettent de solutionner les jeux mathématiques, dit-il, entre autres identifier des invariants ou des symétries, poser le problème en termes de cas extrêmes ou de cas plus simples, partir de ce que l'on veut obtenir à la fin et réfléchir à rebours. "Mais, pour devenir vraiment habile, il faut travailler fort et avoir de la motivation. Le cerveau est un "muscle" qui s'entraîne."
Aux yeux du professeur, qui enseigne d'ailleurs le cours Résolution de problèmes mathématiques, il ne fait aucun doute que ces jeux sont des mathématiques, au même titre que l'algèbre ou la trigonométrie, même s'ils ne nécessitent aucun calcul complexe et qu'ils ne contiennent parfois aucun chiffre. "Ce sont les idées qui sont importantes et pour résoudre ces problèmes, il faut tenir compte des conditions, il faut formuler des hypothèses, les tester et arriver à une conclusion. Ces problèmes empruntent des éléments à la philosophie, à la physique et même aux réseaux neuronaux, mais ce sont des mathématiques."
Le Championnat international des jeux mathématiques et logiques est organisé par la Fédération française des jeux mathématiques. Au Québec, le championnat est supervisé depuis trois ans par l'Association québécoise des jeux mathématiques, en collaboration avec l'Office franco-québécois pour la jeunesse et Texas Instruments. L'OFQJ assume également une partie des coûts engendrés par la participation de Charles Brunet au Championnat international. Pour en savoir plus sur ces jeux, consultez l'adresse http://www.mat.ulaval.ca/pages/fqjm/
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