22 juin 2000 |
Une proportion importante de Québécoises pourraient avoir des réserves en fer faibles ou épuisées, suggère une étude menée au Département des sciences des aliments et de nutrition. Fait plus étonnant encore, cette carence en fer serait attribuable, en partie du moins, au fait que les gens se préoccupent davantage de leur alimentation! |
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C'est ce que suggère le mémoire de maîtrise qu'a réalisé l'étudiante-chercheure Dominique Tessier, sous la supervision de Huguette Turgeon-O'Brien, à partir des réponses fournies par 2 118 personnes qui ont participé à l'Enquête québécoise sur la nutrition de Santé-Québec.
Après avoir estimé les quantités de fer consommées et absorbées par les répondants dans les 24 dernières heures, l'étudiante-chercheure a conclu qu'à peine 44 % des femmes consomment la dose recommandée pour le fer total et que seulement 25 % atteignent le seuil prescrit pour le fer assimilable. Chez les hommes, ces deux valeurs s'établissent respectivement à 89 % et 55 %.
Les jeunes femmes adultes, celles-là même qui ont les besoins les plus élevés en fer, sont les plus susceptibles d'avoir des apports en fer inférieurs à la recommandation. "Plus de 50 % des femmes âgées entre 18 et 49 ans ont un apport en fer absorbable inférieur aux deux tiers des besoins totaux, constate Dominique Tessier dans son mémoire. Ces résultats nous portent à croire qu'une proportion importante de femmes québécoises en âge de procréer pourrait avoir des réserves en fer faibles ou épuisées."
La consommation de poisson, de volaille, de porc, de fruits et de légumes est reliée à l'apport en fer mais l'aliment-roi qui se dégage de l'assiette en matière de fer est le boeuf. "Nous croyons que l'information qui a été véhiculée au cours des dernières décennies concernant la relation entre les gras saturés et les maladies cardio-vasculaires a contribué à une diminution de la consommation de viande rouge, souligne l'étudiante-chercheure. Il serait donc important de sensibiliser les professionnels de la santé sur la teneur élevée en fer hémique du boeuf et sur le lien étroit qui le relie au fer absorbable. De plus, une attention spéciale doit être accordée aux groupes d'aliments promoteurs de l'absorption du fer (viande, volaille, poisson et vitamine C) afin de prévenir une insuffisance des apports en fer absorbable dans la population."
Le boeuf demeure la principale source de fer de la population québécoise en dépit du fait que la consommation de cette viande est plus faible ici qu'ailleurs en Amérique du Nord. À travers le monde, plus de 2 milliards de personnes auraient une carence en fer. Ce problème n'est pas uniquement le lot des pays en voie de développement puisque 50 millions d'habitants des pays industrialisés en souffriraient.
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