25 mai 2000 |
Les personnes qui, après avoir eu un cancer, se soumettent à un test de dépistage génétique de susceptibilité au cancer ont tendance à sous-estimer l'ampleur de leurs réactions de détresse advenant un diagnostic positif, révèle une étude parue la semaine dernière dans la revue scientifique Journal of Clinical Oncology. Michel Dorval, du Groupe de recherche en épidémiologie de la Faculté de médecine, et onze chercheurs américains des universités Harvard et de Pennsylvanie arrivent à cette conclusion au terme d'une étude à laquelle ont participé 65 personnes provenant de familles fortement frappées par le cancer. Parmi les participants, une dizaine avaient déjà eu un cancer mais ils ignoraient, avant le test, s'il était de nature héréditaire. À titre indicatif, environ 5 % à 10 % de tous les cancers du sein seraient attribuables à des facteurs héréditaires |
Les chercheurs ont rencontré ces personnes avant qu'elles ne subissent un test génétique révélant si elles possédaient ou non un gène de susceptibilité pour le type de cancer qui avait déjà frappé leur famille. Les participants devaient anticiper leurs propres réactions, à l'aide d'échelles évaluant six émotions (inquiétude, tristesse, colère, culpabilité, soulagement et joie), advenant un résultat positif ou négatif au test. Elles devaient répéter le même exercice sept à dix jours après avoir reçu les résultats de leur test.
Les données recueillies par les chercheurs indiquent que les personnes qui n'avaient pas eu le cancer anticipaient correctement leurs réactions, peu importe l'issue du test. Par contre, les participants qui avaient déjà eu un cancer et qui recevaient confirmation qu'ils étaient porteurs d'un gène de susceptibilité avaient sous-estimé leurs réactions de détresse. "Ces personnes étaient plus inquiètes, plus en colère et plus tristes qu'elles l'avaient anticipé, dit Michel Dorval. On ne connaît pas les causes exactes mais on peut supposer que ces personnes croyaient qu'après un premier cancer, le pire était déjà arrivé. Or, le fait d'être porteur d'un gène de susceptibilité augmente les probabilités qu'elles aient un deuxième cancer. Elles peuvent également ressentir de la culpabilité à l'idée d'avoir elles-mêmes transmis ce gène à leurs enfants."
Des évaluations réalisées six mois après le diagnostic montrent que les patients qui anticipent correctement leurs réactions émotionnelles s'ajustent mieux à plus long terme et ils ont moins tendance à éprouver de la détresse psychologique, souligne Michel Dorval. "Bien qu'il faut être très prudent dans l'interprétation de ces données qui sont basées sur un petit nombre de personnes, nos résultats montrent l'importance d'offrir des services de counselling génétique adéquats aux personnes qui subissent ces tests afin de favoriser un bon ajustement psychologique à leur résultat. Ceci est d'autant plus important que l'on sait maintenant qu'un bon ajustement psychologique favorise également l'observance au suivi médical proposé à ces personnes à haut risque de cancer."
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