25 mai 2000 |
Les porcheries modernes seraient tout aussi néfastes que les plus anciennes pour le système respiratoire, suggère une étude menée par quatre chercheurs de la Faculté de médecine. Yvon Cormier, Évelyne Israël-Assayag, Gaétane Racine et Caroline Duchaine, de l'Unité de recherche du Centre de pneumologie, arrivent à cette conclusion après avoir exposé des sujets en santé à l'air ambiant de huit porcheries. Peu importe la taille de l'élevage, l'âge, les dimensions et la propreté des bâtiments - qui variait de "douteuse" à "exemplaire" -, toutes les porcheries provoquaient une réponse immunitaire de même ampleur chez les participants.
Les huit valeureux jeunes hommes qui ont prêté leur concours à cette expérience n'avaient jamais mis le nez dans une porcherie précédemment. Le protocole expérimental exigeait qu'ils séjournent quatre heures à l'intérieur de chacune des huit porcheries; ils profitaient, heureusement, d'un répit d'une semaine entre chaque séjour. Une fois à l'intérieur de la porcherie, ils demeuraient assis, le plus souvent à jouer aux cartes, sous l'oeil sans doute intrigué des porcs.
Dans l'article qu'ils publient sur la question dans un récent numéro de la revue scientifique European Respiratory Journal, les quatre chercheurs rapportent qu'au terme de ces quatre heures, les sujets manifestaient une baisse du débit pulmonaire et une mobilisation du système immunitaire (accroissement du nombre de globules blancs et de neutrophiles ainsi que de la concentration d'interleukine), tous des indices de réaction inflammatoire. Les effets de l'exposition à l'air des porcheries se dissipaient après quelques heures. Les causes exactes de cette inflammation sont encore inconnues mais les chercheurs soupçonnent trois types d'impuretés: les microorganismes, les gaz (méthane et oxyde de souffre) et les poussières organiques provenant de la moulée ou des excréments. Au Québec, comme ailleurs dans le monde, il n'existe pas de normes régissant les conditions d'élevage des porcs.
Toutes les porcheries testées ont induit une réaction inflammatoire chez les sujets, peu importe leur degré de salubrité, soulignent les chercheurs. "Les méthodes modernes d'élevage des porcs et la propreté à l'intérieur des bâtiments ne sont pas parvenues à rendre l'air des porcheries inoffensif pour les êtres humains, concluent-ils. L'aspect visuel de l'intérieur des bâtiments, le nombre de porcs et les analyses ponctuelles de l'air ne peuvent donc servir à prédire les effets toxiques de l'inhalation de l'air d'une porcherie."
|