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27 avril 2000 ![]() |
"Actuellement, il y a un manque de communication entre les chercheurs et le milieu". À elle seule, cette petite phrase de Luc Bouthillier, professeur de politique forestière et d'évaluation environnementale à l'Université Laval, justifie la rencontre organisée par le Groupe de recherche interdisciplinaire pour le développement durable (GRIDD) le 18 avril dernier. Ce forum sur la gestion du territoire et de ses ressources avait en effet notamment pour but de fournir à cet ensemble de chercheurs des pistes d'exploration pour les années à venir. Autrement dit, d'amener des fonctionnaires du Ministère des ressources naturelles, des représentants de groupes de pression environnementaux et du milieu forestier à préciser comment l'Université Laval pourrait les aider à résoudre des problèmes précis.
Jean-Jacques Chevallier, professeur à la Faculté de foresterie et de géomatique, a ainsi présenté un projet qui constitue un exemple du genre d'intervention que les chercheurs universitaires peuvent apporter à la population. Confrontés à l'érosion de leurs berges, récemment emportées par la rivière, des habitants d'une banlieue résidentielle en Uruguay s'interrogeaient sur les mesures à prendre. La municipalité leur avait proposé de construire un mur de soutènement, mais n'avait pas donné suite. Avec l'aide du GRIDD, ils ont donc réfléchi à plusieurs scénarios, qui comprenait notamment le développement d'une zone peu exploitée jusqu'alors, pour y construire un camping et un restaurant.
Au fil des projets développés, par exemple, avec des communautés préoccupées par le sort réservé à leur bassin versant, ou la survie d'un territoire marqué par l'exploitation forestière comme la région du Haut Saint-Maurice, les chercheurs ont pris conscience de l'importance du dialogue. Il ne suffit pas de fournir aux citoyens des outils géomatiques très perfectionnées, des cartes extrêmement détaillées, encore faut-il vraiment écouter leurs besoins. Ainsi, Luc Bouthillier a rappelé que les experts ont parfois tendance à vouloir privilégier des solutions techniques qui se heurtent au scepticisme des communautés autochtones. Mieux vaut par conséquent réfléchir à une façon intégrée de prendre en compte les suggestions des deux parties.
Des élus et des représentants de l'industrie forestière se penchent ainsi de concert actuellement sur l'avenir du territoire et de ses ressources en Haute Mauricie. Des entreprises de coupe acceptent, par exemple, d'entretenir des chemins utilisés par les pourvoyeurs. De leur côté, les Atikamekw de Weymontachie prennent des précautions pour préserver leur forêt tout en travaillant à l'ouverture d'une scierie dans leur village l'hiver prochain. Une façon, peut-être, de parvenir à ce fameux développement durable équilibré que Jean-Jacques Chevallier appelait de ses vux dans sa conférence présentée lors du forum.
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