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27 avril 2000 ![]() |
DOIT-ON ENSEIGNER LA PENSÉE " MAGICO-RELIGIEUSE
" À L'ÉCOLE ?
Enfin, quelqu'un qui admet que le monopole des Églises
catholique et protestante sur l'école québécoise
est suranné. Le mot est faible puisque cette situation
n'est pas seulement désuète mais carrément
injuste et immorale.
Si le professeur Lux (Fil, avril 2000) avait lu notre réplique
à Monsieur Roger Girard (Fil, 9 mars 2000), il ne
nous reprocherait pas de ne pas avoir lu l'article 41 de la Charte
des droits et libertés donnant aux parents "le droit
d'exiger que, dans des établissements d'enseignement public,
leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral
conforme à leurs convictions ". Dans ce texte, nous
affirmons: "Deux solutions seulement s'offrent au Gouvernement.
Toutes les religions, et nous disons bien toutes, profitent des
mêmes avantages que reçoivent actuellement les religions
catholiques et protestantes ou aucune n'en reçoit. Toute
autre solution serait nécessairement injuste et immorale
".
Comme il y a de nombreuses confessions pratiquées au Québec,
pouvez-vous imaginer les problèmes administratifs et financiers
qui découleraient de l'obligation de desservir tous ces
cultes. De plus, nous ne croyons pas que ce soit là la
meilleure façon de "développer chez tous un
sentiment de solidarité sociale et d'appartenance commune
à la société québécoise"
tel que le souhaite le Gouvernement du Québec.
Nous ne voyons pas de contradiction entre une école qui
enseigne la pensée "magico-religieuse" chrétienne
et une majorité d'adolescents qui sont non-pratiquants
par la suite, comme le pense le professeur Lux. La pensée
"magico-religieuse" est un état d'esprit qui
croit dans les rapports entre les humains et un pouvoir surnaturel
peu importe le nom qu'on lui donne (Jéhovah, Esprit, Dieu,
Allah, Shiva, énergie cosmique, divinité, etc.).
Or, ce n'est pas parce que les adolescents ne pratiquent plus
qu'ils cessent automatiquement de croire dans une force surnaturelle
qui les détermine et vers laquelle ils se retourneront
dans l'espoir de solutionner certains problèmes qu'ils
rencontrent dans ce bas monde. Vous n'avez qu'à regarder
avec quelle facilité les Québécois et les
Québécoises se tournent vers l'astrologie, les cartomanciennes,
les sectes et leurs gourous, les voyants, les anges redevenus
à la mode et tout ce qui a une odeur d'ésotérisme
ou de magie. Selon le Bureau de documentation sur les sectes et
les religions de Montréal, il y aurait entre 1 000 à
2 000 sectes au Québec, dépendant de la façon
qu'on définit une secte.
La pensée "magico-religieuse" nourrit la crédulité
sous toutes ses formes et fait souvent de ses adeptes les victimes
consentantes du premier charlatan qui se dit branché sur
ce monde surnaturel ou cette énergie cosmique.
La majorité des Québécoises et des Québécois
ne pratiquent peut-être plus leur religion mais approximativement
85 % continuent de croire dans une puissance divine quelconque.
Et c'est compréhensible puisqu'ils ont presque tous été
endoctrinés dans une telle croyance dès leur plus
tendre enfance. Or, nous savons qu'il n'est pas facile de remettre
en question ce qui a été enfoui dans notre subconscient
alors que nous n'avions pas la capacité réflexive,
ni le courage de remettre en question ce qu'on nous enseignait
en matière de religion. D'autant plus que cet enseignement
était donné par des êtres signifiants dans
nos vies.
Nous croyons, comme le professeur Lux, que les gens qui ont une
foi religieuse sont capables de raisonner et de contribuer à
l'avancement des sciences à la condition expresse de ne
pas mélanger les genres. C'est pourquoi les découvertes
scientifiques répondant aux exigences de la méthode
scientifique sont généralement acceptées
universellement peu importe leur auteur, alors que les croyances
n'ont fait que diviser les humains.
Nous sommes loin de croire que les contradictions et les incohérences
de l'école confessionnelle sont les seuls obstacles à
la pensée réflexive et critique. Il s'agit de lire
Quand le jugement fout le camp de Jacques Grand'Maison
pour s'en rendre compte. Cependant, une école confessionnelle
qui génère le mensonge et l'hypocrisie n'est sûrement
pas un exemple d'intégrité intellectuelle.
Nous sommes d'accord avec le professeur Lux qui trouve anormal
d'obliger un professeur non croyant à enseigner une religion.
Nous croyons qu'il en est de même d'un professeur non
pratiquant puisque les jeunes méritent un minimum de
cohérence de la part de ceux qui leur enseignent.
En déduisant que notre humanisme "repose sur une foi
absolue dans la science, seule dispensatrice d'humanisation à
l'école" le professeur Lux, comme Monsieur Girard
et Monsieur Boies avant lui, nous fait dire ce qu'on n'a jamais
écrit. Il est vrai que "la culture n'est pas qu'affaire
de rationalité", mais pouvez-vous imaginer une école
qui ne serait pas fondée sur la rationalité ?
Notre texte dit bien que l'humanisme tel que nous le concevons
se doit d'être fondé sur l'actualisation des "déterminants
essentiellement et universellement humains que la sagesse humaine
et la science découvrent progressivement. Or, la rationalité
a toujours été considérée comme le
déterminant qui nous distingue des animaux. N'est-il pas
normal qu'il " soit au centre de tout projet éducatif
et qu'on y respecte les exigences de son développement"
sans négliger pour autant les autres déterminants.
Nous continuons de croire que l'école publique doit humaniser
les humains, non pas les christianiser, les islamiser ou les judaïser.
RÉPONSE DU CHIEN MUET À L'ORIGNAL RATIONNEL
À la suite de la lettre parue dans le Fil du
13 avril, je constate que Catherine Laflamme et Gaston Marcotte
n'ont pas retenu la leçon du professeur Poirier. En me
reconnaissant le droit de croire à une religion quelconque,
ils insultent la religion de la majorité des Québécoises
et des Québécois et celle de leurs ancêtres
ainsi que celles des autres croyants. Ils vont même jusqu'à
insinuer que je fais partie d'une secte en affirmant que j'ai
le droit de recruter des adeptes. Néanmoins, je leur pardonne,
sachant qu'ils sont en grande partie coupés du monde surnaturel
puisqu'ils ne prient pas et ne fréquentent pas les sacrements.
Je prie Jésus Christ pour qu'il puisse les éclairer
de sa lumière.
LA CORDE CANADIENNE AU COU DES LIBERTÉS DU QUÉBEC
Lettre au député libéral de Chapleau,
Benoît Pelletier
M. Pelletier,
Dans un article du Devoir du 20 avril 2000, intitulé: "Projet de loi 99 amélioré: les libéraux refusent la main tendue" (http://ledevoir.com/que/2000b/proj200400.html), il est écrit, et je cite: "[...] Appelé à préciser avec quels articles du projet de loi 99 le PLQ était carrément en désaccord, M. Pelletier a mentionné l'article 1, qui stipule que le peuple québécois peut, en fait et en droit, disposer de lui-même en vertu du droit international. Selon le député, cette prétention est fausse et elle est "attaquable devant les tribunaux"."
1) Veuillez recevoir le bonnet d'âne que de l'esprit je vous remets avec diligence. En d'autres mots, relisez attentivement le jugement de la Cour suprême sur la question.
2) Au reste, quand bien même celle-ci se serait montrée réellement 'corsetière', depuis quand un peuple digne de ce nom s'en remet-il à une cour étrangère pour fonder ses choix et décider de son avenir? Car le jour où le peuple québécois décidera de son Indépendance (ainsi que le font toutes les nations normales et saines d'État), quelque suprême que soit cette cour-là elle aura la légitimité que voudra bien, provisoirement au mieux, lui accorder l'État en voie d'Indépendance -; et ce si tant est que ce dit État ait, vis-à-vis de cette instance juridique, une magnanimité telle qu'elle puisse (à la rigueur, pour démontrer son extrême bonne foi) lui accorder quelque crédibilité. Pour... la forme. Nous sommes en l'occurrence toujours de plain-pied dans le politique (et non dans le droit, interne ou externe), c'est-à-dire dans la sphère de la Volonté (bonne, de préférence) des personnalités étatiques l'une face à l'autre. C'est dire en second lieu que celles-ci procèdent comme elles l'entendent, sans qu'aucune des deux parties ne puisse imposer sa volonté à son interlocuteur. En termes concis, sauf violence -; aussi condamnable qu'invraisemblable, mais surtout parfaitement vaine -;, le Canada, ainsi d'ailleurs que l'a affirmé "votre" Cour suprême, est contraint le cas échéant d'accepter le verdict démocratique populaire québécois. Point.
Alinéa...
En dernier ressort, dans une telle situation, et vous le savez mieux que quiconque M. le député juriste Pelletier, si votre dite cour et/ou le pays qu'elle représente devait s'opposer à l'Indépendance, le litige relèverait d'emblée du Droit international. Exit le Canada carcéro-prédateur à la Stéphane Dion, à la Allan Rock ou à la Paul Martin! En arrière-scène il faut également se souvenir -; ce qui n'est vraiment pas rien -; que cette Cour suprême constitue le Verbe même et le Cerbère d'une Constitution dont le Québec n'a jamais été partie prenante, dont il a été évincé contre sa volonté, et à laquelle enfin tous les gouvernements québécois depuis 1982 ont refusé d'adhérer. Au sens rigoureux de la Loi ultime du pays, le Québec a été littéralement éjecté du Canada: il est pour ainsi dire déjà "indépendant" de facto. Et la Canadian Supreme Court est en conséquence, pour le Québec, également de facto une autorité étrangère. Mais trève d'arguties juridiques. Pour l'heure, l'essentiel est ailleurs.
Il est tout juste ici -;. Il est littéralement ignoble -; oui, je dis bien: ignoble -; qu'un membre de l'Assemblée nationale, quel qu'il soit, et a fortiori s'il pouvait avoir quelque velléité à devenir un éventuel ministre de la Justice du Québec, puisse sans broncher tenir des propos officiels au nom de son parti qui confirment, à ses propres yeux, que la Liberté de la nation québécoise est tout à fait dépendante et redevable au bon vouloir du rest of Canada et de ses représentants juridiques et/ou politiques. je ne croyais pas, monsieur, mais vraiment pas, que vous pourriez aller aussi loin dans la partisanerie et les intérêts infiniment étroits de votre chef et de sa formation politique. Que vous soyez toujours fédéraliste, envers et contre tout (j'allais dire: "contre toute intelligence"... mais je ne me permettrai pas pareille condescendance), je le veux bien. Mais qu'en revanche votre position à vue de nez vous amène -; dans vos propres bottes et de votre propre chef! -; à mettre formellement en doute le droit du peuple du Québec à disposer de lui-même, cette position, dis-je, est une véritable infamie. Devant l'assertion, à savoir: "Le peuple québécois peut, en fait et en droit, disposer de lui-même", vous répondez en effet et en filigrane, vous Québécois, vous élu du peuple québécois, qu'il y a peut-être quelque maître quelque part qui pourrait se formaliser d'une pareille prétention, et tenter illico -; "légalement" bien sûr -; de la battre en brèche. Vaut donc mieux s'abstenir.
Soyons discrets quant à notre Liberté. On pourrait nous entendre...
Ou vous êtes un parfait irresponsable qui ne saisit pas les conséquences de ses actes verbaux, monsieur le député, ou vous réduisez sciemment, délibérément (et non moins démagogiquement) le concept de la Liberté de la nation québécoise à l'insignifiance. Or le résultat reste objectivement le même dans les deux hypothèses: La Liberté des Québécois est... ailleurs qu'en eux-mêmes. Jouissif que pareil laïus, assurément, aux oreilles de tous les Bill Johnson et de toutes les Diane Francis du plussss méyeur péyi du mond'd.
Il est extrêmement clair- Indépendance ou hypercanadiandequebecization, peu importe -; que vous et votre parti avez complètement perdu de vue les intérêts véritablement supérieurs du Québec. Et si ce n'est pas là trahison, c'est que j'ai décidément égaré l'intelligence des choses et le sens des mots. M. le juriste Benoît Pelletier, vous venez politiquement de vous discréditer à vie.
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