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27 avril 2000 ![]() |
Les athlètes d'élite qui pratiquent la natation ou le ski de fond courent plus de risques que les athlètes d'autres disciplines de souffrir de problèmes bronchiques. C'est ce que révèle le mémoire de maîtrise de l'étudiant-chercheur Jean-Bruno Langdeau, dont les principales conclusions paraîtront sous peu dans l'American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, la revue de référence des spécialistes des maladies respiratoires.
Afin de mieux comprendre les causes de la prévalence élevée de problèmes bronchiques chez les athlètes d'élite, l'étudiant-chercheur, membre de l'équipe de Louis-Philippe Boulet, de la Faculté de médecine, a soumis des nageurs, des marathoniens, des skieurs de fond et des triathloniens au test de méthacholine, un test standard pour dépister l'hyperréactivité bronchique. "Avant de devenir asthmatiques, les personnes commencent par manifester une hyperréactivité des bronches; celles-ci réagissent alors même à des stimuli très faibles. Le calibre des bronches diminue, ce qui provoque la toux, des silements, des râlements et une sensation d'obstruction bronchique. Chez les athlètes, ça ne se produit pas nécessairement pendant l'effort, de sorte qu'ils peuvent quand même performer. Par contre, même si le problème est réversible, ça affecte sérieusement leur qualité de vie." Les athlètes testés faisaient tous partie d'une fédération sportive reconnue, ils avaient un entraîneur qualifié et ils étaient de calibre national, international ou olympique.
Les résultats des tests démontrent que ce n'est
pas la pratique poussée d'une discipline sportive qui induit
les problèmes bronchiques mais plutôt la qualité
de l'air inhalé pendant les entraînements. En effet,
76 % des nageurs et 52 % des skieurs de fond ont démontré
une hyperréactivité bronchique. Chez les marathoniens
et les triathloniens, cette prévalence s'établit
à 32 %, soit l'équivalent du groupe témoin
(28 %). "Hyperventiler de l'air chargé de composés
chlorés ou de l'air froid pendant des milliers d'heures
d'entraînement peut endommager la muqueuse des bronches",
résume Jean-Bruno Langdeau.
De l'huile sur le feu
Même si elle a été réalisée
auprès d'athlètes d'élite, cette étude
pourrait bien avoir des répercussions sur les recommandations
médicales qui visent le patient moyen, signale l'étudiant-chercheur.
En effet, après avoir posé un diagnostic d'asthme
chez un patient, il est courant que les médecins leur suggèrent
de pratiquer la natation. À la lumière des résultats
de l'étude, cette recommandation équivaut à
jeter de l'huile sur le feu. "Il est vrai qu'inhaler de l'air
humide peut être bénéfique aux personnes qui
souffrent d'asthme mais la présence de dérivés
chlorés dans l'air des piscines semble avoir de sérieux
effets négatifs sur les bronches", souligne Jean-Bruno
Langdeau.
Du côté du sport d'élite, les données de l'étude démontrent l'importance d'assurer un suivi serré des athlètes qui s'entraînent en piscine ou dans un environnement froid. Ce suivi permettrait de bien ajuster leur dose de médicaments pendant les périodes d'entraînement intensif et d'éviter de les surmédicamenter en d'autres périodes de l'année.
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