13 avril 2000 |
La Troupe Les Treize présente, du 14 au 16 avril, à 20 h, à la salle Multimédia du pavillon Alphonse-Desjardins, la tragicomédie Boulevards, d'Érik Roby, dans une mise en scène collective. Cette pièce insolite, racontant le voyage intérieur d'un homme vers la reconquête de ses émotions, intègre plusieurs éléments multimédias: images projetées sur écran en guise de décors et riche trame sonore. Sur scène, une quinzaine de comédiens, incarnant autant de personnages fantasques, se donnent la réplique. | |
Photo Marc Robitaille |
Lors de la première d'une représentation de Macbeth de Shakespeare, Adam, un jeune acteur incarnant Macbeth, est victime d'un accablant trou de mémoire, après qu'il ait aperçu dans l'audience ses parents décédés dans un accident de la route, alors qu'il n'avait que 10 ans. En proie à une vive émotion, il s'évade en quête de cette vision fantomatique. Au cours de ce périple imaginaire, il rencontre plusieurs personnages loufoques, dont un couple d'excentriques, Jean-qui-rit et Jeanne-qui-pleure, des sortes de vampires qui survivent en s'appropriant les émotions des gens par le biais du vol d'objets significatifs leur appartenant. Ce voyage intérieur lui permettra de faire la paix avec le passé, de se découvrir et, surtout, de retrouver sa sensibilité perdue depuis la mort tragique de ses parents.
Vivre par procuration
"Coupé depuis fort longtemps de ses émotions,
Adam vit par procuration, à travers, entre autres, les
personnages qu'il incarne au théâtre. Il se dit lui-même
vide intérieurement, mais en réalité cette
manoeuvre lui sert d'échappatoire. Elle l'empêche
de sentir ses souffrances. Il confond même la vie et le
théâtre, tellement ce mécanisme fonctionne
bien", explique Maryse Provencher, qui incarne Ève,
la compagne de vie d'Adam. Adam est obsédé par l'idée
de retourner à la source, à la racine de ses émotions,
celles vécues au cours de son enfance, comme l'explique
Israël Gamache, comédien personnifiant Adam: "Cette
pièce dépeint une partie de la réalité,
ajoute-t-il, puisque les gens, bien souvent, sont coupés
de leurs émotions ou se cachent derrière des masques."
Connotation symbolique
Cette pièce exploite abondamment les symboles, comme
le fait remarquer Maryse Provencher, notamment Adam et Ève,
le couple de la Genèse, le boulevard où se déroule
le coeur de l'histoire représentant la vie et Jean-qui-rit
et Jeanne-qui-pleure, ce couple de marginaux qu'Adam rencontre,
personnifiant ses parents. "Bien qu'en aparté de l'histoire,
Ève joue tout de même un rôle clé dans
la chute d'Adam. Par ses reproches sur sa froideur et sa tentative
avortée de percer le mystère de son enfance, elle
ouvre, malgré elle, la boîte de Pandore de son amoureux.
Cette femme vive et rationnelle l'aime passionnément, mais
se sent impuissante devant lui. Elle comprend qu'il doit entreprendre
seul son voyage intérieur."
Jean-qui-rit et Jeanne-qui-pleure, deux personnages sortis de l'imaginaire d'Adam, symbolisent ses parents, tels qu'il les conçoit, et personnifient la joie et la tristesse, deux émotions antonymes. "À l'image de la mère d'Adam, Jeanne-qui-rit est une femme paradoxale, à la fois forte et fragile. Son mari dominant étouffe sa grande vivacité. C'est une belle nostalgique", souligne Amélie Plaisance qui tient ce rôle. "À l'inverse, Jean-qui-rit est un violent, un extrémiste qui affiche en permanence un sourire béat", fait remarquer Alexis D'Aoust qui incarne ce personnage. Ensemble, ils recréeraient le monde intérieur d'Adam où ces deux émotions se livreraient une lutte permanente.
Selon Israël Gamache, dans l'espoir de parvenir à la source de ses émotions, Adam se laisse entraîner par le couple de vampires, jusqu'à ce qu'il réalise qu'il n'a aucunement besoin des émotions des autres pour survivre, qu'il doit simplement puiser dans son for intérieur pour en trouver. "Par cette prise de conscience, il s'affranchit de ses parents et atteint enfin sa maturité émotive", soutient le comédien.
Composition multimédia
L'intégration du multimédia représente,
certes, l'un des plus grands intérêts de cette pièce.
Une soixantaine d'images évocatrices, prises sur Internet
et mises en forme à l'aide du logiciel de présentation
Power Point, constituent l'essentiel des décors.
"Le rythme accéléré de l'histoire, les
personnages qui passent rapidement d'une scène à
l'autre, tout ça imposait une mise en scène dépouillée.
L'apport de la technologie devenait donc essentiel pour servir
de point de repère aux spectateurs", fait valoir Alexis
D'Aoust. Le musique joue également un rôle central
dans cette pièce: " Elle se substitue aux dialogues
dans certaines scènes où la tension et la passion
atteignent leur paroxysme. Érik Roby nous a dicté
ce choix parce qu'elle permet, selon lui, de transmettre plus
adéquatement les émotions qui s'y rattachent",
précise Maryse Provencher.
On peut se procurer des billets en prévente au Service des activités socioculturelles, au local 2344, du pavillon Alphonse-Desjardins, au coût de 8 $ ou les soirs de représentations, au coût de 10 $. Pour informations: 656-2765.
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