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6 avril 2000 ![]() |
L'AVENIR DU CENTRE MUSÉOGRAPHIQUE
Dans l'édition du Fil des événements
du 23 mars 2000, le professeur André Duval du Département
de biologie écrit qu'il a dû expliquer à ses
étudiants et étudiantes qu'il ne pouvait pas, contrairement
aux années précédentes, leur fournir une
occasion d'intégrer à leurs connaissances les grandes
richesses scientifiques que recèlent le Centre muséographique
de l'Université Laval, en raison de sa fermeture depuis
juin 1999 pour que l'Université économise les quelques
dizaines de milliers de dollars. De nombreux autres professeurs
de l'Université qui enseignent la préhistoire, archéologie,
évolution des vertébrés, planète terre,
paléontologie, environnement et développement, didactique,
information et communication, et histoire utilisaient le Centre
muséographique pour des travaux pratiques, ils sont maintenant
forcés de tenir le même discours que le professeur
Duval. Il en est ainsi pour les enseignants du primaire, secondaire
et collégial de la région de Québec qui ont
accompagné plus de 12 000 élèves durant l'année
1998-99.
La réalisation du Centre muséographique a nécessité des efforts de conception échelonnés sur un quart de siècle, et il a fallu des investissements de plusieurs millions de dollars pour faire de ce musée un des mieux réussis en Amérique, c'est une grande vitrine de l'Université Laval et il est temps d'ouvrir à nouveau le rideau. Les étudiants et étudiantes au programme de diplôme de 2e cycle en muséologie ont présenté au recteur, dans le Fil des événements du 16 mars dernier, la proposition fort intéressante d'intégrer un musée-école au Centre muséographique, ce qui justifie doublement la réouverture. La participation des étudiant(e)s et celle des professeur(e)s pourraient réduire les coûts du fonctionnement. D'autre part, l'Association des retraités de l'Université Laval (ARUL) compte parmi ses membres de nombreux scientifiques chevronnés dans les domaines de l'astronomie, géologie, biologie, anthropologie, archéologie, muséologie, qui seraient disponibles à titre de bénévoles pour assister ces nouveaux animateurs et animatrices du programme de muséologie, et ils pourraient prendre part à la logistique et à la programmation des activités générés par un tel musée-école au Centre muséographique. Plusieurs des membres de l'ARUL ont été associés aux activités du Centre muséographique au cours des deux années qui ont précédé sa fermeture et ils sont prêts à collaborer à nouveau.
LAÏCITÉ, RELIGION ET PENSÉE "MAGIQUE"
À L'ÉCOLE
Dans le Fil du 20 janvier, M. G. Marcotte et Mme C.
Laflamme critiquent "les contradictions d'une école
confessionnelle ". Ils ont raison sur un point: dans notre
société pluraliste, le duopole de cours de deux
religions est suranné. Ils auraient cependant dû
citer l'article 41 de la Charte des droits et libertés
donnant aux parents "le droit d'exiger que, dans les établissements
d'enseignement public, leurs enfants reçoivent un enseignement
religieux ou moral conforme à leurs convictions ".
Pour eux, le drame de l'école québécoise
est d'enfermer les enfants dans une pensée magique qui
les empêchera de développer leur pensée rationnelle
réflexive, d'où sa contradiction. La contradiction
est plutôt entre cette affirmation et la constatation, une
colonne plus loin, que l'enseignement religieux est un échec
puisque la quasi totalité des adolescents sont non-pratiquants.
Ils ne sont donc pas prisonniers de la pensée "magico-religieuse".
Ceux qui ont une foi religieuse, comme moi, seraient-ils incapables
de raisonner et de contribuer à l'avancement des sciences?
Demandez-le à Pascal, Louis Pasteur, Mgr Lemaître
(prix Nobel en géophysique) et tant d'autres. La dichotomie
entre "enseigner à croire ou à penser"
ne tient pas et insulte plusieurs siècles d'enseignement
des sciences dans les universités confessionnelles.
Si les jeunes sont peu capables d'abstraction, ne savent guère raisonner, la faute n'en est pas au cours d'une heure de religion par semaine (qui d'ailleurs n'endoctrine pas), mais dans les "réformes" de l'éducation qui ont négligé l'acquisition des instruments de base (langue, grammaire, composition) et livré les enseignements primaire et secondaire au monopole des facultés de l'éducation (Voir Jean Gould dans Gilles Gagné [dir], Main basse sur l'éducation, qui constate que si Einstein revenait, il ne serait pas autorisé à enseigner la physique au secondaire).
Un cours de religion fait d'autant moins d'une école publique une école confessionnelle que la plupart de ses professeurs sont non-pratiquants. Autrement, les écoles publiques ne seraient pas laïques en Belgique, où s'applique l'article 41 de notre Charte et où le choix des professeurs de religion se fait en accord avec l'école et les autorités religieuses. Il est en effet anormal d'obliger un professeur non croyant à enseigner une religion., tout comme de l'obliger à initier ses étudiants au basketball s'il n'aime pas ce sport ni aucun sport.
L'humanisme que prônent Marcotte et Laflamme repose sur une foi absolue dans la science, seule dispensatrice d'humanisation à l'école. La culture n'est pas qu'affaire de rationalité. La place me manque pour questionner la thèse des religions, "causes majeures des conflits entre les humains et des souffrances incommensurables qui en découlent". Cette vision superficielle oublie que la religion a été très souvent utilisée, voire colonisée par le pouvoir politique qui y voyait une force de rassemblement utile à ses objectifs de puissance.
LETTRE OUVERTE À LA DÉPUTATION DU PLQ
Mesdames et messieurs les députés, j'exprime
par la présente mon désarroi de simple citoyen à
l'égard de l'extrême insouciance démontrée
par le Parti Libéral du Québec face au recul profond
du Québec recul lourd, massif, constant, harassant,
acharné, tentaculaire, polymanière, asphyxiant
mis rigoureusement et méticuleusement en forme et en application
par le gouvernement canadien depuis maintenant plusieurs années.
Vos silences approbateurs, vos acquiescements tacites, votre alliance objective (sinon idéologique) avec pareille attitude m'amène à estimer que votre Parti a complètement perdu le sens de ses responsabilités, celles qui en principe visent et travaillent à la continuité, à l'épanouissement, au renforcement, à la promotion et pourquoi non? à l'embellie du Québec. In ou hors Canada indifféremment; et que l'on soit souverainiste (je dirais: paysant) ou pas. Ottawa traite de plus en plus le Québec mépris, arrogance, tyrannie et dollars-bâillons conjugués comme une quelconque municipalité d'arrière pays. Nation quasi sans voix, désoutillée, et si seule dans ce tous cloacal qui la pousse au linceul.
Silence coupable. Chez vous surtout, spécialistes du tir au pigeon sur ambulance. En effet, votre organisation ne trouve mieux à faire en l'état, et ce à la moindre occasion (la mauvaise foi disputant à la fausse indignation), que de prêter au Premier ministre du Québec, et au gouvernement qu'il dirige, cent une intentions sourdement ou explicitement douteuses, malveillantes et/ou malhonnêtes. À commencer (par la fin...) par épingler un surréaliste "E ...pour Échec" au budget le plus stimulant que nous ayons connu depuis l'époque de votre capitaine d'antan, à mille lieues de l'actuel, j'ai nommé bien sûr M. Jean Lesage.
Je n'ai assurément pas l'habitude de communiquer avec vos gens, ni d'ailleurs avec les mandarins du pouvoir (nonobstant mes affiliations d'idées quelquefois, qui incidemment relèvent moins de la que du politique). Mais aujourd'hui mon simple et plat statut de citoyen m'amène à prendre contact avec vous, car j'estime que ce que j'appellerai votre "perte du sentiment" du Québec nous conduit d'ores et déjà, intra, vers un véritable déficit démocratique. La nation subit constamment les coups de butoir vicieux (disons les choses) de l'autre palier de gouvernement. Aussi est-il est dans l'intérêt supérieur de la collectivité tout entière que vous, de l'Opposition officielle, constituiez une force unifiée et rassérénée avec l'État national de manière à contrer l'"agression exogène". Quelle que soit par ailleurs la vision du pays que de l'intérieur, et forcément différente en quelque manière du pouvoir actuel, vous pourriez avoir à l'esprit (si tant est...), et que vous auriez l'intention éventuellement de proposer (si tant est...) aux citoyens. Or pour l'heure le PLQ a complètement égaré, sinon sciemment évacué, le Sens politique dans son acception noble et, si je puis dire, souverainement éthique. Ce Parti n'a plus le sens que de lui-même comme entité au service d'elle-même, palladium de sa myopie heureuse, partisane, stérile.
Dans une société hautement civilisée et profondément amoureuse de démocratie, le mutisme, la passivité et l'inaction des imputables sont des détonateurs sommeillant sur barils de poudre.
Au reste, qu'y a-t-il de si effrayant à ce qu'un peuple se prenne en main? En quoi la dépendance, la subordination, la sujétion, sont-ils préférables ou supérieurs à l'Indépendance? Me l'expliquera-t-on un jour..? La Liberté, l'honneur, la foi en soi, la responsabilité, la dignité enfin, sont-elles des valeurs répugnantes, voire insupportables, à M. Charest et à ses ouailles d'emblée visiblement préoccupés (priorité des priorités?) à protéger la puissance et les privilèges d'une minorité qui refuse obstinément de se "dérhodésianiser" de façon définitive..? Lourd, très lourd déficit intellectuel et idéologique, en effet, au sein de ce Parti libéral du Québec allié réel et consentant d'un gouvernement central qui a de moins en moins cure d'une authentique démocratie au sein de ses Institutions (de type fédéral par surcroît, c'est-à-dire par définition fières et jalouses du partage des pouvoirs entre instances autonomes), et ce jusque chez ses plus hauts représentants.
Votre incapacité ou nolonté à défendre et à promouvoir le Québec, M. Charest et alii, constitue une déficience douloureuse et tout à fait intolérable pour les citoyens. La colère et la frustration que vous générez au sein d'éléments parmi les plus lucides de la population se révèlent rien moins que dangereuses pour la paix sociale. Quand les institutions de droit se montrent incapables de remplir leur rôle et d'accomplir leurs tâches tantôt sous la griserie du despotisme et des coups de force (le Canada carcéral), tantôt par abstention complice (PLQ) , le citoyen se voit tenu, par désespérance et par honneur tout à la fois, mais également bien tôt par survie élémentaire, d'envisager d'autres avenues. J'irai même jusqu'à affirmer que MM. Chrétien, Dion et Charest, pour ne nommer que les feux et boutefeux les plus giropharesques de la scène politique, tricotent probablement de leurs mains, actuellement, la résurgence du Front de Libération du Québec (FLQ). Ou sinon d'autres mouvements analogues.
Votre impuissance anarchique (potentiellement la plus explosive) et agressante (qui se traduit notamment par un acharnement aussi bête que ridicule à l'égard du gouvernement du Québec: critique saine et constructive n'est pas le n'importe quoi) constitue bien plus encore qu'un coup de Jarnac dans les flancs de la démocratie. Elle est bel et bien, il faut se le dire, fauteur de violence. Et ce jour-là bien sûr, car il est moins cinq, votre chef pompeux pompier de service, rassembleur d'occasion et petit monsieur indigné drapé dans l'insignifiance jouera les vierges (d'État) offensées...
Néron jouera les Kennedy.
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