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30 mars 2000 ![]() |
DE LA DÉONTOLOGIE DE LA DISCUSSION...
Catherine Laflamme et Gaston Marcotte ont perdu une belle
occasion de faire amende honorable dans la dernière réplique
(Au fil des événements, 23 mars) qu'ils viennent
de faire à Roger Girard à propos de la place de
la religion à l'école. Sans prendre parti sur le
fond du débat, j'estime que l'étudiant a eu raison
de dénoncer le ton paternaliste et cavalier de ses deux
opposants et que sa réaction ne relève absolument
pas du courrier du coeur. Le statut des personnes, particulièrement
le leur, est un facteur qui doit, contrairement à ce que
prétendent Laflamme et Marcotte, être pris en considération:
le professeur ne doit-il pas donner l'exemple, lui qui a justement
pour responsabilité d'inculquer à ses étudiants
la déontologie de la discussion? C'est en effet un art
difficile que de critiquer sans complaisance tout en faisant preuve
d'un respect total d'autrui. De plus, il n'est pas facile pour
un étudiant de prendre la plume et de s'affirmer et, les
professeurs le savent, il ne faut pas ménager les encouragements
pour qu'ils osent présenter une communication, postuler
à un poste, etc. Quand ils le font, ils peuvent s'attendre
à ce qu'on ne fasse pas preuve de complaisance à
leur égard, mais ils ont droit à la même considération
que les autres.
LE CHIEN MUET SE RÉVEILLE
Commentaires sur le texte "Réplique de l'Orignal
rationnel au Futur théologien'' paru en page 8 dans
le Fil du 9 mars.
J'ai choisi le terme de chien muet dans le livre d'Isaïe. "Les chiens d'Israël sont tous aveugles, ils ne savent rien; ce sont des chiens muets, qui ne peuvent aboyer; ils rêvent, ils se couchent, ils aiment à dormir." (Is 56,10) La comparaison devient encore plus forte quand on songe qu'il fait probablement allusion aux chiens gardant les troupeaux de moutons qui restent impassibles devant l'arrivée du loup. L'analogie doit être faite aussi avec le clergé québécois et ses catholiques pratiquants ou non.
Suite à la "Réplique de l'Orignal rationnel'', je me suis senti obligé de faire le point sur certaines affirmations douteuses ou fallacieuses. La première et non la moindre est celle où les auteurs affirment que la religion est une affaire personnelle. Oui elle l'est, mais elle est aussi une affaire communautaire. La foi se vit et se partage d'abord en famille puis avec les amis, la paroisse, les associations et organisations religieuses, les communauté chrétiennes et finalement dans l'Église. C'est la foi communautaire qui a bâti les églises, les hôpitaux, les collèges, la majorité des écoles, les communautés religieuses, etc. Et cette foi communautaire, quoique diminuée, est toujours vivante et présente au Québec aujourd'hui. Il faut reconnaître que le bien commun de la communauté domine le bien de chacune des personnes individuelles. Pourriez-vous imaginer une équipe de hockey composée uniquement de joueurs individualistes qui ne feraient jamais aucune passe? Le résultat en serait peu concluant. Saint Paul compare la communauté chrétienne à un corps humain. "De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres, et que tous les membres du corps, en dépit de leur pluralité, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ." ( 1 Cor. 12,12 ) Le Christ poursuit sa mission par l'intermédiaire de l'Église ou de la communauté chrétienne. Maintenant, posons le problème de la place de la religion dans les écoles.
Actuellement, dans les écoles primaires et secondaires, 84,9 % des enfants sont inscrits comme catholiques. Mgr Couture, archevêque de Québec, affirme que les sondages révèlent que les parents veulent l'enseignement religieux à l'école. Or dans l'article de Gaston Marcotte et Catherine Laflamme, les auteurs affirment que la religion à l'école primaire est une forme d'endoctrinement religieux. Nous, les catholiques, affirmons que c'est de l'éducation. Jusqu'à l'âge d'environ 10-11 ans, l'élève doit acquérir des connaissances religieuses. C'est ensuite vers l'âge de 12 ans que l'élève, par le développement de la pensée formelle, développera un esprit critique face à l'enseignement acquis. On pourrait seulement parler d'endoctrinement si on n'encourageait pas l'esprit critique des élèves ou si on le réprimait.
Il y a une autre affirmation que j'aimerais discuter, celle où les auteurs semblent nier l'existence d'un monde surnaturel. Je m'excuse, mais nous vivons effectivement dans un monde surnaturel. La religion catholique, spécialement par l'entremise de ses sacrements, nous fait pénétrer dans ce monde surnaturel. Les pouvoirs des sacrements tels que le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie et le Mariage sont réels. Les statistiques démontrent clairement qu'il y a moins de divorces chez les personnes qui se sont mariées à l'Église. Évidemment, je dois vous concéder que nous nageons dans le mystère . Cependant, nous n'avons qu'à penser à la prière. Elle s'avère sans doute le moyen surnaturel par excellence. Combien de prières ont été exaucées depuis le début de l'humanité? L'histoire de l'Église témoigne sans cesse de faveurs obtenues et de miracles. Nous vivons, ce que nous appelons dans le Crédo, la Communion des Saints. Selon le catéchisme, la Communion des Saints est l'union qui existe entre tous les membres de l'Église. Les membres de l'Église sont les Saints du ciel qui composent l'Église triomphante, les âmes du purgatoire qui composent l'Église souffrante et les fidèles de la Terre qui composent l'Église militante. Ces trois églises n'en forment qu'une dans laquelle les bienfaits de la prière, des aumônes, des sacrifices et des bonnes actions apportent des grâces applicables à toute la communauté et au purgatoire. Le purgatoire, ridiculisé par les deux auteurs, constitue un dogme de l'Église. C'est un chef-d'oeuvre splendide de la justice et de la miséricorde de Dieu. Qui, en effet, après avoir vécu, est digne d'aller directement au ciel? L'apôtre Saint Paul enseigne positivement que les chrétiens dont les oeuvres n'ont pas été parfaites pourront être sauvés, mais "comme en passant par le feu." (1 Cor. 3,11-15).
En guise de conclusion, je rejoins l'affirmation de Mgr Couture qui affirme qu'il veut redonner la voix aux "chrétiens muets." C'est pourquoi, il faut inviter la majorité silencieuse à s'impliquer dans la défense de la place de la religion dans les écoles et s'opposer à la minorité qui a rejeté toute appartenance religieuse. "N'ayez pas peur." dirait certainement le pape Jean-Paul II.
DEUX DRAPEAUX? POURQUOI PAS?
M. Jean-Luc Gouin, auiteur du texte "L'unifol à
lier'' paru dans le numéro du Fil du 9 mars, semble
outré et frustré de voir dans son petit "patelin
du Vieux-Québec" sept drapeaux du Canada en un seul
regard près du Château Frontenac. Dois-je rappeler
à ce citoyen de notre Capitale que nous sommes en plein
au Canada et que c'est tout à fait normal? J'ai moi-même
de nombreux drapeaux du Canada et du Québec chez-moi.
Par contre, ce citoyen ne semble pas outré de voir une
quinzaine de drapeaux du Québec en un seul regard près
du Grand Théâtre de Québec, près de
la Place de la Francophonie Deux poids, deux mesures Peut-être
que M. Gouin ne sort jamais de son "petit patelin" et
s'imagine que la vie est plus belle et plus grande quand on s'enferme
dans un esprit étroit. Québec doit être une
ville ouverte et non refermée sur elle-même comme
certains nationalistes frileux et chiâleux en mal de la
"Mère-Patrie"!
D'ailleurs, lui-même nous parle de Frontenac (voleur de
l'époque) et Montcalm (militaire qui faisait son boulot).
À vivre au passé, on en perd le présent! Voilà le problème de plusieurs nationalistes (pas tous bien sûr). Je suis fier de nos deux drapeaux . D'ailleurs, la feuille d'érable est spécifique et nous distingue davantage de la fleur de lys, symbole du colonialisme français.Eh oui, même de nos jours, M. Gouin Parlez-en aux Vietnamiens et aux Algériens. Vive le Canada et le Québec!
L'IMAGE DE L'ONU ET L'INFLUENCE DES ÉTATS-UNIS
Dans un article intitulé "Que fait l'ONU pour
la République démocratique du Congo?" paru
dans le Fil du 6 janvier, l'auteur dénonce le rôle
sordide que joue l'Organisation des Nations Unies en Afrique et
fait une brève énumération de certains échecs
ahurissants imputables à cette fameuse organisation. Par
exemple, après les excuses teintées d'ironie que
le Secrétaire général de l'ONU Kofi Annan
a présentées au peuple rwandais, nous nous demandons
si celui-ci aura le courage de commettre la même bêtise
auprès de la population congolaise. En effet, voilà
que d'autres révélations sur la mort du président
Habyarimana et sur le rôle que le FPR (Front Patriotique
Rwandais) y a tenu viennent allonger encore la liste des preuves
accablantes mettant en évidence la manipulation de l'ONU
par les États-Unis. Pour n'être pas en reste, nous
nous proposons ici de plaider pour les peuples martyrisés
par le cartel américain du crime organisé (Jean
Ziegler et Uwe Mühlhoff. 1998) dans la Région des
grands lacs africains et en Irak.
Le 6 avril 1994, le président rwandais, Habyarimana, et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, étaient assassinés au court d'un attentat qui est en fait à l'origine du génocide rwandais. Comment cet assassinat se justifie-t-il? Pour le FPR, les pourparlers d'Arusha n'avançaient pas assez vite et au même moment, Habyarimana venait de consentir à un gouvernement de transition et à des élections. Tous les soupçons semblent donc vouloir peser sur le FPR. Et effectivement, dans le quotidien canadien The National Post de la semaine du 29 février au 6 mars, Steven Edwards révéle en exclusivité que trois militaires rwandais du FPR (tous Tutsi) ont avoué aux enquêteurs du TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) qu'ils avaient participé à cet attentat. Cette révélation explosive constitue une autre gifle magistrale pour l'ONU et surtout pour la juge de la Cour suprême du Canada, Louise Harbour, qui était à cette époque procureur en chef du Tribunal Pénal International pour le Rwanda et qui savait dès lors très bien que le FPR était responsable de l'assassinat de Juvenal Habyarimana.
Paul Kagame et Alex Kanyarengwe savaient, dès le début, tout de l'organisation de cet attentat, commandité par une puissance étrangère que Monsieur Pierre Bigras, de L'Observatoire de l'Afrique centrale, a refusé d'identifier. Jean-Marc Bouju (The Associated Press) écrit quant à lui: " [] the informants accuse Paul Kagame, Rwanda's vice-president and minister of defense of being overall operations commander of the deadly attack ". Pourtant il ne semble pas inquiété outre mesure et l'on est en droit de se demander quand ce criminel sera arrêté. Doit-on continuer de tolérer l'impunité dont il bénéficie ? Qui plus est, il a été possible de retracer l'origine des deux missiles sol-air ou SAMs, identifiés SA 16s, tirés sur l'avion du président Habyarimana. Il s'agit de missiles confisqués à l'Irak pendant la guerre du Golfe. Au-delà de ce crime contre l'humanité, Robert Gersony, responsable du bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Rwanda estime que, entre avril et août 1994, le FPR a tué systématiquement 25 000 à 45 000 Hutu.
Au regard de ces preuves accablantes, il est légitime de se demander quelle est la responsabilité de Madame Harbour dans ces événements. Cette interrogation est d'autant plus pertinente que Steven Ewards nous fait part des atermoiements de Madame Harbour au cours des événements: "A source linked to the investigators explained that she changed her mind over a period of two weeks. The investigators had been working on this case for a year. She waited until the investigation appeared to be on the brink of a breakthrough before she shut it down ". Madame Harbour semble donc avoir effectivement mérité sa promotion comme juge de la Cour suprême du Canada car les auteurs des crimes contre l'humanité se trouvent ailleurs que dans les pays développés.
Parlant de l'Irak, la conférence de Monsieur Rachad Antonius, organisée par le Comité organisateur du Mois de l'histoire des Noirs, permet de renforcer encore l'idée d'une ONU manipulée par les États-Unis. Ainsi le programme "Pétrole contre nourriture" humilie l'humanité tout entière. Sur le plan financier, en 1990, soit avant l'apparition de ce programme, 250 dinars valaient 800 $ US. Aujourd'hui, ils ne valent plus que 18 cents américains et la répercussion de ce phénomène sur les salaires irakiens est catastrophique: un médecin touche 25 $ US mensuellement, un professeur 7 $ US, etc. C'est la détérioration complète de l'économie. Les sanctions que les États-Unis imposent à l'Irak, à travers l'ONU en utilisant leur droit de veto, conduisent à une répartition des revenus du programme "Pétrole contre nourriture" loin de toute considération humaine : 30 % sont affectés aux dédommagements, 13 % à la gestion du programme, sans compter les tracasseries sur les besoins de la population. Sur le plan social, les conséquences sont catastrophiques: 4 500 enfants meurent chaque mois; les enfants de la rue sont en nombre croissant; la prostitution féminine et infantile augmente; la situation économique désastreuse incite de plus en plus de personnes à émigrer; le système de santé est en pleine désorganisation; la malnutrition de la population est criante; le taux de suicides atteint des sommets, etc. Et finalement, quel est le bénéfice de ces sanctions ? S'il était ici question d'instaurer un équilibre des forces dans la région, ces calculs finiront par être inutiles. Après dix ans d'un tel régime, nous ne pouvons que constater que les sanctions contre l'Irak n'ont résolu aucun problème. Par contre, elles ont augmenté le nombre des sympathisants à la cause de ce pays attaqué par le cartel américain du crime organisé. La preuve en est faite par les démissions successives des responsables du programme "Pétrole contre nourriture", par la pétition qu'ont signée certains responsables de la mission de l'ONU en Irak, et par l'éveil de certains représentants américains.
La République démocratique du Congo et l'Irak ont quelque chose en commun: la richesse du sous-sol. Celle-ci pourrait permettre à ces deux pays de se développer rapidement. Comme l'écrit Colette Braeckman (1999: 400-404) à propos de l'Afrique centrale : " [] l'intérêt américain pour le Congo ne s'explique pas seulement par l'aversion que suscite l'imprévisible Kabila, par la sympathie qu'inspire un personnage comme Museveni ou par la nécessité de protéger des Tutsi du Rwanda des risques d'un autre génocide. Répétons-le: les ressources du Congo, qu'elles soient potentielles ou déjà en exploitation, se trouvent au cur de l'enjeu ". Les crimes contre l'humanité perpétrés par un groupe de possédés démoniaques resteront impunis tant que les gens ne s'occuperont pas des moyens de contrôler une organisation devenue propriété des sanguinaires.
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