16 mars 2000 |
L'épuisement professionnel ou burn out n'est pas seulement le lot des travailleurs. Le "métier d'étudiant" fait également sa part de victimes parmi cette jeunesse carburant à l'essence de la performance et que l'on dit "capable d'en prendre".
"Ce n'est pas parce la situation d'un étudiant universitaire est différente de celle d'un travailleur qu'elle est plus facile, affirme Marcel Bernier, psychologue au Service d'orientation et de counseling de l'Université Laval. Les priorités ne sont pas les mêmes, mais équivalentes en importance. Il a ses responsabilités scolaires, financières et sociales à rencontrer. Ajoutez-y un emploi souvent exigeant et peu rémunéré, quelques difficultés dans sa vie personnelle, un manque de repos, une pauvre alimentation, une mauvaise gestion du temps et bingo: l'épuisement étudiant est vite arrivé, d'autant plus si l'étudiant ne se rend pas compte de la dégradation de son état et qu'il s'acharne à continuer de répondre à toutes les demandes."
Observé sous l'oeil du microscope des symptômes physiques et psychologiques, l'épuisement se laisse deviner, entre autres, par de la fatigue, le manque de motivation, de l'insomnie, des troubles gastriques, une résistance diminuée, de l'anxiété, du découragement, des facultés cognitives affaiblies (concentration, mémoire, etc.), le doute de soi.
Un signal d'alarme
"Garder la tête hors de l'eau, ce n'est pas assez,
juge Marcel Bernier. Cela signifie que l'équilibre est
précaire, que l'étudiant a peu de marge de manoeuvre
pour passer à travers une période d'étude
plus demandante. Cet état est à éviter."
Il faut donc, selon le psychologue, prévoir l'imprévu,
garder toujours de la place - si petite soit-elle - pour du temps
libre, du repos, des activités de détente sur lesquelles
l'étudiant maintiendra un contrôle.
"L'épuisement peut être perçu comme un signal d'alarme, il indique que quelque choses est à changer dans le fonctionnement d'une personne, explique-t-il. Par exemple, cela pourrait le forcer à modifier certains idéaux irréalistes, à effectuer une meilleure gestion de son temps ou à se rendre compte qu'il a trop d'activités dans sa vie et qu'il doit faire des choix, renoncer à certaines choses."
Des solutions
Pour éviter ou soigner l'épuisement, le psychologue
du Service d'orientation et de counseling prescrit notamment de
se reposer, de rire, de bien manger et bien dormir, d'éviter
la fusion avec ses études ou son travail (être capable
de garder une distance), d'établir une liste d'activités
de plaisir, de faire du sport, d'être éveillé
aux saveurs, aux sentations et aux beautés de l'environnement,
de réorganiser son emploi du temps (horaire plus équilibré
et réaliste), de réévaluer ses priorités
et ses valeurs, de trouver des modèles ou des points de
comparaison qui sont atteignables, plus humains et moins parfaits,
de trouver d'autres critères que la réussite et
l'excellence pour se gratifier et favoriser l'estime de soi, de
se donner le droit d'être lent, fatigué, de parler
de ses difficultés et de ses besoins, de consulter un professionnel
si cela s'avère nécessaire.
"Reconnaître et accepter ses limites est un signe de maturité", estime Marcel Bernier.
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