16 mars 2000 |
Nourrir des chevreuils pour les aider à survivre au rude hiver québécois n'en fait pas des accros de la mangeoire. En effet, contrairement à ce qu'anticipaient plusieurs spécialistes de la faune, le nourrissage artificiel des cerfs de Virginie ne semble pas modifier irrémédiablement leurs déplacements quotidiens ni la superficie de leur domaine vital. C'est ce qu'a découvert une équipe de recherche du Département de biologie, formée de Diane Grenier, Michel Crête et André Dumont, en étudiant un groupe de chevreuils munis de radio-émetteurs. À l'hiver 1995, les chercheurs ont suivi, par télémétrie, les déplacements de chevreuils dans le ravage (lieu d'hivernage du chevreuil) de Pohénégamook. Neuf de ces bêtes fréquentaient des postes d'alimentation et sept autres bêtes ne broutaient que les ramilles des arbres et arbustes poussant naturellement sur leur territoire. Les chercheurs ont ainsi estimé qu'entre janvier et avril, les animaux qui se rendaient aux auges avaient un domaine vital de 42 hectares contre 39 pour les animaux qui avaient une alimentation strictement naturelle. |
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Les 1 500 cerfs du Témiscouata et du Bas-du-fleuve vivent à la limite nord de l'espèce. Le chevreuil tire de la langue dans cette région alors qu'il est devenu trop abondant presque partout ailleurs en Amérique du Nord. Selon le professeur de biologie Jean Huot, les opérations de nourrissage menées dans l'Est du Québec offrent tout de même un double avantage. Elles permettent de sauver des animaux lors d'hivers particulièrement rigoureux et elles mobilisent la population, ce qui crée un fort sentiment d'appartenance. "Quand la moitié du village s'occupe des chevreuils, c'est plus gênant d'en braconner", avance-t-il.
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