16 mars 2000 |
Au lendemain du dépôt du budget 2000-2001 du gouvernement du Québec, le ministre d'État à l'Éducation et à la Jeunesse, François Legault, a fait savoir, hier matin, mercredi 15 mars, que la Politique à l'égard des universités, rendue publique en février, sera assortie d'une injection de fonds totalisant 600 millions de dollars d'ici à 2002-2003.
Rappelons que le ministre d'État à l'Économie et aux Finances du Québec, Bernard Landry, avait annoncé, mardi soir, que le gouvernement du Parti québécois allait consacrer un milliard de dollars, en trois ans, au secteur de l'éducation, sans toutefois dévoiler l'affectation par ordre d'enseignement (éducation préscolaire, enseignement primaire et secondaire/ enseignement collégial/ enseignement universitaire) de ladite enveloppe budgétaire.
Le réseau universitaire québécois recevra ainsi, à titre de réinvestissement, 120 millions en 2000-2001, 180 millions en 2001-2002 et 300 millions en 2002-2003, auxquels s'ajouteront 230 millions provenant des économies réalisées dans le cadre de l'entente sur les bourses du millénaire. De plus, un montant de 100 millions de dollars servira, dans l'immédiat, au rétablissement de la situation financière des universités, c'est-à-dire à éponger les déficits.
Un emballage très positif
Au dire du recteur François Tavenas, qui préside
la Conférence des recteurs et principaux du Québec
(CREPUQ), le budget du Québec en matière d'éducation
est "un bon budget présenté dans un emballage
très positif". "L'annonce du ministre François
Legault est l'amorce d'une nouvelle phase, celle, après
cinq ou six ans de restrictions, d'un réinvestissement
dans la base de financement des universités, a-t-il confié
au Fil. Ce sont des nouvelles très encourageantes
pour le réseau. Il va rester maintenant à déterminer
avec le ministre la façon dont le réinvestissement
sera réparti d'une université à l'autre."
Le ministre François Legault a d'ailleurs signalé à ce sujet, lors de sa conférence de presse, qu'une politique de financement revue sur la base de nouvelles règles (inscrites dans un "contrat de performance") sera soumise prochainement à l'attention des universités.
Bernard Landry avait lui aussi annoncé, la veille, les couleurs du gouvernement: "Comme l'a dit mon collègue de l'Éducation, le refinancement des universités sera réalisé en regard des objectifs suivants: accessibilité, performance et réponse aux besoins de la société. Le tout équilibré entre l'essentielle présence en région et le développement des grands pôles d'excellence. Nous comptons sur l'appui essentiel du corps professoral pour mener à bien ces orientations", avait-il déclaré à l'Assemblée nationale.
Budget porteur d'espoir
Pour la Conférence des recteurs et principaux du Québec
(CREPUQ), le budget 2000-2001 du gouvernement du Québec
contient de bonnes nouvelles et il est porteur d'espoir. "En
plus de confirmer les engagements pris lors du Sommet du Québec
et de la jeunesse en matière de réinvestissement,
le budget présenté par le ministre Bernard Landry
comporte également des mesures intéressantes pour
les établissements et pour les étudiants eux-mêmes",
avait commenté François Tavenas, mardi soir, à
la suite du discours sur le budget.
Parmi la série de mesures rendues publiques par le ministre Landry, le président de la CREPUQ n'avait pas manqué de qualifier de "fort intéressantes" les sommes de 100 millions de dollars non récurrents aux crédits de 1999-2000 devant encourager les universités à maintenir leur santé financière; de 120 millions non récurrents aux crédits de 1990-2000 du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie à Valorisation-Recherche Québec pour des projets présentés, entre autres, dans le cadre de la Fondation canadienne de l'innovation (FCI), des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et de Génome Canada; de 40,3 millions en trois ans pour les conseils subventionnaires de recherche du Québec (FCAR, FRSQ, CQRS); de 8,1 millions, en 2000-2001, pour la bonification du programme de bourses au mérite aux étudiants des cycles supérieurs administré par le Fonds FCAR, en soulignant au passage le relèvement de 500 $ à 3 000 $ de la partie des bourses exemptée d'impôt et l'exonération de la totalité des bourses accordées au mérite aux étudiants universitaires.
Mais la disposition qui intéressait au plus haut point les chefs des établissements universitaires du Québec demeurait le partage entre les trois ordres d'enseignement des montants de 200, 300 et 500 millions de dollars alloués au réinvestissement en éducation au cours des trois prochaines années. "C'est seulement lorsque cette information sera connue que l'on pourra véritablement apprécier l'importance du pas qui vient d'être franchi en faveur de la restauration de la position concurrentielle des universités québécoises sur la scène canadienne et internationale", avait indiqué François Tavenas.
Davantage d'engagement
Le président de la Fédération étudiante
universitaire du Québec, Daniel Baril s'était réjoui
de son côté que l'ère des compressions cède
la place au mode de réinvestissement. "Le montant
de 100 millions de dollars promis pour cette année permettra
à peine aux universités de garder la tête
hors de l'eau", avait cependant tempéré le
premier dirigeant de la FEUQ.
Interrogé sur les ondes de Radio-Canada, mardi soir, son collègue de la Confédération des associations d'étudiants et d'étudiantes de l'Université Laval s'était pour sa part montré encore plus revendicateur. "Au Sommet du Québec et de la jeunesse, nous avons obtenu un engagement de réinvestissement d'un milliard en éducation. C'est très peu. Nous demandions 1,3 milliard par année et non pas un milliard sur trois ans", avait fait remarquer Patrick Caux, président de la CADEUL. Il faut donc, selon lui, que le gouvernement s'engage davantage dans un prochain budget.
Le représentant des étudiants et des étudiantes de 1er cycle de l'Université Laval avait certes concédé que le budget Landry renfermait de grandes mesures, notamment en ce qui a trait au régime des prêts et bourses (par exemple, l'accroissement de 40 % du montant des bourses accordées aux étudiants à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat).
Mais il avait tout de même pointé du doigt le cas des bourses d'excellence. "On encourage de plus en plus une catégorie d'étudiants qui est favorisée, qui "performe". Nous sommes loin à ce moment des principes habituels du mouvement étudiant qui veut l'accessibilité universelle aux études. Nous nous retrouverons dès lors dans un système qui soutient certaines personnes au détriment de l'ensemble", avait déploré Patrick Caux.
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