9 mars 2000 |
NOUS SOMMES DES PROFESSEURS BON MARCHÉ
Je ne m'étendrai pas trop sur le caractère pédant,
prétentieux et outrecuidant du texte qu'ont fait paraître
dans le Fil des événements du 17 février
dernier seize professeurs de la Faculté des sciences de
l'éducation quant à la Vôcation messianique
du Professeur-type, selon eux, ma foi, quasi canonisable de par
ses innombrables et inégalables vertus.
Il paraît que le ministre Legault aurait peut-être "suffisamment peu de connaissance de la réalité quotidienne d'un-e professeur-e d'université" pour pouvoir "comparer sans sourciller le travail des chargé-e-s de cours et celui des professeur-e-s d'université".
Il appert que j'ai, moi, "suffisamment assez" de
connaissance de la réalité quotidienne des chargé-e
s de cours pour apporter les correctifs suivants aux affirmations
des signataires de l'article précité: 1. Beaucoup
d'entre nous faisons, oui, le même "métier"
que les professeurs, ce qui inclut (et qu'on se le dise une fois
pour toutes): enseignement, encadrement des étudiants,
recherche, publication, demandes de subventions et pétage
de broue dans les colloques de Sociétés savantes;
si nous ne dirigeons pas encore les thésards de deuxième
et troisième cycles, c'est que l'administration, dans son
habituel mépris de la personne chargée de cours,
ne fait pas assez confiance à nos qualifications, qui souvent
valent bien celles de nos collègues professeurs.
2. Dans la perspective "strictement comptable" de nos seize insurgés, si on accepte l'idée que les chargés de cours sont des professeurs classe économique, les recteurs auraient dû, depuis longtemps, comme solution définitive à leurs difficultés budgétaires, remplacer les professeurs par des chargés de cours; or, tout le monde sait que pour déloger un professeur d'université, au Québec, il faut se rendre AU MOINS devant la Cour suprême du Canada, sinon carrément aller demander une permission spéciale à l'ONU ou au Vatican. Exit, donc, la solution "Ersatz".
3. Nous sommes peut-être "payés à la tâche" (nous sommes des tâcherons, c'est connu), mais là encore, on oublie que nous parlons de tâche d'enseignement, toutes les autres tâches que nous accomplissons, comme les professeurs (cf. 1), relevant du pur bénévolat, qu'on accepte cette réalité ou non.
4. "D'où pourraient provenir ces chargé-e-s
de cours [...] s'ils n'avaient d'abord été formés
et encadrés par des professeurs"? Ces messieurs-dames
de la Faculté de l'éducation n'ont jamais reçu
de formation universitaire de chargés de cours pour se
rendre là où ils sont? Qu'ils aillent demander
à leurs chers collègues de l'UQAM , qui semblent
abonder dans le sens de leurs prétentions, quelle proportion
des cours de premier cycle sont donnés par des chargés
de cours chez eux. Les étudiants formés par des
chargés de cours deviendront aussi des professeurs d'université.
Et puis, ma foi, si on remonte comme ça jusqu'à
Adam et Ève, qui sait si on ne découvrira pas que
l'Arbre de la Science du Bien et du Mal n'était pas un
chargé de cours bon pommier en bénévolat
(ça ne coûte pas cher un pommier: ça pousse
tout
seul, ça donne des fruits gratos et c'est peu d'entretien!)
5. Dans les 2 500 mots qui suivent la ti-counesque question du qui a formé qui, nos seize champions de l'autocongratulation demandent à leur ministre QUI, mais QUI DONC (Seigneur Dieu du ciel), s'ils sont remplacés par l'engeance chargé de cours, se chargera: a) de mettre à jour les connaissances transmises aux étudiants (tiens! ce sont les chargés de cours qui sont connus pour servir toujours les mêmes vieilles salades jaunies); b) QUI pourrait assumer la tâche "vitale" de transférer des connaissances aux acteurs de la société québécoise (mais que diable croyez-vous que nous fassions dans nos salles de cours: enfiler des perles?). Eh bien, NOUS, simplement, nous nous en chargerons, nous les chargés de cours, qui ne sommes ni des pis-aller, ni de quelconques appendices, ni de pâles copies ratées de professeurs.
6. "Le métier de professeur commence bien avant que l'on soit en poste" (Lamento d'un autre 500 mots à l'appui). Ben ça c'est pas de chance pour vous, les copains: nous, voyez-vous, nous obtenons des charges de cours aussitôt sortis du secondaire cinq!
Je terminerai en ajoutant que si "personne [...] n'a intérêt à dénigrer leur fonction [celle des professeurs]", je ne vois pas quel "intérêt" a pu pousser seize éminences grises "aventuriers de la pensée, éclaireurs spécialisés" à commettre ce ramassis de faussetés méprisantes à l'endroit des chargés de cours. Notre ministre de l'Éducation a fait l'erreur de fixer son regard de businessman sur le mauvais plateau (celui du haut) de la balance. Dans son évaluation du rapport qualité-prix chez les enseignants universitaires, au lieu de mettre l'accent sur le fait que les professeurs sont trop payés, il aurait dû constater ce qui saute aux yeux, à savoir que les chargés de cours ne le sont pas assez.
LES CONSOMMATEURS QUÉBÉCOIS ET LES ALIMENTS
MODIFIÉS GÉNÉTIQUEMENT
Réponse au texte de Mariloue Ste Marie, "Des salades,
ça oui!", paru dans le Fil du 17 février
2000.
Ayant été codirectrice, avec Gérard Duhaime, de la recherche sur la perception des consommateurs québécois face aux biotechnologies alimentaires dont une sélection des résultats a été présentée lors du symposium de la Semaine d'agriculture, d'alimentation et de consommation, il m'apparaît nécessaire de réagir aux propos de Madame Ste Marie parus dans le Fil des événements du 17 février 2000. Il importe d'abord de préciser que, contrairement à ce que soutient Madame Ste Marie, l'équipe ayant travaillé à cette étude était constituée de chercheurs en sciences de la consommation, aucunement impliqués dans le développement des biotechnologies ou dans la production alimentaire. La perspective que nous privilégions dans notre champ d'étude et de recherche est celle du consommateur. Nous n'avons donc aucun avantage à tirer de la position favorable ou non favorable des consommateurs québécois face à ce sujet.
De toute évidence, Madame Ste Marie n'a pas assisté à la conférence prononcée lors du symposium. Si cela avait été le cas, elle saurait que la présentation a porté, non pas tant sur l'attitude générale des consommateurs face aux aliments modifiés génétiquement (qui ne constitue qu'une infime partie de la recherche), mais sur les facteurs qui influencent leur perception et sur les sources qu'ils jugent crédibles pour leur fournir de l'information à ce sujet. Le peu de familiarité des consommateurs avec ce sujet et l'urgence de leur fournir une information juste ont aussi été soulignés. Si elle avait assisté à la conférence, lu le texte distribué aux participants ou encore le rapport de recherche qui est disponible depuis 1997 à la Bibliothèque de l'Université Laval, elle serait probablement moins inquiète, constatant que les résultats de l'étude démontrent que les consommateurs ne sont pas prêts à accepter n'importe quel produit alimentaire modifié génétiquement et qui serait créé dans n'importe quel but. Lors de la présentation, j'ai aussi souligné l'importance de préserver le droit fondamental des consommateurs de choisir les biens et services qu'ils achètent. Il a aussi été précisé que l'attitude générale positive décelée lors de l'étude datait de 1996 et donc d'avant l'émergence du débat actuel. Cette limite et d'autres ont été mentionnées tout en soulignant la validité des facteurs d'influence identifiés qui nous aide à mieux comprendre la position des consommateurs quelle qu'elle soit.
Est-il nécessaire de préciser que nous n'avons pas "présumé" des attitudes des consommateurs en posant une question tendancieuse comme le soutien madame Ste Marie? Une lecture du rapport lui aurait permis de prendre connaissance de toutes les questions qui ont été posées pour cette partie de l'étude, de la date du sondage et de vérifier, entre autres, notre degré de transparence. Elle aurait aussi constaté aussi que des entrevues de groupe effectuées avant le sondage téléphonique ont révélé les mêmes tendances. Il est regrettable que l'on présume des intentions des auteurs et de la méthodologie d'une recherche sans avoir pris la peine de se renseigner adéquatement. Il est, de plus, tout à fait inapproprié de présumer de l'opinion actuelle de l'ensemble des consommateurs québécois d'après son opinion personnelle ou d'après les quelques voix que l'on entend ici et là. C'est une chose qu'un chercheur sérieux évite de faire. Les gens et les organismes qui se prononcent actuellement sur le sujet sont-ils représentatifs de l'opinion de l'ensemble des Québécois? Seule une autre étude réalisée auprès d'un échantillon représentatif des Québécois permettrait de se prononcer sur la question
Ceci étant dit, il est sain qu'un débat sur la question émerge enfin, que les consommateurs et les organisations expriment leurs opinions ainsi que leurs craintes. Mais un tel débat est inutile, de même qu'un éventuel étiquetage des OGM, si les consommateurs ne savent pas en quoi consistent les biotechnologies alimentaires et leur développement. La diffusion d'une information adéquate est absolument nécessaire pour que chaque consommateur puisse faire ses choix d'une manière éclairée, ce que malheureusement, le timide débat actuel n'a pas encore rendu possible.
En terminant j'aimerais préciser que les résultats de l'étude qui ont été présentés lors du symposium de SAAC n'ont pas été "dévoilés" lors de cet événement puisqu'ils avaient déjà été rapportés dans plusieurs médias et présentés lors d'autres conférences.
LUTTE, SPECTACLE OU VIOLENCE?
Il y aurait, paraît-il, une forte augmentation du nombre
de scènes de scènes de violence à la télévision
depuis quelques années. Qui sait, les statistiques dont
on nous fait part feront peut-être l'objet de thèses
de doctorat en anthropologie ou en psychologie. Mais pourquoi
pas en sciences de l'éducation? Regardez la lutte au canal
RDS et vous comprendrez le motif de ma suggestion.
Je n'ai jamais pratiqué la lutte moi-même (mes os
n'auraient sans doute pas résisté très longtemps).
Ayant déjà apprécié les acrobaties
qu'exécutaient certains lutteurs d'autrefois, je "zappe"
occasionnellement au 33 en espérant y retrouver des lutteurs
qui me fourniraient un moment de détente. Moment de détente
ou moment de révolte?Voyons plutôt comment les choses
se déroulent.
Le tout se passe dans une arène où s'entassent, à ce que l'on dit, pas moins de 40 000 personnes. Jeux de lumière, feux d'artifice, musique percutante, costumes multicolores, tout est en place pour un défoulement collectif. Il ne reste qu'à accueillir le premier lutteur, pardon le gladiateur! Une montagne de muscles (possiblement gonflés aux hormones) sort brusquement d'une caverne fumante (on croirait vivre le "big bang" originel), et s'avance majestueusement dans une allée tout en faisant reluire ses biceps sous des rayons laser ou quelque chose du genre. Accompagné d'une "figurante" (sans doute gonflée aux hormones également), il monte dans l'arène, s'empare du micro de l'annonceur, ou plutôt lui arrache des mains, et là, d'une voix caverneuse , explique qu'il est le champion du monde et qu'il va détruire son adversaire. Mais son opposant, veillant au grain, accoure rapidement par l'arrière et, à l'aide d'un bâton, d'une chaise ou d'une "barre à clous" fait s'écrouler le gladiateur un peu trop sûr de lui. Ce n'est que le début du spectacle. Devant ce geste insensé (sans doute planifié à l'avance!) voilà que trois ou quatre autres gladiateurs arrivent dans l'arène pour participer à la bagarre. L'arbitre (quel arbitre?) est le plus souvent assommé et laissé dans le coin de l'arène. Au moins deux gladiateurs sont expédiés par dessus bord et s'écrasent sur le plancher près de l'arène. On les gratifie de coups de pied. Pour que le spectacle soit encore plus succulent, les "figurantes" viennent encourager leurs amis mais si elles le font d'une façon un peu trop évidente, elles peuvent recevoir quelques "taloches" assez convaincantes. Et la foule crie à tout rompre.
Mais je vous le demande,à quelle époque vivons-nous?. A l'orée du troisième millénaire ou au temps des Romains? Bien sûr, il s'agit d'un spectacle,où le scénario est bien préparé avec les caméras placées aux bons endroits. Les annonceurs s'égosillent à vouloir nous faire croire qu'il s'git du combat du siècle. Et pour essayer de nous faire bondir d'émotions, voilà que les deux annonceurs s'injurient mutuellement. Mais que reste-t-il dans l'esprit des adolescents, ou peut-être même des enfants, qui regardent ce genre d'émission? Pour la plupart, ils n'ont jamais vu de lutte vraiment acrobatique où les deux adversaires pouvaient se donner la main avant et après le combat. Les coups étaient durs à l'occasion mais au moins on avait l'impression que l'habileté prenait plus de place que la brutalité. Dans le cas qui nous intéresse ici , il y a 90 % de brutalité (pour ne pas parler de bestialité) et 10 % d'habileté. Et encore je suis généreux.
Je crains que les jeunes ne perçoivent pas très bien entre le vrai et le faux dans tout cela. Ils ont en tout cas un exemple de violence gratuite, et d'injustice flagrante de la part de l'arbitre qui, s'il a réussi à se remettre debout après avoir été assommé, déclare victorieux celui à qui on avait confié la mission de rester debout au milieu du carnage! Cette "lutte professionnelle" est-elle, comme on l'enseignait jadis pour l'ensemble des sports, un moyen de former les jeunes? Y puise-t-on des exemples de camaraderie, de gentillesse, de justice, de discernement?
Chers amis propriétaires et réalisateurs du canal RDS, c'est à vous de répondre. N'allez surtout pas me dire qu'on est libre de regarder ce que l'on veut. C'est ce que l'on a longtemps dit au sujet de la cigarette. On était libre de fumer ou de ne pas fumer. Voyez quel gachis l'on a fait de notre santé et ce qu'il en coûte pour corriger ce manque de vision. Quant à moi, je continuerai à regarder les émissions sportives valables pour me divertir. Mais les programmes de lutte, ne comptez pas sur moi. Je préfère encore regarder le canal "Découverte", montrant des kangourous qui se bagarrent à coup de pattes dans une savane de l'Australie. Au moins eux n'utilisent pas de barre de fer!
Édifiant que ce Canada ultranationaliste parfaitement
puéril qui s'étale comme un enfant gribouille son
nom partout aussitôt qu'il sait l'écrire, et qui
distille sa vision du monde comme l'animal sauvage fait ses marques:
en urinant partout. Et ce au grand plaisir du Maître ès
petits-pots Jean Charest, spécialiste devant l'éternel
du procès d'intention en guise de politique.
Un tissu bicolore qui bande les yeux, bâillonne les lèvres.
Messieurs dames les fédéraux nationaleux, dans votre
arrogante suffisance vous tissez sano à même
votre tyrannie une troisième couleur qui aura tôt
fait de se joindre aux premières. Car c'est le Vert-blanc-rouge
que bientôt l'on redéploiera. Au front cette fois.
De la libération.
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