24 février 2000 |
Amateurs de lyrisme et de grands airs, réjouissez-vous! Les 25 et 26 février, à 20 h, à la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm, l'Atelier d'opéra de la Faculté de musique présente La clemenza de Tito (La clémence de Titus) de Wolfgang Amadeus Mozart. Faisant appel aux sentiments et aux émotions exacerbées, cette production se situe à l'opposé de l'opérette d'Offenbach que l'Atelier avait présentée l'an dernier. "Avec une oeuvre qui s'apparente aux tragédies de Racine comme Phèdre ou Athalie, on ne peut plus se cacher derrière le rire et les gags, révèle le metteur en scène Marc Bégin. C'est l'émotion à l'état pur. Tout le drame est dans l'expression musicale."
L'histoire se déroule à Rome, au premier siècle de l'ère chrétienne. Poussé par l'ambitieuse Vitellia, Sesto, un jeune patricien, monte un complot destiné à renverser l'empereur Titus. Le projet échoue et Sesto est condamné par le Sénat pour avoir osé attenter aux jours de son roi. Bien que l'empereur laisse entendre qu'il ferait grâce au coupable, le fautif s'obstine dans son mutisme. Poussée par Servilia, la soeur de Sesto, qui la supplie d'intercéder pour son frère, Vitellia finit par avouer sa faute. Devant cet aveu, Titus accorde non seulement son pardon à Sesto mais aussi à tous ceux qui ont participé à cette odieuse machination.
Ayant écrit cet opéra en deux actes en 1791, à la toute fin de sa vie, entre La Flûte enchantée et le Requiem, Mozart répondait à une prestigieuse commande de Léopold II, roi d'Autriche et de Bohême. En fait, c'était le genre d'opéra qu'on montait pour les fêtes entourant un couronnement et, ultimement, pour rehausser l'image de la monarchie, explique Marc Bégin. "Par exemple, l'empereur y est montré comme un être exempt de tout défaut. En outre, toutes les conventions de l'opéra classique sont présentes dans cette oeuvre où vocalises et grandes arias mettent en valeur le talent des chanteurs et chanteuses. Le chant et la musique - particulièrement superbe - véhiculent le drame; c'est l'union parfaite entre la musique et la mise en scène."
Figures tragiques
Abondant en ce sens, Sophie Bouffard défnit La
clemenza de Tito comme "un drame à l'état
pur et d'une oeuvre vocalement très exigeante", où
le jeu des chanteurs et des chanteuses occupe toute la place.
Dans son cas, on peut vraiment parler de rôle de composition
puisqu'elle y joue le rôle d'Annio, qui était chanté
par un castrat à l'époque de Mozart. Même
chose pour Hélène Coutu, qui interprète le
rôle de Sesto, une figure tragique à souhaits. Pour
ces deux "travesties", le défi consiste à
trouver l'attitude qui convient et à se brancher sur "une
énergie différente". "Sesto choisit de
souffrir pour que la vérité éclate, note
Hélène Coutu. Déchiré entre son amour
pour Vitellia et son amitié pour Tito, il vit un drame
intérieur profond. Finalement, toute l'histoire fait appel
à la dimension tragique de l'être humain."
Ayant laissé la voie du droit pour celle de l'art, François Bégin, baryton, tient pour sa part le rôle du préfet de discipline, Publius: "Quand tout le monde panique, Publius tente de rassurer tout le monde. C'est un véritable pilier émotif. D'ailleurs, les émotions à elles seules constituent de véritables tableaux." Philippe Cantin, qui joue Titus, parle d'un rôle exigeant vocalement mais combien satisfaisant à assumer pour un jeune chanteur. À cet égard, il invite le public à ouvrir bien grand les oreilles à la toute fin du deuxième acte. Grand air en perspective!
"Monter une tragédie représente une entreprise très fragile, précise Marc Bégin. Une petite incartade et ça y est, on tombe dans la comédie. Dans un opéra comme celui-ci, les personnages sont en quelque sorte "surdimensionnés", littéralement habités par leurs émotions. Quand ils aiment, ils aiment et quand ils souffrent, ils souffrent." Promettant une mise en scène sobre relevée par des éclairages qui sculpteront l'espace, Marc Bégin mise sur une atmosphère intemporelle dans cet opéra où les résonnances psychologiques risquent de faire battre le coeur des spectateurs pendant longtemps.
Outre les rôles mentionnés, on retrouve Karine Côté dans le rôle de Vitellia et Marie Coulombe dans celui de Servilia. Les étudiantes et les étudiants en interprétation seront accompagnés par l'Orchestre de la Faculté de musique, sous la direction de Jean-Marie Zeitouni. Hélène Bégin assure la préparation musicale des solistes et Michel Ducharme, celle des choeurs. Les billets sont en vente dans le réseau Billetech au coût de 12 $ (étudiants 10 $), frais d'administration en sus.
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