24 février 2000 |
Monsieur François Legault
Ministre de l'Éducation
Ministère de l'Éducation
Édifice Marie-Guyart, 16e étage
1035, rue de la Chevrotière
Québec (Québec) G1R 5A5
Monsieur le Ministre,
Nous, les étudiants et la direction de l'Université Laval, désirons porter à votre attention l'urgence d'un réinvestissement substantiel dans l'enseignement supérieur en général, et à l'Université Laval en particulier. Nous désirons également vous demander de poursuivre vos efforts auprès de vos collègues ministériels afin d'obtenir le financement requis pour mettre fin à la situation de plus en plus intenable des universités québécoises.
D'abord, nous voulons insister sur la nécessité
de donner aux universités québécoises les
moyens de redevenir compétitives à l'échelle
nord-américaine. Si le Québec veut continuer d'occuper
une place de choix parmi les sociétés développées
il doit pouvoir compter sur une jeunesse formée selon les
meilleurs standards de qualité. L'Université doit
aussi assumer la formation de citoyens responsables et critiques
qui contribuent au développement harmonieux de notre société
démocratique. Les universités québécoises
doivent donc disposer de ressources leur permettant d'offrir une
formation de qualité comparable à celle des universités
canadiennes, américaines et européennes.
D'autre part, les activités de recherche et de formation
au niveau de la maîtrise et du doctorat forment de plus
en plus la base du développement économique, social
et culturel des nations dans le contexte de sociétés
de savoir que nous connaissons. Il est essentiel que les universités
québécoises, qui ont fait leur marque grace à
leurs progrès remarquables dans ces domaines au cours des
30 dernières annèes, puissent protéger ces
acquis et développer leur contribution à la formation
des chercheurs et à la production de nouvelles connaissances
dans un environnement mondial de plus en plus compétitif.
Elles doivent disposer des ressources nécessaires pour
leur permettre de continuer à affirmer la place du Québec
dans les domaines clés de l'innovation.
Or, le sous-financement des six dernières années, qui s'est traduit entre autres par la disparition de plus de mille postes de professeurs dans le réseau universitaire québécois, affecte très sérieusement la capacité des universités québécoises à offrir à tous les cycles l'encadrement pédagogique que les étudiants et étudiantes sont en droit d'attendre. Les universités peuvent de moins en moins offrir cet encadrement, faute de ressources. Il n'est pas erroné d'affirmer que, dans les universités québécoises, nous sommes engagés dans la spirale de la médiocrité. En conséquence, il est grand temps que le gouvernement se rende compte qu'il met en jeu l'avenir de la société québécoise à tous égards en affamant ainsi ses universités.
Pour être plus précis au chapitre du sous-financement récent, au cours des six dernières années, c'est un manque à gagner cumulé de 183 M$ que l'Université Laval a du absorber au titre de la subvention de fonctionnement du Ministère de l'Éducation. Actuellement, l'Université Laval doit gérer avec un budget annuel amputé de plus de 65M$, une réduction de 25% dans la subvention gouvernementale.
Il ne faut donc pas se surprendre de découvrir maintenant les effets de ce sous-financement. Qu'il s'agisse de la réduction des cours à options disponibles, de bibliothèques aux collections dégarnies, de professeurs partis à la retraite sans être remplacés, d'immeubles insuffisamment entretenus, de ressources informatiques limitées, de manque criant de personnel de soutien, nous voyons à tous les jours que les services, et notamment les services aux étudiants ne peuvent plus suivre après des années de compressions sauvages, et il devient carrément gênant de comparer la situation des universités québécoises en général et de l'Université Laval en particulier avec celle des provinces voisines . Moins de professeurs, c'est aussi moins de chercheurs pour faire des demandes de subvention, pour encadrer des étudiants de maîtrise et de doctorat et pour leur offrir un soutien financier institutionnel adéquat, pour produire des résultats de recherche qui affirmeront la place du Québec sur les scènes scientifiques internationales, pour participer au transfert technologique et contribuer au développement des grands secteurs qui créent la richesse collective des québécois.
Nous sommes d'accord avec vous pour rappeler la nécessité de voir les paiements de transferts fédéraux au titre de l'enseignement supérieur rétablis à leur niveau historique. Le gouvernement du Québec a traditionnellement, et à juste titre, défendu sa responsabilité constitutionnelle dans les champs de l'éducation et de l'enseignement supérieur. Selon ce principe, il a l'obligation de donner à ses universités les moyens de fonctionner comme il se doit au service de la collectivité québécoise.
En juin dernier, Monsieur le Ministre, vous demandiez aux universités d'identifier leurs besoins prioritaires. Cette demande a établi un besoin de réinvestissement de l'ordre de 650 M$, qui est nécessaire pour rétablir la compétitivité du réseau universitaire québécois. Nous sommes conscients qu'il s'agit là d'un montant important, compte-tenu des autres demandes d'utilisation des fonds publics. Nous voulons cependant souligner la nature nécessairement prioritaire et stratégique des besoins en éducation. En effet, dans une perspective de développement durable de notre société, si nous n'investissons pas maintenant en éducation, nous ne disposerons pas, à terme, de la richesse collective nécessaire pour maintenir notre système de santé et nos programmes sociaux.
Il est donc important pour nous et la communauté que nous représentons, que le gouvernement du Québec s'engage publiquement sur un plan de réinvestissement dans l'enseignement supérieur, et qu'il en réalise une partie très significative dès l'année financière 2000-2001.
Monsieur le Ministre, vous avez promulgué une Politique des universités porteuse d'avenir, dans la mesure où elle réaffirme la nécessité pour le Québec de garantir à ses jeunes citoyens qualifiés et motivés l'accès à des études universitaires de haute qualité. Votre gouvernement a l'obligation de consacrer les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de cette politique pour permettre aux universités québécoises de bien remplir leur mission et de soutenir la comparaison avec les autres universités canadiennes.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de nos sentiments respectueux.
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