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24 février 2000 ![]() |
Les cours par vidéoconférence produiraient des résultats pour le moins surprenants: les étudiants apprécieraient moins cette forme d'enseignement mais ils réussiraient mieux que dans les cours réguliers! C'est la conclusion à laquelle arrivent l'étudiant-chercheur Gérard Fillion et les professeurs Moez Limayem et Lyne Bouchard du Département des systèmes d'information organisationnels, au terme d'une étude où, il faut bien le préciser, un seul cours a été soumis à l'analyse.
Ce cours, qui portait sur l'initiation aux systèmes d'information, était le premier jamais donné à l'Université par vidéoconférence. Les chercheurs ont donc profité de ce banc d'essai pour évaluer la satisfaction et la performance des étudiants. Dispensé par Lyne Bouchard, le cours mettait à contribution l'une des deux salles de vidéoconférence du Centre de formation continue. Ces salles sont munies d'équipement permettant la communication bidirectionnelle des images et du son. Un groupe de 16 étudiants regroupés à Saint-Georges-de-Beauce pouvaient ainsi voir, entendre et interagir avec leur professeur, et vice versa. Les réactions et les performances de ces étudiants ont ensuite fait l'objet de comparaisons avec un groupe d'étudiants du campus qui suivaient le même cours, au même trimestre, avec la même professeure, toutefois présente en chair et en os. Mentionnons cependant que Lyne Bouchard se rendait à Saint-Georges une fois à toutes les quatre semaines pour y donner un cours régulier.
Les étudiants du groupe vidéoconférence ont moins apprécié le déroulement du cours, sa structure et sa progression, révèlent les analyses que les chercheurs publient dans un récent numéro de la revue scientifique Innovations in Education and Training International. Les données montrent aussi qu'ils étaient moins motivés et moins satisfaits que les étudiants du cours régulier. Par contre, les deux groupes étaient également satisfaits de la performance de la professeure et des connaissances acquises. Jusqu'à présent, net avantage de la chair sur le pixel. La note moyenne des deux groupes vient cependant brouiller les cartes: les étudiants de St-Georges ont obtenu une moyenne de 78 contre 71 pour ceux du campus. "Il se peut qu'on soit tombé sur un groupe de très bons étudiants en Beauce, avance Gérard Fillion. Il est cependant possible que le mode d'apprentissage par vidéoconférence ait forcé ces étudiants à développer davantage leur autonomie. Lors des entrevues que j'ai réalisées avec eux, ils m'ont dit qu'ils avaient travaillé très fort dans le cours. Même s'ils avaient la possibilité de rencontrer la professeure en personne pour poser des questions à l'extérieur des cours, personne n'a demandé d'aide."
Malgré ces bonnes notes, l'expérience n'a pas séduit les étudiants beaucerons. "Je les ai rencontrés à la fin du trimestre pour faire le bilan et ils ne voulaient plus rien savoir des cours par vidéoconférence, relate Gérard Fillion. Le principal facteur d'insatisfaction était la technologie. Il faut dire qu'on a eu certains problèmes avec la transmission du son et avec le fonctionnement des microphones. Comme c'était le premier cours du genre, il y a forcément eu une période de rodage."
À la croisée des chemins
Malgré tout, l'étudiant-chercheur croit qu'il
y a de l'avenir pour la vidéoconférence. "C'est
l'un des modes d'apprentissage qui connaît le plus haut
taux de croissance à travers le monde. C'est un excellent
moyen d'enseignement qui permet de rejoindre des étudiants
partout sur la planète ou encore de faire bénéficier
les étudiants du campus des plus grands experts mondiaux."
L'enseignement par vidéoconférence est à la croisée des chemins sur le campus. Il y a déjà eu trois cours par trimestre mais, depuis que les facultés doivent assumer seules tous les frais reliés à ce mode d'enseignement, le nombre de cours a chuté. Cet hiver, seulement un cours, dispensé par la Faculté de théologie, a fait usage des salles de vidéoconférence du Centre de formation continue. Par ailleurs, ces salles commencent à accuser un retard par rapport à la technologie actuelle. L'Université doit bientôt se prononcer sur une demande d'investissement de 100 000$ visant le renouvellement de l'équipement.
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