3 février 2000 |
La croyance populaire qui veut que les conjoints finissent par se ressembler à force de vivre ensemble a peut-être un certain fondement scientifique après tout, du moins en ce qui concerne l'adiposité. En effet, des chercheurs de la Faculté de médecine ont découvert qu'il existe une corrélation significative entre certains mesures de graisses corporelles chez les hommes et les femmes qui vivent en commun depuis plusieurs années. Louis Pérusse, du Département de médecine sociale et préventive, et ses collègues Peter Katzmarzyk, D C Rao et Claude Bouchard ont utilisé des données provenant de deux enquêtes nationales - l'Enquête Condition physique Canada, réalisée en 1981, et l'Enquête Campbell sur le mieux-être au Canada, menée en 1988, - afin de déterminer comment le profil de graisses corporelles des 376 couples canadiens avait évolué pendant cette période. Au début de l'étude, l'âge moyen des participants était de 40 ans pour les hommes et de 37 ans pour les femmes. |
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Illustration Serge Gaboury |
Premier constat des chercheurs, peu surprenant en soi: hommes et femmes ont tendance à prendre du poids avec l'âge. À titre d'exemple, les 752 hommes et les femmes étudiés avaient gagné, en moyenne, 3,5 cm de tour de taille pendant les sept années de suivi. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Les chercheurs ont observé une corrélation significative entre les hommes et les femmes d'un même couple au début et à la fin des sept années, tant pour l'indice de masse corporelle que pour l'indice de gras sous-cutané et pour le tour de taille. Plus encore, l'ampleur du changement enregistré entre 1981 et 1988 était significativement reliée chez les membres d'un même couple.
Maladies en vue
Les résultats des chercheurs, rapportés dans
une récente édition de la revue scientifique Obesity
Research, révèlent une autre particularité
des couples. Pour une personne donnée, le risque d'engraisser
considérablement, c'est-à-dire que le gain d'adiposité
se situe dans le quart supérieur de la population pendant
la période de sept ans, est de 50 % à 70% plus élevé
lorsque son conjoint a lui aussi considérablement engraissé.
Cette ressemblance familiale peut être porteuse de mauvaises
nouvelles, en particulier en ce qui touche le tour de taille.
En effet, l'adiposité abdominale est annonciatrice de maladies
cardiovasculaires, d'hypertension et de diabète.
Selon les auteurs de l'étude, la cohabitation a un effet important sur la ressemblance familiale dans l'augmentation de l'adiposité. "Il se peut qu'une partie de la ressemblance initiale entre conjoints vienne du fait que les gens choisissent des personnes qui leur ressemblent, estime Louis Pérusse. Par exemple, les "couch potatoes" ont plus de chance de former un couple avec d'autres personnes peu actives physiquement. Cependant, le partage d'un environnement commun, notamment le régime alimentaire, l'activité physique, le tabagisme et la consommation d'alcool, explique également une partie de la ressemblance entre conjoints."
Le nombre d'années de mariage est sûrement un facteur important qui influence le degré de ressemblance, poursuit-il. "Sept ans, ce n'est pas un très long suivi. Si on pouvait mesurer les conjoints après 15 ou 20 années de vie commune, la ressemblance risquerait d'être nettement plus élevée. S'il y a un suivi aux deux premières enquêtes nationales, nous allons pouvoir vérifier cette hypothèse."
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