13 janvier 2000 |
Avec l'exposition Syrie, terre de civilisations, présentée du 31 mai 2000 au 7 janvier 2001, le Musée de la civilisation de Québec profite de l'entrée dans le nouveau millénaire pour jeter un regard rétrospectif sur les 12 précédents millénaires de l'aventure humaine, en se tournant vers l'un des plus anciens foyers de culture au monde. Cette exposition d'envergure, la plus importante présentée à ce jour au Musée, réalisée en collaboration avec le ministère de la Culture de la République arabe syrienne, propose aux visiteurs une réflexion sur les fondements de la civilisation, à travers la présentation de quelques 400 artefacts, témoins privilégiés de l'histoire. Syrie, terre de civilisations constituera sans aucun doute l'un des événements culturels marquants à Québec cette année et cet événement n'aurait pu être mis sur pied sans la précieuse collaboration de Michel Fortin, professeur d'archéologie à l'Université Laval.
Sur le terrain depuis 1986
Détenteur d'un doctorat en archéologie de l'Université
de Londres, ce dernier a dirigé, de 1986 à 1994,
cinq campagnes de fouilles en Syrie, sur des sites datés
d'entre 3000 et 2500 ans avant Jésus-Christ, notamment
ceux de tell' Atij et tell Gudeda dans la vallée de Khabour.
À titre de conseiller scientifique depuis 1995, Michel
Fortin a élaboré la ligne directrice de l'exposition,
montée de a à z par le Musée.
"L'Université Laval m'a dégagé de mes fonctions d'enseignant pour l'occasion, mais il ne faudrait pas croire que je ne joue plus ce rôle, estime Michel Fortin, car j'enseignerai à près d'un demi-million de visiteurs, au Québec seulement, les fondements de la civilisation. On accuse souvent les universitaires de travailler dans une tour d'ivoire, je pense que cet événement constitue une belle participation de l'Université Laval à l'éducation du grand public."
"Outre son expertise archéologique du Proche-Orient, Michel Fortin a su faciliter les contacts avec les autorités de douze musées syriens, dont, principalement, ceux de Damas et d'Alep, d'où proviennent la presque totalité des objets qui seront bientôt présentés à Québec ", souligne François Tremblay, directeur du Service des expositions internationales au Musée de la civilisation.
Un foyer de civilisations
En raison de sa propre richesse culturelle et de ses liens
avec les peuples voisins, la Syrie constitue le creuset de la
formation des civilisations anciennes au Proche-Orient. Elle abrita
dans l'Antiquité les Égyptiens, les Hittites et
les Séleucides. Ce territoire, propice à la sédentarisation,
a vu naître l'agriculture et se succéder divers groupes,
notamment les Perses, les Byzantins, les Arabes et les Turcs,
qui ont contribué, chacun à leur façon, à
l'évolution de l'humanité, en développant
des systèmes sociaux, économiques, intellectuels
et artistiques.
"Certains se demanderont sûrement pourquoi on a
choisi la Syrie, un pays du Proche-Orient, pour expliquer aux
occidentaux ce qu'est une civilisation. Je dirais que c'est, d'abord,
en raison de contraintes matérielles et scientifiques,
puisque dans l'état actuel des connaissances ce pays représente
l'endroit au monde où l'on peut trouver le plus d'anciens
villages, mais c'est aussi pour montrer aux gens tout l'apport
du monde oriental à la culture occidentale, notamment,
dans le domaine des sciences, où les savants musulmans
nous ont légué un héritage considérable",
explique Michel Fortin.
Sur la piste des objets
Les visiteurs pourront voir des objets remarquables, dont
certains n'ont jamais été montrés hors de
Syrie. Le parcours proposé débute à la période
néolithique, vers 10 000 ans avant Jésus-Christ,
et se termine par les affrontements entre les Syriens et les chevaliers
européens, lors des croisades du Moyen-Age. L'exposition
explore, dans un premier temps, trois grandes sphères d'organisation:
le social, l'économie et les valeurs spirituelles qui prévalent
à l'émergence de la civilisation, puisque c'est,
en effet, à partir du moment où il entreprend de
s'organiser que l'homme devient civilisé. Syrie, terre
de civilisations illustre donc à l'aide, entre autres,
de bijoux, figurines, stèles funéraires, masques,
mosaïques, vases, manuscrits, instruments scientifiques,
comment les premières sociétés humaines sont
apparues, se sont organisées et développées
au fil des siècles. En conclusion, l'exposition révèle
comment s'est opére l'influence marquante du Proche-Orient
sur le monde occidental.
En attendant le 31 mai 2000, on peut visiter, à l'adresse
www.mcq.org/syrie,
une section
spéciale du site Internet du Musée consacrée,
pour l'occasion, à la Syrie. Cette rubrique
abondamment illustrée reprend les thèmes abordés
dans la publication Syrie, Terre de civilisation de Michel
Fortin, parue aux Éditions de l'Homme en 1999. On y parle,
entre autres, de la naissance des grandes religions monothéistes
et de l'invention de l'agriculture. L'exposition est présentée
en avant-première à Bâle en Suisse jusqu'au
14 avril. Après son arrêt au Musée de la civilisation
à Québec, elle partira en tournée nord-américaine
à Edmonton, San José, New-York et Denver.