13 janvier 2000 |
Lors de la séance de photographie précédant l'entrevue qu'elle accordait récemment au Fil, Sara Russo Garrido prenait la pose de façon si naturelle qu'on aurait juré qu'elle n'avait fait que cela dans la vie. De son regard tranquille, la jeune femme fait face à la caméra avec un mélange d'intérêt, de souplesse et de détachement. En quelques minutes et sans prononcer un seul mot, elle révèle sa confiance sereine en la vie. Heureuse, cette étudiante en science politique (avec mineure en sociologie) l'est assurément: en décembre, elle apprenait avec bonheur qu'elle était lauréate d'une prestigieuse Bourse Rhodes 2000. D'un montant annuel de 40 000 $, la bourse Rhodes lui permettra d'effectuer une maîtrise en développement international à l'Université d'Oxford, en Angleterre, dès septembre prochain. Un total de onze bourses étaient offertes aux étudiants universitaires canadiens, dont deux au Québec. "J'attends énormément de cette expérience académique hors pair, indique Sara Russo Garrido. Je compte bien vivre tout cela au maximum." |
Une vision du monde
Au bout d'une heure de conversation avec cette jeune femme
de 22 ans, on se rend vite compte qu'elle possède toutes
les qualités requises pour l'obtention d'une telle récompense.
Au nombre ces exigences reliées
au bourses Rhodes figurent des aptitudes marquées pour
l'étude, une solide culture générale, un
penchant et du talent pour les sports de plein air, le courage
et le sens du devoir, l'esprit d'équipe, des qualités
de leadership et, enfin, un intérêt naturel pourt
le sort de ses contemporains. Née au Québec d'une
mère mexicaine et d'un père paraguayen, Sara Russo
Garrido a fait des études primaires et secondaires à
Beauport, avant de s'inscrire en sciences pures, au Champlain
St-Lawrence Campus de Sainte-Foy. D'abord attirée par la
médecine et ayant entrepris des études en ce sens
à l'Université Laval, elle bifurque et choisit plutôt
la voie des sciences humaines, plus près de ses intérêts
et de sa vision du monde.
"On donne souvent l'idée aux jeunes qu'ils doivent savoir tout de suite vers quel domaine se diriger. C'est peut-être une erreur", estime cette étudiante trilingue (français, anglais, espagnol) qui voit aujourd'hui son bref passage en sciences pures comme une étape essentielle et nécessaire dans son cheminement: "De toute façon, quand on aime ce qu'on fait, c'est toujours plus facile de réussir." Ayant pour son dire que les études ne représentent qu'une partie seulement de la vie, Sara Russo Garrido pratique différents sports depuis son plus jeune âge. En 1996, elle remportait le titre d'étudiante athlète collégiale par excellence dans la région de Québec, puis renouvelait l'exploit en tant que récipiendaire de la Bourse de l'étudiante athlète par excellence de l'Université Laval, pour l'année 1998-1999. Membre de l'équipe de soccer féminin du Rouge et Or de 1996 à 1999, elle considère le sport comme un excellent outil de relaxation, qui permet de créer un réseau social intéressant: "Je ne pratiquerais pas un sport dans lequel je ne m'amuserais pas. J'aime également l'aspect compétition du sport. C'est agréable de voir qu'un effort collectif amène un résultat concret."
À bas la pauvreté
Membre de la délégation de l'Université
Laval pour la simulation des Nations Unies à New York,
en 1999, Sara Russo Garrido n'hésite pas à dire
que l'expérience lui a vraiment fait découvrir ce
qu'elle voulait faire dans la vie: représentante, pour
cette occasion, de la délégation du Royaume-Uni
au sein de l'OMS (Organisation mondiale de la santé), elle
devait y démontrer sa maîtrise des mécanismes
de diplomatie, de négociation et de contructions de résolutions
en partenariat avec des représentants d'autres pays. Son
rêve est donc de travailler au sein d'un organisme international
comme l'ONU ou l'ACDI, ou encore dans une ambassade, comme analyste
par exemple. Intéressée par tout ce qui concerne
l'éducation, la santé et les droits des femmes à
travers le monde, Sara Russo Garrido croit que les problème
de pauvreté et de maladie sévissant dans un continent
comme l'Afrique, par exemple, ne peuvent continuer, sous peine
que "tout flanche". Optimiste dans l'âme, la jeune
femme considère qu'il y a beaucoup à attendre des
années 2000.
"Pour moi, le plus important dans la vie consiste d'abord à être heureuse et à avoir de l'amour autour de moi. À mes yeux, tout cela est beaucoup plus important qu'une carrière professionnelle, si prospère soit-elle. Car si on n'a personne à côté de soi pour partager ses succès, la réussite ne sert finalement à rien." Aux enfants qu'elle aura peut-être un jour, Sara Russo Garrido compte bien donner ce qu'elle a elle-même reçu de ses parents: un appui inconditionnel conjugué à une constante valorisation, mais, surtout, l'assurance d'être quelqu'un de bien et de pouvoir le rester.