13 janvier 2000 |
François Belzile, professeur au Département de phytologie, vient d'être nommé membre du comité d'experts chargé de conseiller le ministre responsable de la protection des consommateurs, Robert Perreault, sur la question des organismes génétiquement modifiés (OGM). Le phytologiste a accepté d'emblée l'invitation du ministre. "Ça me donne la chance de participer à la tenue d'un débat public sur les OGM, un débat que je souhaite le plus éclairé et le plus éclairant possible. Je veux avoir mon mot à dire dans ce débat."
Plus spécifiquement, le comité doit dresser un constat au sujet des OGM et de la protection des consommateurs. Il doit également définir les thèmes d'un colloque, organisé avec l'Office de la protection du consommateur, qui aura lieu au mois de mai prochain dans le cadre du congrès annuel de l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (Acfas).
Des risques minimes pour la santé
Spécialiste de l'amélioration génétique
végétale, François Belzile sent, d'une certaine
façon, qu'il représente les chercheurs qui utilisent
les OGM dans leurs travaux au sein de ce comité. "Je
n'ai pas été nommé ou élu par les
chercheurs mais je crois que ma position est assez représentative
de l'ensemble, estime-t-il néanmoins. Par ailleurs, il
ne faut pas perdre de vue que nous sommes tous des consommateurs."
Et quelle position défendra-t-il lors de la première réunion du comité qui aura lieu demain (le 14 janvier)? "J'ai la conviction que les risques que posent les OGM pour la santé humaine sont minimes et pas plus grands que ceux des aliments conventionnels. De ce côté, la situation est bien contrôlée. Du côté des impacts environnementaux, la situation est moins claire. Les méthodes de confinement biologique (qui empêcheraient la propagation des OGM ou le croisement avec d'autres plantes) ne sont pas optimales. Les choses sont allé un petit peu vite du côté des applications commerciales et on pourrait mieux cibler les impacts et les risques sur l'environnement."
On va brasser la cage
François Belzile attribue la soudaine prise de conscience
de la population face aux OGM au fait que "les médias
font croire aux gens qu'ils ont été bernés
et qu'ils se font empoisonner en mangeant ça. Ça
brasse la cage, non?" Certains des membres du Comité
ont d'ailleurs des positions assez arrêtées et bien
publicisées sur la question des OGM. Qu'on pense, entre
autres, à Louise Vandelac, professeure de sociologie à
l'UQAM et coréalisatrice du documentaire Main basse
sur les gènes qui questionne les manipulations génétiques
sur les organismes vivants. "Même si les membres du
comité ont des points de vue différents, je crois
qu'il y a moyen de discuter de façon civilisée,
insiste François Belzile. Je ne suis pas en désaccord
avec tout ce que dit Louise Vandelac mais je veux m'assurer qu'il
n'y aura pas de dérapage sur le plan scientifique dans
les discussions du comité. J'aurai la chance de communiquer
aux autres membres des renseignements auxquels ils n'ont peut-être
pas eu accès."
Le comité formé par le ministre Perreault compte sept membres dont J.-André Fortin, autrefois professeur à la Faculté de foresterie et de géomatique. Jean-Marc Carpentier, physicien, journaliste scientifique et ancien collaborateur du Fil, agira comme président.