6 janvier 2000 |
L'éducation au coeur du projet de société
Les rapports des quatre "chantiers nationaux " entrepris
l'automne dernier dans le cadre de la préparation du Sommet
du Québec et de la jeunesse ont été déposés
le 2 décembre et transmis aux divers partenaires socio-économiques.
Ces derniers ont maintenant à les analyser et à
prèparer les engagements à prendre lors de ce sommet
qui aura lieu à Québec les 22, 23 et 24 février.
Les quatre documents, qui résultent de consultations locales
et régionales auxquelles ont participé plus de 4
000 jeunes Québécois, traitent des thèmes
de l'emploi, de l'éducation, de l'ouverture sur le monde
et de la promotion d'une société équitable.
En présentant les principales conclusions du Chantier "Parfaire le savoir et la formation", ses deux coprésidentes, Hélène V. Gagnon, avocate, et Paule Leduc, rectrice de l'Université du Québec à Montréal, ont affirmé la nécessité de remettre l'éducation au cur du projet de société. Pour ce faire, il faut, selon elles, sceller dans un nouveau contrat entre l'école et tous ses partenaires "l'objectif collectif de qualifier 100 % des jeunes".
Tous les jeunes visés
"L'obligation de fréquentation scolaire jusqu'à
16 ans a été à la base du fantastique bond
en avant réalisé par la société québécoise
au cours des quarante dernières années. Nous devons
maintenant le compléter par un objectif de formation qualifiante,
seul en mesure d'assurer la poursuite de notre progrès
humain, social et économique", ont déclaré
les deux coprésidentes. Elles ont rappelé un certain
nombre de constats qui interpellent toute la société
québécoise: la proportion de jeunes qui obtiennent
un diplôme secondaire régresse, particulièrement
chez les francophones; la durée d'obtention du diplôme
s'allonge; le pourcentage de diplômé en sciences
diminue; les exigences et les connaissances pour participer à
la vie sociale et démocratique augmentent sans cesse. "L'école
seule ne pourra relever tous ces défis. C'est pourquoi,
elle doit s'ouvrir à son milieu, devenir le point d'ancrage
des actions de tous ceux qui agissent auprès des jeunes
et s'imprégner plus que jamais de souplesse dans la façon
d'organiser et de donner la formation ", ont poursuivi les
deux coprésidentes.
Des chiffres qui parlent
"À l'université, parmi 100 personnes inscrites
à un programme d'études conduisant à un baccalauréat
et qui quittaient les études à la fin de 1996-1997,
34 n'ont pas obtenu leur diplôme, signale de document du
Chantier sur l'éducation, en rappelant qu'au Québec,
le taux de diplomation est plus faible chez les francophones et
les autochtones.
En ce qui a trait à la relève dans les domaines du savoir, en particulier en sciences et en technologies, le Chantier déplore, notamment, la baisse de 1 000 professeurs dans le réseau universitaire depuis 1994, la diminution de près de 10 % de la dépense en recherche universitaire, la diminution du nombre de diplômés en sciences et génie depuis 1990 et, depuis 1997, la baisse de 8 % de la dépense par étudiant au Québec, dépense inférieure de 7 % à celle des universités du reste du Canada. La valorisation des sciences auprès des plus jeunes et l'adaptation des programmes pour leur donner le goût de poursuivre une carrière dans ces domaines de même qu'un réinvestissement en priorité dans le corps professoral universitaire et dans les laboratoires et bibliothèques, comptent parmi les principales pistes de solution proposées par le Chantier à ce chapitre.
Endettement et alphabétisation
Au chapitre de l'endettement, le Chantier propose, entre autres
mesures, de rendre le programme de remise de dette plus accessible
en l'étendant au premier cycle universitaire et au collégial
et en haussant de 15 % à 25 % la remise de dette à
l'étudiant qui obtient un diplôme dans les délais
prescrits. Le Chantier a posé comme défi majeur
de parfaire la formation de ceux qui ont quitté l'école
sans formation suffisante, avec une urgence pour les quelque 140
000 jeunes qui sont analphabètes. Le Chantier demande
que les efforts faits par les personnes aux prises avec ce problème
soient mieux valorisés, notamment en les reconnaissant
comme parcours d'insertion sociale et professionnelle et que les
arrimages à cet égard se fassent entre le ministère
de l'Éducation et Emploi-Québec.