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6 janvier 2000 ![]() |
"Ne vous demandez pas ce que l'Amérique peut faire
pour vous, mais demandez-vous plutôt ce que vous pouvez
faire pour l'Amérique." L'Opération Gaspésie-Laval
remet au goût du jour cette fameuse citation du président
John F. Kennedy, en l'appliquant cette fois-ci à la péninsule
de l'Est du Québec. "De nombreuses personnes du campus
peuvent imaginer des moyens qui contribueront à la relance
de la Gaspésie", lance Laval Doucet, un des organisateurs
de ce mouvement de mobilisation. "Cette région doit
devenir une question d'actualité pour les 40 000 personnes
qui travaillent ou étudient à l'Université."
Pas question pour l'OGL d'émettre des recommandations aux décideurs ou d'imaginer une longue liste de doléances. La "Journée de la Gaspésie" qui se tiendra en mars prochain sur le campus sera plutôt un aperçu des projets qui peuvent naître au sein de la communauté universitaire. Ainsi, un étudiant en droit originaire de Chandler, dans la Baie des chaleurs, présentera un circuit pédestre d'aventure inédit, et proposera même aux amateurs une expédition pour mieux découvrir ce coin de Gaspésie. De la même façon, des étudiants en agronomie prévoient une exposition sur des produits régionaux gaspésiens, qu'il s'agisse du fromage de Percé ou des oeufs de lompe de Paspébiac, afin de faire découvrir les saveurs de ce coin du Québec.
Des stages formateurs
"Je pense qu'il faut se mobiliser pour que ce beau pays
ne se transforme pas en désert, car cela serait un véritable
affront à la société québécoise",
s'exclame Laval Doucet, professeur à l'École de
service social. Cet inconditionnel de la Gaspésie envoie
d'ailleurs régulièrement ses étudiants en
stage du côté de la Péninsule pour les sensibiliser
aux réalités de cette région. Certaines des
stagiaires ont d'ailleurs tellement apprécié leur
expérience qu'elles souhaitent exercer leur métier
dans ce bout de pays.
D'autres départements, notamment à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, envoient également des étudiants se frotter à la vie gaspésienne. Par ailleurs, des membres de la communauté universitaire réfléchissent à la possibilité de mettre en place une fiducie foncière. Ce montage financier permettrait à des agriculteurs de Gaspésie de continuer à exploiter leurs terres grâce à l'investissement collectif de Québécois installés un peu partout dans la province.
Rentrer chez soi?
Si la Gaspésie se trouve depuis quelques mois sous
les feux des projecteurs, d'autres régions au Québec
souffrent elles aussi de graves difficultés économiques
et, surtout, subissent un véritable exode des jeunes cerveaux.
Souvent contraints d'aller poursuivre leurs études dans
des centres urbains, les étudiants ne reviennent pas chez
eux une fois leur diplôme obtenu. Bien décidé
à lutter contre ce phénomène, le Centre de
développement des Etchemins a décidé, par
exemple, de mettre en place une banque de données pour
suivre les jeunes qui étudient à l'extérieur
et les informer des possibilités d'emplois. De nombreuses
autres régions peuvent, par ailleurs, compter sur l'aide
de Place aux jeunes, une organisation provinciale présente
dans 72 Municipalités régionales de comté
du Québec.
"Chaque année, nous organisons trois fins de semaine d'information pour des étudiants originaires de la région, lance Mélanie Blais, responsable de Place aux jeunes dans Lotbinière. Grâce à une visite touristique, ils découvrent parfois des entreprises qu'ils ne connaissaient pas et se mettent en contact avec des gens d'affaires du coin." Cette initiative rassemble des jeunes qui achèvent leurs études secondaires, collégiales ou universitaires, et qui bien souvent connaissent mal le potentiel de leur coin de pays.
Ainsi, peu d'étudiants savent qu'une entreprise de meubles installée à Sainte-Agathe de Lotbinière, La Collection 45ème parallèle, qui exporte une partie de sa production aux États-Unis, recherche régulièrement des employés en administration bilingues. Ou encore que les institutions financières de Mont-Joli recrutent fréquemment des planificateurs issus de la Faculté des sciences de l'administration. "Je pense qu'il existe un potentiel d'emplois en région, mais peu d'étudiants en sont conscients, remarque Christiane Bujold, qui a assuré la coordination de Place aux jeunes dans la Mitis, non loin de Rimouski. Le plus important est d'arriver à établir un réseau d'affaires en rencontrant les entrepreneurs de la région."
Un sondage effectué l'an dernier auprès d'un échantillon des 3 000 jeunes qui ont participé aux activités de Place aux jeunes montrent que plus des deux tiers d'entre eux souhaitent retourner dans leur région d'origine. Si les demandeurs d'emploi demeuraient davantage en contact avec les entreprises locales, il y a fort à parier que l'exode des jeunes s'en trouverait freiné dans plusieurs régions du Québec. L'Opération Gaspésie-Laval peut donc constituer une initiative intéressante puisqu'elle vise à rapprocher le campus universitaire d'une région située bien loin des centres urbains.