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6 janvier 2000 ![]() |
QUE FAIT L'ONU POUR LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO?
La population de l'Est de la République démocratique
du Congo continue à s'opposer tant bien que mal à
l'occupation de la terre de ses ancêtres par les armées
rwandaise, burundaise et ougandaise. S'exprimant à travers
les actions des Maï-Maï, la résistance armée
fait du territoire occupé un espace incontrôlable
par les envahisseurs. Pour convaincre la population de se laisser
dominer et de collaborer avec les occupants, deux stratégies
sont utilisées. La première consiste à chercher
15 000 signatures pour une pétition qui dit que la population
veut son autonomie vis-à-vis du pouvoir de Kinshasa. Pour
atteindre cet objectif, les envahisseurs utilisent la corruption.
D'où vient cet argent ? Bien sûr de leurs "sponsors"
en Occident. L'échec de cette stratégie a abouti
au massacre de 30 personnes (dont la majorité étaient
des femmes) au marché de Kahungwe le mois dernier. La
seconde stratégie est l'extermination physique de la population
locale, un plan déjà dénoncé par Jeffrey
Steinberg dans son article intitulé: "Drame zaïrois:
le rôle sordide des multinationales minières"
et publié dans le numéro de Nouvelle Solidarité
du vendredi 13 décembre 1996. Après avoir utilisé
les armes à feu, les armes blanche, l'injection du virus
du sida et d'autres virus, maintenant c'est l'empoisonnement du
sel de cuisine. Le sel de cuisine qui transite par les trois pays
envahisseurs, le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda, pour être
vendu en République démocratique du Congo à
un prix dérisoire, est empoisonné. Après
quelques décès inexpliqués, la population
a fini par avoir l'information. Elle s'est déjà
prononcée: elle ne veut pas l'occupation étrangère.
Mais, dans tout ceci, où est l'ONU? Est-ce que le Canada,
les États-Unis, la Belgique et l'ONU ont condamné
les pays envahisseurs? Si c'est non comme réponse, pourquoi
ne l'ont-ils pas fait ? Et si c'est oui, qu'est-ce qu'ils ont
fait pour contrer les aides financières que le FMI, la
Banque mondiale et d'autres institutions internationales accordées
à ces pays envahisseurs ? Comment peut-on échapper
à notre passé ? À ce sujet, l'article du
24 octobre 1999 de Desmond Davies, correspondant de la PANA, intitulé
"La Banque mondiale et le FMI accusés de financer
les conflits en Afrique" publie les résultats des
recherches de l'Institut International pour les Études
Stratégiques (IIES). Nous nous souviendrons toujours des
échecs de l'ONU en Afrique. L'ONU a d'abord échoué
avec succès en Angola. Depuis son indépendance en
1975, l'Angola saigne toujours. L'espoir se pointe à l'horizon
à cause de l'intervention massive des Forces armées
congolaises (FAC) en Angola. Savimbi est perdant même s'il
ne résiste que dans la petite ville de Mexico. Ses soldats
en fuite ont été placés au côté
des envahisseurs de la RDC pour s'ajouter à la coalition
ougando-rwando-burundaise.
L'autre échec de l'ONU s'est manifesté dans son incapacité à protéger Patrice Lumumba dans les années soixante. Étant donné que le Secrétaire général des Nations Unies de l'époque (Dag Hammarskjöld) n'appuyait pas aussi l'idée de couper le Katanga du Congo, souhait de plusieurs pays occidentaux, il s'était rallié à Lumumba. Par ce fait, il a payé de sa vie ce ralliement. Il est mort dans un accident d'avion à Ndola, ville zambienne située à la frontière avec la RDC. Bizarre, non?
Récemment, c'était au Rwanda où certaines autorités onusiennes, en fonction dans ce pays à la tradition des machettes, ont contribué énormément à la catastrophe que nous avons connue en 1994. Dans un document intitulé "The truth behind the Rwanda crisis", adressé à M. Remigius Kintu du Sous-comité sur l'Afrique du Département des affaires étrangères des États-Unis, Pierre Bigras dénonce le rôle des Casques bleus dans la mort du président Habyarimana, la faiblesse sexuelle des autorités militaires onusiennes, l'appui au FPR et le déclenchement des hostilités dans ce pays. Ceci explique aussi la mort des dix Casques bleus belges au Rwanda.
Sans parler de la Somalie, peut-on dire que cette fois, l'ONU va prendre ses responsabilités dans le cas de la RDC ? Déjà, elle voulait débarquer les observateurs des accords de Lusaka loin des lignes de combat, contrairement à ces accords. Qu'est-ce qui les a poussés à agir ainsi ? N'est-ce pas une autre mauvaise foi de l'ONU ? Peut-on se demander pour qui l'ONU travaille? Un adage congolais dit ceci : "Le mensonge monte très vite par l'ascenseur mais la vérité qui utilise les escaliers finit toujours par le rattraper".
Considérant les stratégies d'extermination de la population de l'Est de la RDC et l'incompétence de l'ONU à résoudre les problèmes en Afrique, nous demandons à la communauté internationale en dehors de cette amorphe institution d'aider le peuple congolais à se libérer de cette agression qui fait l'affaire des multinationales minières et d'autres sectes dangereuses pour le bien-être du peuple congolais. L'incapacité de l'ONU fait la honte de la race humaine. Après tous ces échecs, va-t-elle finalement satisfaire le souhait du peuple congolais ? Ne soyons pas naïfs, le peuple n'oublie jamais.