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2 décembre 1999 ![]() |
Des chercheurs du Département de physique ont développé une méthode de calcul qui permet d'anticiper, à partir des ondes émises par l'activité cérébrale, le moment où surviendra une attaque d'épilepsie. Grâce à cette méthode, il serait possible de produire un petit appareil qui, détectant une crise imminente, émettrait un signal électrique qui stopperait la cascade d'événements conduisant à la crise épileptique. L'appareil pourrait être installé sous forme d'implant sur le corps d'une personne souffrant de ce problème neurologique.
"En captant les ondes du cerveau en temps réel, nous obtenons une série de voltages grâce auxquels nous calculons ce que nous appelons un précurseur, explique le responsable du projet, le professeur Louis J. Dubé. Lorsque la valeur du précurseur dépasse un certain seuil, nous sommes certains que le patient va subir une attaque épileptique dans les 30 à 120 secondes qui suivent." L'hypothèse du chercheur est que la crise d'épilepsie est causée par la synchronisation des neurones du cerveau. C'est la manifestation de cette synchronisation qui est détectée par le calcul du précurseur.
"Lorsque l'implant détecte l'approche d'une crise, il envoie un message à un contrôleur pour qu'il applique une tension électrique au cerveau à l'aide d'une électrode, poursuit-il. Les voltages employés sont très faibles de sorte que le patient ne ressent rien. Le bruit électrique que nous injectons dans le cerveau prévient la synchronisation des neurones." Cette petite décharge électrique induit donc du chaos dans un système dont la régularité est la cause du problème.
Les méthodes utilisées par Louis Dubé et son équipe sont basées sur la dynamique non linéaire, dont les comportements les plus intéressants se retrouvent dans ce qu'ils appellent les comportements chaotiques. "Notre laboratoire est passé maître dans le "contrôle du chaos", c'est-à-dire la transformation d'un comportement irrégulier ou chaotique en un comportement régulier et stable, explique-t-il. Dans le cas de l'épilepsie, on parle plutôt d'un anti-contrôle puisque l'état normal est caractérisé par l'asynchronisme des neurones." Les mêmes procédés pourraient être appliqués pour lutter contre certains problèmes de santé tels que la fibrillation cardiaque.
Louis Dubé et un chercheur de la firme allemande Siemens ont déposé une demande de brevet pour protéger cette technologie. Le professeur Dubé a également entrepris des démarches pour mettre en marché un implant anti-épileptique. La Corporation de valorisation des applications de la recherche (CVAR), une société à but lucratif que vient tout juste d'être créée par l'Université, travaille avec lui sur le dossier. "Le CVAR a entrepris des discussions avec la firme Cosem Neurostim qui pourrait agir comme partenaire dans la mise en marché de l'implant, confirme le directeur du CVAR, Pierre Pedneau. Cette firme possède déjà une solide expérience dans le domaine des implants cochléaires." La réponse de l'entreprise devrait être connue en décembre.