25 novembre 1999 |
L'essoufflement de l'État providence force à trouver une solution de rechange pour assurer la croissance du Québec. Le développement de la province doit maintenant passer par celui de ses régions. Il faut donc une décentralisation des pouvoirs vers les collectivités et une reconnaissance accrue de la contribution des milieux communautaires. C'est ce qu'a déclaré Pierre Racicot, directeur général du Conseil régional de concertation et de développement de la région de Québec (CREDEQ), lors d'une conférence sur le développement régional donnée au pavillon Charles-De Koninck, le 12 novembre, dans le cadre de la Journée des étudiants au doctorat en sciences sociales.
Pierre Racicot détient une maîtrise en sociologie et un doctorat en service social de l'Université Laval. Sa thèse a été publiée récemment chez l'Harmattan sous le titre de Développement et régionalisation au Québec. Le Temps du repli de l'État-nation. En 1997, il fondait le Rassemblement Populaire de Québec qui domine la scène politique municipale de la région depuis plus de dix ans. Il a aussi animé l'Association coopérative d'économie familiale de Québec (ACEF) pendant 12 ans.
Pierre Racicot croit que la conjoncture actuelle impose une remise en question du type de développement sur lequel repose la société québécoise. Il cite, à titre d'exemples, le retrait de l'État providence avec ses impacts négatifs sur la qualité de vie des citoyens et le blocage constitutionnel. Blocage dont le gouvernement provincial prend prétexte, selon lui, pour refuser de déléguer du pouvoir aux régions et dont la conséquence consiste en "un renforcement d'une politique que l'on pourrait qualifier d'infantilisation de la société civile".
L'avenir est en régions
Le modèle proposé par Pierre Racicot s'appuie
sur l'idée que l'avenir du Québec passe par ses
régions. À son avis, l'ensemble des institutions
provinciales nécessaires au fonctionnement de la société
civile, comme le système scolaire, le réseau des
universités, les organismes de développement économique,
notamment les centres locaux de développement (CLD), rend
possible un transfert massif des pouvoirs vers les collectivités
locales. Il a donc construit un modèle de développement
régional tenant compte de trois dimensions: la structure
sociale, le rapport de force entre le gouvernement et la collectivité,
et les valeurs qui permettraient, selon lui, de le rendre opérationnel.
En ce qui a trait à la structure sociale, le directeur du CREDEQ propose d'établir un cadre légal minimal couvrant une douzaine d'aspects. Figure, parmi ses aspects, le type d'organisation économique qui doit être établi, souligne-t-il, en fonction des facteurs internes et externes: une région doit éviter à la fois de vivre en autarcie et de compter exclusivement sur les investissements extérieurs pour assurer sa croissance. Un autre point touche au rôle politique de la région, qui doit devenir, à son avis, une interface entre l'État et la société civile, un véritable lieu d'échanges où sont discutés tous les projets qui la concernent.
De l'avis de Pierre Racicot, l'établissement d'un véritable rapport de force entre le gouvernement et la collectivité implique préalablement la reconnaissance et la mobilisation des acteurs régionaux. En 1982, rappelle-t-il, "certains préfets des MRC ont avoué qu'avant d'être obligés par une loi de consulter le milieu communautaire pour faire des schémas d'aménagement dans la région de Québec, ils ne croyaient pas à la pertinence de cette action et que cette expérience a été, pour eux, une révélation ".
Un modèle de développement est voué à l'échec, prévient enfin Pierre Racicot, s'il ne tient pas compte des valeurs que sont le pluralisme, l'interdépendance et l'équité intrarégionale. L'adoption de ces valeurs signifierait qu'on chercherait toujours les moyens de développer chaque partie du territoire sur le plan économique dans un esprit de complémentarité régionale, et que pour assurer ce développement tous les milieux seraient mis à contribution.