25 novembre 1999 |
JEAN LAROSE OU LE RONRONNEMENT DU CROISÉ
Chevauchant Le Devoir et autres médias de l'écrit
et de la parole, Jean Larose écume en protecteur du classicisme
culturel soi-disant traîtreusement occis par les sciences
de l'éducation. Quelles sont ses armes? Lorsqu'il dégaine
contre les sciences de l'éducation, Larose ne se rabaisse
pas jusqu'à chercher des arguments pour les accabler. Monsieur
se donne des airs de noblesse, laquelle est de l'ordre du sublime,
et le sublime n'a nul besoin de démonstration (Kant). Aussi
Larose ne va-t-il pas fouger la poubelle de la recherche afin
de vérifier si le procès qu'il intente aux sciences
de l'éducation était fondé aux yeux des ouvriers
de la recherche qui se penchent sur l'histoire de l'enseignement,
épluchent les décisions et les discours afin de
savoir lesquels pèsent sur les réformes et la définition
des idéologies éducatives au Québec?
Dans toutes ses montées aux barricades, Larose ne serine qu'un seul argument, lequel est une ordalie qui traverse, en leitmotiv, tous ses écrits des dernières années. C'est que le dieu de Larose s'appelait culture classique et il est prétendument mort. Max Weber disait que lorsqu'un dieu s'impose - les sciences de l'éducation aux yeux de Larose - , "les anciens dieux règnent en démons". Larose est hanté par le démon des classiques et de leur culture, laquelle est à son point de vue si universelle qu'il se voit investi du pouvoir de la poser pour unique fin et preuve contre les assassines sciences de l'éducation (Main basse sur l'éducation, 1999) et la guerre du Kosovo (Argument, autoMne 1999), comme si l'humanisme n'était pas plein sang les mains. Un seul exemple suffirait à illustrer le ronronnement du croisé.
Dans Le vertige en héritage (Main basse sur l'éducation, 1999), Larose en veut aux facultés des sciences de l'éducation de former des enseignants mous, des hommes et de femmes incapables de tenir tête aux adolescents désemparés et de leur imposer la lecture de quelques virils humanistes, lecture qui constitue, pour lui, un antidote au désarroi de la jeunesse en mal d'identification et un grigris contre la mentalité gestionnaire. Ne contestons pas l'incontestable: les oeuvres classiques demeureront des temples d'inspiration pour certains, des idoles, des lieux de recueillement nostalgique ou des déserts d'ennui pour d'autres. La culture classique n'a jamais eu la vertu universelle et universellement bienfaisante que Larose lui attribue. Sans compter que, lorsque systématiquement imposée telle la soupe à Mafalda, elle peut devenir indigeste et rasante. Mais Larose ne veut pas écouter les jeunes parler de l'étrangeté d'un tel héritage ni de l'ennui qu'il provoque chez eux parce qu'écouter ne faisait pas partie du pédagogisme totalitaire des classiques. Il fallait former l'homme, enfin quelques hommes, puisque l'école ne pouvait ni ne devait instruire la masse dont la grande partie devait rester inculte pour la bonne fortune de quelques instruits. L'école humaniste n'avait pas le dessein d'étendre son humanisme à la masse, sinon pour la traiter avec morgue et condescendance, et la soumettre. Les exactions des jésuites et des mouvements coloniaux commises au nom de l'humanisation des sauvages - évangélisation et asservissement compris - sont trop connues pour les rappeler ici.
Mouvement laïc au début de la Renaissance qui consistait essentiellement dans le retour aux lettres, à la philosophie et aux arts gréco-latins, l'humanisme de Larose fut vite récupéré par les jésuites en particulier qui y redoutaient le polythéisme et ses effets sur les idéologies religieuses fragilisées par la Réforme et la Contre-réforme. Leur but fut de vider la culture classique de sa substance afin de la rendre conforme au dogme chrétien. Il s'agissait d'interpréter les écrivains anciens de telle manière "qu'ils devinssent, quoique païens et profanes, les panégyristes de la foi" (père de Jouvency), de donner aux légendes, aux traditions, aux conceptions religieuses de Rome et de la Grèce un souffle chrétiennement sain. Si l'entreprise semblait hardie, les jésuites étaient taillés pour s'y atteler. Ils réussirent. Résultat: la ruine de la culture gréco-romaine. Ainsi présentés, écrit Durkheim, les "personnages qui avaient vécu dans l'histoire (...) n'avaient pour ainsi dire plus rien d'historique. Ce n'était plus que des figures emblématiques des vertus, des vices, de toutes les grandes passions de l'humanité. Achille, c'est le courage; Ulysse, c'est la prudence avisée; Numa, c'est le roi pieux par excellence; César, c'est l'ambitieux; Auguste, c'est le monarque puissant et ami des lettres".
On connaît la suite. Si, en France, la Révolution avait imposé une réforme des programmes et des institutions éducatives tournée vers l'enseignement des sciences modernes, Napoléon et le nouvel Empire remirent les pendules à l'heure des jésuites. Au Québec, la culture humaniste fut introduite en particulier par ces derniers et transmise, sauf exception jusqu'aux années soixante, par les collèges classiques, les séminaires et les facultés des lettres. L'une des lacunes de l'enseignement humaniste, et de la classe intellectuelle qui y a été formée, écrit Louis-Philippe Audet, est d'avoir soutenu "une opposition irréductible entre Sciences et Lettres" et réduit la culture à "la culture littéraire ou philosophique".
Du reste, comme Larose je ne défendrais pas les vendeurs de kits pour bien enseigner ou pour demeurer au chaud dans sa peau tout en enfilant confortablement celle de l'autre. Je ne serais pas le promoteur d'un ISO des produits du système éducatif. Je ne pourrais pas non plus jouer le rôle ingrat et délicat du didacticien. Mais que diriez-vous, monsieur Larose, à votre étudiant, futur enseignant de français, qui, saisi d'angoisse à l'idée de devoir prendre en charge la classe de français, vous demandait : "dites-moi, professeur, comment pourrais-je m'y prendre pour préparer mes cours, faire régner une saine discipline en classe, évaluer l'apprentissage des élèves ou enseigner les rudiments de leur langue aux jeunes souffrant d'un retard intellectuel?" Lui conseilleriez-vous de faire le pèlerinage à un de ces temples de l'humanisme, de rire avec Rabelais ou de réfléchir avec Montaigne afin que le tout se passe bien ?
Comme Larose je crois qu'il se fait parfois des choses regrettables en sciences de l'éducation, qu'il se développe chez certains une idéologie de gestionnaires ou de techniciens de l'apprentissage. Mais je défie l'auteur de démontrer qu'il en existe là plus qu'ailleurs, de faire la preuve qu'il y a plus d'enseignants incompétents, à la mentalité gestionnaire ou technicienne, formés au sein des sciences de l'éducation, que de médecins, de sociologues, de politiciens, de journalistes ou de littérateurs.
Pourquoi, enfin, ne s'intéresse-t-il guère à ce qui se passe dans son propre domaine? N'y a-t-il pas assez de journalistes, d'essayistes, de romanciers et de poètes qui écrivent et parlent mal leur langue? Devrait-on en rendre responsables les facultés d'éducation? Pourquoi ne tombe-t-il pas sur la tête de ses collègues vendeurs d'ateliers, de trucs, de combines et d'expédients pédagogiques pour débloquer l'hémisphère droit du cerveau, bien écrire et parler, lorsqu'il sait les résultats que cela donne? Est-ce le confort ou l'indifférence de petit bourgeois qui l'empêche de s'intéresser au sort des diplômés des facultés de lettres, dont une bonne partie se convertit au service de la restauration? Ou est-ce parce que monsieur préfère le symbole hérité au terre à terre quotidien et que crève la plèbe afin que survive l'humanisme?
Loin de moi l'idée de condamner en bloc un mouvement dont l'auteur ne donne qu'une image grotesque. Je veux simplement suggérer que l'humanisme de Larose, en plus de n'avoir été que cul et chemise avec le projet clérical de faire main basse sur l'institution éducative, fut également lié à "l'ascension de la bourgeoisie" et a souvent remplacé "la fréquentation directe des textes par des commentaires conformes au "bon goût"" (Cartani). L'hégémonie cléricale et le bon goût bourgeois ont été à l'héritage gréco-latin ce qu'est l'industrie du cinéma waltdisneyen aux meilleures oeuvres de l'humanité: une entreprise de dénaturation. C'est à la gloire d'une telle entreprise que Larose se porte en vassal avec pour seule monture une rhétorique caricaturale. Mais le croisé s'épuise à escrimer à hue et à dia et à psalmodier la même antienne. Il faut plus que de l'agitation et de la redondance pour remettre en selle l'humanisme de Larose.
MARGINALISATION SILENCIEUSE DE L'ATHLÉTISME AU PEPS
Au stade couvert du Peps, il y a le football où les
joueurs du Rouge et Or envahissent parfois la piste d'ATHLÉTISME
en se lançant le ballon comme si elle leur appartenait
et ce, en même temps que des coureurs s'y entraînent.
Mais la situation semble s'être améliorée
grâce, en partie, à la compréhension des coureurs.
Au stade couvert du Peps, il y a aussi le soccer où les joueurs des ligues intérieures hivernales se réchauffent parfois sur la piste d'ATHLÉTISME avant leur match. La situation semble s'être, là aussi, améliorée, mais non sans heurts, coureurs et joueurs allant même jusqu'à la bousculade dans certains cas. Que voulez-vous, lorsqu'un coureur s'entraîne à plus de 20 km/h, ce n'est pas avec le sourire qu'il va aborder un individu qui lui a placé un ballon dans les pieds, bien que ça puisse souvent être involontaire.
Au stade couvert du Peps, il y a enfin le golf, sport qui se pratique généralement sur un terrain extérieur, mais aussi, six mois par année, à l'intérieur, ce qui ampute du même coup la piste d'ATHLÉTISME à ses vrais utilisateurs. Amateurs de golf, vous pouvez vous inscrire au Service des activités sportives du PEPS! On a sûrement une place pour vous, ce qui vous permettra de vous entraîner au chaud tout en participant à la rentabilisation des installations du SAS. Belle ambiance au chaud pour le golfeur, mais cauchemar pour le coureur qui se voit dans l'obligation de faire demi-tour à chaque 150 mètres. Cauchemar lorsque vous avez un entraînement de 10 ou 15 km à effectuer (faites le calcul). Pire encore, puisqu'il est impossible de faire un intervalle de plus de 100 mètres parce que la piste d'ATHLÉTISME est bloquée sur sa largeur.
Or, ce qui est encore moins plaisant, c'est lorsque, sachant qu'il y a régulièrement des cours de golf qui bloquent la piste d'ATHLÉTISME, nous prenons la peine d'appeler avant de nous déplacer et, devant la négative, nous nous rendons au PEPS pour finalement constater qu'il y a... des cours de golf. Pour le SAS, la piste serait disponible, bien qu'elle ne le soit pas en réalité. Que voulez-vous, quelqu'un qui ne court pas voit parfois les choses différemment... Et là, je ne parle pas de toutes les autres activités qui se tiennent d'année en année dans le stade couvert du PEPS, activités qui privent les coureurs de services pour lesquels ils se sont pourtant abonnés. Services payés à l'avance, bien sûr.
Chers dirigeants du SAS, lorsque vous faites vos publicités à la télévision pour attirer diverses clientèles (dont des coureurs) à s'inscrire à diverses activités (dont la course à pied), est-ce que vous montrez une piste d'ATHLÉTISME envahie par des golfeurs, une piste où les coureurs doivent continuellement faire demi-tour? Et est-ce que vous montrez une piste d'ATHLÉTISME où les coureurs doivent éviter des joueurs de soccer et des joueurs de tennis qui traversent cette dite piste sans regarder pour aller jouer dans sa partie centrale? Non?
À ce compte-là, auriez-vous l'obligeance de porter un peu plus d'attention aux coureurs qui se sont inscrits chez-vous en croyant avoir droit à une piste d'ATHLÉTISME et non à une PISTE D'ATHLÉTISME OCCASIONNELLE QUAND IL N'Y A RIEN D'AUTRE. Les coureurs sont peut-être peu nombreux (ce qui doit sûrement faciliter votre argumentation) mais ils méritent sûrement un peu plus de considération de votre part. Et si cela est devenu impossible pour le $A$. de leur fournir une piste d'ATHLÉTISME pendant les heures d'ouverture du PEPS, ayez au moins la décence de les aviser. Comme moi, ils y penseront peut-être deux fois avant de se réabonner chez-vous, comme coureur.