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18 novembre 1999 ![]() |
Maigrir, grossir, maigrir, grossir, encore et encore, voilà le lot de bien des personnes qui souffrent d'embonpoint. Les chercheurs du Laboratoire des sciences de l'activité physique (LABSAP) ont cependant une bonne nouvelle pour les personnes aux prises avec ce déprimant yo-yo pondéral: il est possible de perdre du poids et de ne pas le regagner tout en mangeant à sa faim. La recette: un peu d'activité physique et un régime alimentaire qui autorise peu de gras mais des hydrates de carbone à volonté. Oui, vous avez bien lu, hydrates de carbone à volonté. "C'est préférable aux régimes où il faut compter ses calories parce que les gens se tannent et abandonnent, constate Éric Doucet du LABSAP. La preuve est que 95 % des gens qui perdent du poids suite à un régime alimentaire le reprennent dans les cinq années qui suivent."
L'inefficacité des régimes qui restreignent les calories tient au fait que, suite à une baisse rapide de poids, le corps se comporte comme s'il se protégeait contre un éventuel déficit énergétique en favorisant l'accumulation de graisses, explique le chercheur. Le métabolisme baisse et l'appétit augmente. Comme l'organisme brûle moins de calories qu'auparavant, il est très difficile de ne pas regagner les kilos perdus."
Dans un récent numéro de la revue scientifique Obesity Research, Éric Doucet et ses collègues Pascal Imbeault, Natalie Aléméra et Angelo Tremblay démontrent l'efficacité d'un programme combinant activité physique modérée et régime faible en gras et riche en sucres. Les chercheurs ont testé ce programme chez un groupe de 20 personnes obèses. Pendant les 15 premières semaines de l'expérience, les sujets adoptaient un régime avec déficit énergétique quotidien de 700 calories, combiné à la prise d'un médicament amaigrissant ou d'un placebo. Le résultat de ce régime s'est rapidement fait sentir: les hommes ont perdu près de 11,9 kilos dont 10,6 en graisses, et les femmes 7,6 kilos dont 5,8 en graisses. Par contre, leur métabolisme au repos avait lui aussi chuté; chez les hommes, la diminution atteignait 304 kcal/jour et chez les femmes 148 kcal/jour.
Après cette première phase, les sujets ont été soumis, pendant 18 semaines, à un programme qui combinait l'exercice physique et un régime où les calories ingérées provenaient à 30% de matières grasses, à 17% de protéines et à 53% d'hydrates de carbone. Les activités physiques étaient choisies par chaque participant en fonction de ses goûts personnels. Il devait les pratiquer de trois à cinq fois par semaine, à intensité modérée (60 à 75% du VO2 max), à raison de 45 à 60 minutes chaque fois. Cette approche a non seulement permis de ne pas regagner le poids perdu, mais elle a engendré une perte supplémentaire de graisses de l'ordre de 3,3 kilos chez les hommes et de 2,2 kilos chez les femmes. "L'intensité des exercices effectués explique sans doute les différences observées entre hommes et femmes", notent les chercheurs.
Dans le passé, de nombreux spécialistes avaient exprimé des réserves quant aux résultats qu'on pouvait espérer des programmes de contrôle de poids axés sur la pratique de l'activité physique et la faible consommation de gras. "Soit que la prescription d'exercices était mal faite soit que les gens ne la respectaient pas, de sorte que le résultat était sous-optimal, croit Éric Doucet. Si tu t'entraînes pendant une heure mais qu'après tu consommes des aliments gras en abondance, tu surcompenses. La presciption d'exercice doit être individualisée et l'alimentation doit viser l'atteinte de la satiété avec des aliments moins riches en calories. Il faut donc miser sur les hydrates de carbone et les protéines puiqu'ils contiennent deux fois moins de calories que les graisses."