11 novembre 1999 |
L'atelier du peintre Claude A.Simard fait penser à
une cathédrale. Une ambiance quasi surnaturelle règne
en effet dans cette large pièce où pénètre
à grands flots la lumière du jour, à travers
des vitraux ouverts sur le ciel bleu clair de novembre. Un concerto
de Bach, sublime, célèbre ce vaisseau béni
des dieux, où l'art prend toute la place et déborde
jusqu'au jardin, véritable parvis de nature morte et vivante
à la fois. Sur les murs de ce sanctuaire caché aux
regards de la rue vibrent des toiles célébrant les
jardins, les plantes et les fleurs, sources d'inspiration du maître
des lieux.
Dans un coin de la pièce attendent des pinceaux et des tubes de couleurs. Reposant sur un chevalet, une toile enduite d'un jaune éclatant - la couleur de fond de tous les tableaux de l'artiste - illumine l'espace, tel un soleil en puissance. En s'approchant du foyer, on aperçoit, posé sur une petite table, un livre dont la couverture piquée de fleurs éblouissantes rappelle en miniature les natures épanouies exposées sur les murs. Intitulé simplement Claude A. Simard; Jardins, passions, ce volume représente en quelque sorte l'oeuvre la plus récente de l'artiste.
"Je ne suis jamais complètement satisfait d'un tableau, comme je ne suis jamais satisfait de mes jardins, explique avec modestie et humour ce professeur à la Faculté d'architecture, d'aménagement et des arts visuels depuis 1975. Mais il y a quand même des petites satisfactions, et la réalisation de ce livre en est une." D'une centaine de pages, l'ouvrage présente des reproductions de toiles effectuées au cours des dix dernières années, ainsi que des photos de l'artiste en pleine création dans l'atelier qui jouxte le jardin de sa résidence, à Sainte-Foy. À côté de ces morceaux choisis au rythme des quatre saisons figurent de courtes réflexions de l'auteur sur les deux passions de sa vie: la peinture et le jardinage.
Créer pour demain
"Créer un jardin, c'est la liberté extrême,
raconte Claude A. Simard. Pour quelqu'un qui recherche la beauté,
la création d'un jardin offre d'immenses possibilités.
En fait, le plus intéressant dans la construction d'un
jardin, c'est qu'il n'est jamais fini." Établissant
un parallèle constant entre l'activité de peindre
et celle de jardiner, l'artiste estime que les qualités
inhérentes au peintre et au jardinier se ressemblent infiniment,
l'un et l'autre devant faire preuve de créativité,
d'audace et de patience dans leur pratique, le jardin comme la
toile ne "poussant" pas en un jour.
"L'être humain veut toujours tout avoir, tout de suite. Quand on fait un jardin, il faut constamment garder à l'esprit qu'on ne crée pas pour aujourd'hui mais pour demain, et de façon plus large, pour tous ceux et celles qui viendront après nous, quand nous ne serons plus là." Entre les jardins lumineusement inspirés que Claude A.Simard peint sur la toile et celui - âgé de 25 ans - qui se trouve derrière sa maison, il n'existe aucune démarcation, tous les deux représentant "un immense canevas en évolution": "Je suis d'abord un peintre et ensuite un jardinier. Certains jours, c'est le contraire!"
Bien sûr, la passion du peintre pour la nature ne s'arrête pas au pas de sa porte. À travers le monde, d'autres champs de couleurs et d'autres jardins d'Éden ont trouvé grâce à ses yeux, que ce soit en Toscane, en Provence ou aux Pays-Bas. Mais son jardin secret, celui qu'il préfère, l'artiste le porte en lui, telle une fleur cachée qui aurait pourtant besoin du regard des hommes et des femmes pour exister pleinement: "Tout ce qui compte dans un jardin, c'est l'âme du jardinier."
Claude A. Simard: Jardins, passions, 112 p. 39,95 $. Disponible aux endroits suivants: à Québec, à la Librairie Zone (pavillon Alphonse-Desjardins) et à la Galerie Diane Lefrancois. À Montréal, à la Galerie Klinkhoff.