11 novembre 1999 |
OÙ ETAIENT DONC LES FEMMES?
L'Association des femmes de carrière du Québec
métropolitain pilote présentement un projet intitulé
"La femme en politique municipale pour un meilleur équilibre".
L'objectif premier de ce projet est de provoquer un changement
dans les mentalités dans la grande région de Québec,
en insistant sur l'importance de la participation des femmes en
politique municipale.
Le 23 octobre dernier, nous franchissions une étape déterminante de ce projet en tenant une activité au Musée de la civilisation. Il s'agissait d'une table ronde qui réunissait Winnie Frohn, ex-conseillère municipale à la Ville de Québec et professeure au Département d'études urbaines à l'Université du Québec à Montréal, Diane Lamoureux, politicologue et professeure au Département de science politique à l'Université Laval, Lise Drouin-Paquette, conseillère municipale à la Ville de Sherbrooke et cofondatrice en 1993 du Comité femmes et politique dans la région de Sherbrooke, ainsi que Diane Lavallée, présidente du Conseil du statut de la femme. Le grand public et, plus spécifiquement, les femmes, étaient conviés à cet événement et ce, tout à fait gratuitement.
L'auditorium 1 du Musée de la civilisation peut accueillir quelque 200 personnes. Ironie du sort et triste constat: à peine 30 femmes se sont présentées. Et je ne pointe pas ici du doigt les femmes qui ne s'intéressent pas à la politique municipale oui qui ne se sentent tout simplement pas concernées par le sujet. Mais où étaient donc toutes celles qui revendiquent haut et fort la parité sur les instances décisionnelles? Où étaient donc toutes celles qui dénoncent la faible représentation des femmes sur les conseils municipaux et clament qu'il faut changer les choses?
Au Québec, selon des données recueillies par le ministère des Affaires municipales et de la Métropole auprès des 1 353 municipalités, on compte actuellement 10,1 % de mairesses et 22,4 % de conseillères municipales. Dans la seule région de Québec, nous comptons seulement six mairesses sur une possibilité de 78 et 114 conseillères sur une possibilité de 496.
Nous le savons toutes, nous en avons pleinement conscience, ce qui freine souvent nos élans, nous les femmes, sont des contraintes d'ordre multiples. D'abord, des contraintes économiques, par exemple le statut monoparental d'un grand nombre de femmes ainsi que la pauvreté chez les femmes, ensuite des contraintes d'ordre systémique, par exemple d'absence des femmes des réseaux de pouvoir, la réticence de certains milieux à l 'égard des femmes, le manque de mesures dans les organisations favorisant la conciliation travail / famille, des contraintes d'ordre culturel, par exemple la discrimination et l'éducation différenciée et, enfin, des contraintes d'ordre social, c'est-à-dire familiales, le manque de disponibilité à cause de la famille, la primauté de la maternité et l'intérêt mitigé pour la vie publique souvent par crainte du pouvoir. À l'aube de l'an 2000, il faut dépasser la simple identification de ces obstacles. Le 23 octobre, quatre femmes réunies autour d'une table ronde ont proposé aux quelques femmes présentes des stratégies et de solutions concrètes. Dommage que si peu de femmes en aient profité.
À LA MÉMOIRE DE GUY PLASTRE
Le vendredi 30 avril dernier disparaissait, à l'âge
de 72 ans, Guy Plastre, qui avait été professeur
au Département des langues vivantes et de linguistique
de 1962 à 1974. Outre ses activités d'enseignement
de la didactique des langues et de recherche au sein du Centre
international de recherche sur le bilinguisme, il avait alors
occupé plusieurs fonctions administratives, dirigeant notamment
le service des laboratoires de langues, les cours d'été
et les études de langue seconde. Avant de venir à
l'Université Laval en 1962, il avait oeuvré dans
la région de Montréal et au Collège royal
militaire de Kingston, où il avait mis sur pied l'un des
tout premiers laboratoires de langues au pays. En 1974, il était
passé à la fonction publique du gouvernement canadien,
pour y poursuivre une riche carrière consacrée à
la promotion du français et aux relations interculturelles
au sein de l'administration fédérale. À sa
retraite, en 1990, il était conseiller spécial à
la Direction des langues officielles de la Commission de la fonction
publique du Canada. La liste des gouvernements et des sociétés
qui ont eu recours à son expertise en matière d'aménagements
linguistiques traduit bien à elle seule la stature internationale
de cet universitaire exemplaire. Il a laissé sa marque
dans plusieurs sociétés savantes, tant au pays qu'à
l'étranger, de même que dans les organismes socioculturels
et religieux auxquels il s'est dévoué.
L'impressionnante notice nécrologique parue dans Le Soleil
nous a permis de mesurer l'ampleur de la carrière de Guy
Plastre. Mais je garde surtout de lui le souvenir de son enseignement
au Collège Saint-Viateur d'Outremont, au milieu des années
1950, enseignement où il se montrait déjà
un pédagogue remarquable qui savait transmettre à
ses étudiants sa passion pour les langues en général,
et pour le français en particulier. Auteur d'une fécondité
étonnante, il étayait sans cesse ses cours de documents
dont chaque ligne manifestait un admirable souci de clarté
et d'efficacité pédagogique. L'encre de ces pages
polycopiées est certes bien ternie aujourd'hui, mais la
justesse de leur contenu n'a pas vieilli! Elles m'ont appris l'amour
de l'expression juste et de l'élégance du style,
en même temps qu'elles me transmettaient une passion soutenue
pour l'étude des langues. Je pense traduire les sentiments
de ceux qui ont eu le privilège d'étudier sous sa
tutelle, et ils sont certainement très nombreux, en saluant
en Guy Plastre un véritable modèle d'intellectuel,
d'universitaire et d'homme de foi.